mardi 30 juillet 2024

Avenue Country par Jacques Dufour

 

Lorrie MORGAN 

"Dead Girl Walking" 

Je suis particulièrement déçu par ce nouvel album de Lorrie Morgan, attendu depuis plusieurs années: neuf ballades ou slow précédés d’une country/pop en ouverture. Le seul titre vraiment country et avec pedal steel guitare est le slow What Will I Do composé par Mickey Newbury. Le reste est du domaine de la variété avec une reprise du classique soul de Sam Cooke, You Send Me, hors-sujet. On peut se poser la question: pourquoi les ex-stars des années 90 mettent si longtemps pour nous concocter des albums bien en-dessous du niveau de ce qu’elles faisaient avant? Pour ce qui est de Lorrie Morgan on ne peut que souhaiter une nouvelle association avec Pam Tillis pour un futur album qui soit cette fois du domaine de la country. 

 

NICOLETTE & The NOBODIES

"The Long Way" 

Origine atypique pour cette chanteuse puisqu’elle est la fille de Vietnamiens immigrés au Canada, en Ontario, après la guerre qui a ravagé le pays. Sur le continent américain Nicolette Huang a découvert Hank Williams, Loretta Lynn, Glen Campbell et George Jones. Mais c’est un aspect nettement plus rock de ses influences qu’elle nous dévoile avec ce premier album paru sous le nom de Nicolette et les Nobodies. Aucune trace de Loretta Lynn ou de Hank Williams dans les huit titres que nous offre la chanteuse. Le rapport avec la country music est même assez lointain. Deux titres seulement peuvent être rangés dans cette catégorie. Je retiendrai aussi deux slows et deux rock qui peuvent mériter le qualificatif de "and roll". 

 

The MAVERICKS 

"Moon & Stars" 

La pochette du tout nouvel album des Mavericks n’est guère alléchante mais on l’oublie pour se laisser séduire par le vocal si particulier et enjôleur de Raoul Malo. Quels que soient les tempos la musique des Mavericks offre toujours ce parfum d’exotisme ancré dans les origines latino du groupe. Le terme americana nous arrange bien pour qualifier la musique inclassable de ce quartet que l’on n’écouterait probablement pas s’il n’y avait son leader emblématique. Quelques titres se rapprochent un peu du mémorable All You Ever Do Is Bring Me Down mais le reste est un peu routine. Les amateurs de cuivres et trompettes ne seront pas déçus. 

 

Emily NENNI

"Drive & Cry" 

Cette nouvelle venue ô combien séduisante (oui, j’ai un petit faible!) vient de sortir deux albums en très peu de temps. Elle est originaire de la baie de San Francisco. Son vocal acidulé de petite fille (vous vous rappelez la France Gall des années 60?) est selon celui ou celle qui l’écoute soit énervant, soit accrocheur et émoustillant. L’éventail de rythmes est assez large passant de la ballade aux tempos rapides avec le soutien majoritaire du piano et de la pedal steel guitare. Pour moi le ramage correspond au plumage. 

 


 

 

RI WOLF

"Randall County Reverb" 

Ce chanteur nous propose neuf titres originaux, tous signés par un certain Darren Flowers (son patronyme véritable). Ses chansons auraient très bien convenu au regretté Don Williams. En effet il nous est offert ici de la country paisible, acoustique, parfois un peu monotone, mais soutenue par le violon et la pedal steel guitare. Certes il ne fera pas taper les bottes dans un honky tonk enfumé mais pour une soirée entre amis dans un bar cosy, pourquoi pas? 

 

Cody JINKS

"Change The Game" 

Cody Jinks est un artiste majeur de la scène texane avec une demi-douzaine d’albums à son actif. Il possède une voix puissante qui convient très bien aux nombreuses ballades que contient ce nouvel album. Les titres aux tempos plus relevés illustrent le sous-style texan du red dirt qui est une sorte de country proche du rock. C’est parfait pour chauffer l’ambiance en fin de semaine au honky tonk local. 

 


 

 

WESTERN EDITION

"Honky Tonk World" 

Western Edition est une formation country classique dont le vocal est assuré par une chanteuse dont la voix bien que correcte, n’a rien d’exceptionnel. Les douze titres, tous des originaux, présentent des tempos moyens, c’est-à-dire sans ballades ni morceaux rapides. L’atout majeur de cet orchestre de sept musiciens de l’Oregon est l’utilisation sans retenue du violon et de la pedal steel guitare. Sans nul doute voici un bon groupe pour animer une soirée sympa dans un honky tonk de l’ouest. 

 

Jay GAVIN

"Road Ready" 

Une découverte intéressante que celle de cet auteur/compositeur Canadien débarqué de l’île du Prince Edward. Il a grandi dans un petit village de pêcheurs, ceci dit pour l’anecdote. Son vocal est joyeusement enrayé et attachant et sa musique est loin d’être monotone avec des rythmes variés évoquant tantôt Johnny Cash et tantôt le conteur Tom Russell. Selon les titres Jay Gavin fait appel au violon, au dobro, à la steel guitare et à l’accordéon. Pas de rejet parmi les dix titres. 

 


 

 

Stella PRINCE

"Dear Future Me" 

Dans la musique country on ne compte plus les chanteuses ayant démarré leur carrière en étant encore adolescentes. Les plus célèbres d’entre elles se nomment Tanya Tucker et LeAnn Rimes. Elles furent bien sûr précédées par Brenda Lee, mais celle-ci était une chanteuse de rock à l’époque. Si des jeunes lisent cette rubrique (?!) j’irai jusqu’à citer Taylor Swift qui a commencé par la country à l’âge de seize ans. La rédaction du Cri me fait connaître la dernière en date de ces demoiselles, Stella Prince. Originaire de New York elle s’est déjà installée à Nashville à l’âge de dix-sept ans. Elle nous offre un premier EP de cinq titres qui baigne dans la douceur. Sa voix est pure, douce et bien en place. Certains critiques la comparent à Joni Mitchell. Mais si Stella Prince était plutôt la nouvelle Nancy Griffith? A noter une reprise surprenante, celle du Blue Moon popularisée par Elvis en… 1956. Une chanson qui à ma connaissance n’a jamais séduit les stars de la country. Elle s’en sort fort bien. Je souhaite le meilleur pour cette jeune artiste de l’americana. 

 

MOMMA MOLASSES 

"Take Me To The Country" 

Si Momma Molasses pratiquait la boxe elle figurerait dans la catégorie des poids lourds. En effet la demoiselle présente un embonpoint plutôt rare dans un univers qui privilégie les silhouettes affinées. Il y eut pourtant des précédents: rappelez-vous de Mama Cass, sans oublier Big Mama Thornton. Mais ce qui nous intéresse en premier lieu c’est sa musique et non son tour de taille. En dépit du stetson arboré sur la photo de pochette et du titre de l’album, le style de Momma Molasses se rapproche davantage du folk avec quelques nuances bluesy. La musique est acoustique avec fiddle et guitare. Toutes les compositions sont signées Ellen Elizabeth Patrick qui est son patronyme. Avec un seul titre rapide sur onze je trouve l’ensemble un peu… mollasson (pardon!). 

 

LOST DOG STREET BAND

"Survived"

Le groupe de la rue du chien perdu (?) se situe aux confins de la country acoustique, du folk et du bluegrass. Il s’agit d’une formation acoustique dont l’instrument dominant est le violon. Le dobro arrive en second. S’y rajoute un zeste de banjo et de mandoline. Les rythmes sont assez variés sans atteindre le très rapide fréquent dans le bluegrass, et sans aborder l’instrumental (fréquent dans le bluegrass, bis). Le vocal est masculin et il appartient à l’auteur de tous les morceaux.. Donc pas de reprises, pourtant fréquentes dans le bluegrass (je me répète?). Les infos fournies nous indiquent que le violon est joué par l’épouse du chanteur (ça c’est rare dans le bluegrass…). 

 

Hannah WHITE

"Sweet Revolution" 

La voix est douce et agréable mais le style musical de la demoiselle n’a rien à voir avec la musique country. Donc cet album qui évolue dans une pop nonchalante et même éloignée de l’americana ne saurait être commenté dans cette rubrique. 

 

dimanche 14 juillet 2024

Bluegrass & Co, par Dominique Fosse

 

EAST NASH GRASS

"Last Chance To Win" 

Last Chance To Win est le deuxième album de East Nash Grass, une formation créée en 2017 et qui sera présente sur la scène de Bluegrass In La Roche début août. Individuellement, les musiciens du groupe ont de sérieuses références. Gaven Largent est le dobroïste qui a remplacé Rob Ickes dans Blue Highway. Le mandoliniste Harry Clark est présent sur de nombreux disques et il a été membre de Volume Five et The Wooks. Avec la violoniste Maddie Denton, Clark et Largent ont récemment également fait partie du groupe de Dan Tyminski. Le banjoïste Cory Walker a joué avec, entre autres, The Dillards et Tim O’Brien. Jeff Picker accompagne Ricky Skaggs depuis plusieurs années et il a sorti un album sous son nom en 2020 (Le Cri du Coyote 169), ce qui est plutôt rare pour un contrebassiste. Le guitariste James Kee est le moins connu des membres de East Nash Grass (il a été mandoliniste du groupe Newtown il y a une douzaine d’années). Le talent de ces musiciens s’exprime pleinement dans Jenna McGaugh, composition instrumentale de Maddie Denton, et How Could I Love Her So Much, reprise d’un des derniers succès du chanteur country Johnny Rodriguez dans les années 80. La rythmique est originale, très légèrement chaloupée et l’arrangement plutôt moderne va bien à la voix douce de James Kee. Il est moins à son avantage sur trois autres titres, des bluegrass trop classiques pour sa voix. Harry Clark interprète deux titres trop standard pour être intéressants mais donne une bonne version swing de Papa’s On The Housetop, un classique de près de cent ans d’âge dans lequel il délivre un solo typique du style de Bill Monroe. Malgré un arrangement dynamique, je n’ai pas aimé l’interprétation de When You Come Home par Maddie Denton. Dans ce groupe où aucun chanteur ne s’impose vraiment, c’est Gaven Largent qui s’en sort le mieux sur un blues (East Due West Blues) et une reprise punchy de Railroadin’ And Gamblin de Uncle Dave Macon. Dommage que Last Chance To Win ne contienne qu’un instrumental car le talent des musiciens est vraiment le principal atout du groupe et East Nash Grass aurait également intérêt à privilégier un répertoire plus moderne pour mieux mettre en valeur la voix de James Kee


 

 

"Highlander" 
Sur la pochette du CD de Missy Raines figurent, en grand, son nom et le titre de l’album, et en petit, en bas de la pochette, le nom de son groupe (Allegheny) et de ses quatre musiciens. C’est bien le moins qu’elle pouvait faire. Il aurait été logique qu’elle sorte l’album sous le nom de Missy Raines & Allegheny tant l’apport de Ellie Hakanson (fiddle), Tristan Scroggins (mandoline), Eli Gilbert (banjo) et Ben Garnett (guitare) est énorme. Ils accompagnent avec talent Missy et sa contrebasse sur tous les titres. Et si Missy Raines chante tour à tour avec Kathy Mattea, Dudley Connell, Laurie Lewis et Danny Paisley, c’est son duo avec Ellie Hakanson dans Listen To The Lonesome Wind qui retient avant tout l’attention. Pas d’invité sur cette chanson de Gary Ferguson, pas plus que sur Fast Moving Train, un titre qui porte bien son nom, un bluegrass sur les chapeaux de roues qui pourrait bien concourir au titre de chanson de l’année, ou sur Looking To You, une chanson écrite par Missy, superbement jouée par les cinq musiciens dans un arrangement moderne. Le quatrième titre vraiment remarquable de Highlander, Are You Ready To Say Goodbye, est une autre composition de Missy qui bénéficie d’un duo de banjos (Eli Gilbert et Alison Brown qui produit d’ailleurs l’album) mais aussi d’excellents solos de Scroggins et Hakanson (ils semblent inséparables depuis qu’on les a découverts ensemble avec Jeff Scroggins & Colorado). Il y a encore un bon duo vocal avec Ellie dans Cryin’ And Singin’, une composition légèrement blues signée par Shad Cobb (comme Fast Moving Train). Les quatre chansons en duo avec des chanteurs invités n’ont rien de remarquable. Missy Raines n’est pas une chanteuse extraordinaire. Elle se contentait de jouer de la contrebasse avec Cloud Valley puis avec Eddie Adcock et Claire Lynch. Elle laissait le chant à d’autres dans son premier album solo (My Place In The Sun en 1998). Elle ne s’y est vraiment mise que quand elle a tourné en duo avec Jim Hurst. Elle a un timbre agréable et immédiatement reconnaissable mais aucune magie ne ressort de ses duos avec Dudley Connell (la valse rapide Ghost of Love), Laurie Lewis (la ballade I Would Be A Blackbird), Kathy Mattea (Who Needs A Mine signé Missy) et encore moins Dan Paisley, un chanteur dont je n’ai jamais compris le succès (These Old Blues de Loretta Lynn). Petite déception du côté du seul instrumental de l’album, Panhandle County de Bill Monroe. Missy Raines convie des invités prestigieux (Rob Ickes, Brownyn Keith-Hynes), c’est bien joué mais ça reste très classique et sans surprise. Avec le talent que déploient ses musiciens sur la plupart des chansons, on attendait plus d’originalité. 
 
"No Fear" 
 
Cri du 💚   
 
Formé en 2013, Sister Sadie a pu être considéré comme un super-groupe au féminin avec deux chanteuses de premier plan, Dale Ann Bradley (élue 5 fois chanteuse de l’année par IBMA) et Tina Adair qui est également une très bonne mandoliniste. La banjoïste Gena Britt a été membre de New Vintage, Lou Reid & Carolina et Grasstowne. Elle est la troisième chanteuse de Sister Sadie. De son côté, la violoniste Deanie Richardson s’est fait une solide réputation comme accompagnatrice de vedettes country (Vince Gill, Patty Loveless et Travis Tritt). La contrebassiste Beth Lawrence complétait la formation. Les départs successifs de Dale Ann Bradley et Tina Adair ont fait craindre la fin de Sister Sadie mais l’arrivée de Jaelee Roberts, auteure d’un excellent premier album (cf. juillet 2022) a suscité l’espoir d’une suite réussie. Le groupe a en fait été profondément remanié puisque ne demeurent que Gena Britt et Deanie Richardson de la formation originale. Dani Flowers est la deuxième chanteuse du groupe. Hasee Ciaccio puis Maddie Dalton ont succédé à Beth Lawrence. Elles sont toutes deux présentes dans No Fear. Après un intermède de Mary Meyer, il n’y a plus de mandoliniste dans le groupe, Roberts et Flowers jouant toutes deux de la guitare. Pas étonnant donc que la musique de Sister Sadie ait elle aussi beaucoup évolué. Les deux nouvelles chanteuses n’ont ni la douceur de Dale Ann Bradley, ni l’agressivité et le blues de Tina Adair. Le groupe a choisi des arrangements plus modernes qui leur conviennent très bien, presque tous soulignés par une batterie ou des percussions. Il y a même un arrangement country avec piano et pedal steel (Lie To Me). Si j’ai préféré No Fear aux deux précédents albums de Sister Sadie (Le Cri du Coyote 150 et 159), c’est surtout parce que le répertoire est bien meilleur. Deux titres ressortent. Le premier est Blue As My Broken Heart, une composition de Dani Flowers qu’elle chante très bien, à l’arrangement fourni, moderne qui doit beaucoup au motif de violon de Deanie Richardson. Le second est Diane, titre rapide mené par le banjo, chanté par Jaelee Roberts avec une très efficace rythmique de mandoline (Tristan Scroggins). Il y a un bon refrain avec des chœurs façon gospel sur Well chanté par Gena Britt (une compo de Becky Buller et Craig Market). Elle interprète également Baby You’re Gone, un titre rapide où tous les musiciens sont brillants, et Ode To The Ozarks, un blues qui va bien à sa voix. Elle a écrit l’unique instrumental de l’album, Pad Thai Karaoke (un titre qui sort de l’ordinaire pour un instrumental bluegrass mais on a épuisé la liste des possibilités avec Mountain, Breakdown, Valley, Blue et Foggy). Deux autres bonnes chansons sont interprétées par Jaelee Roberts, Willow (moderne, avec un bon trio vocal au refrain) et If We Ain’t Drinking Then We’re Fighting, un drôle de titre pour un groupe féminin et pourtant composé par deux femmes (Tina Adair et Sharon Richardson). Si on connaissait les qualités vocales de Jaelee Roberts depuis la sortie de son album, on découvre la jolie voix de Dani Flowers, aussi à l’aise sur la ballade lente Free que dans un titre plus rapide aux accents country comme Cannonball, et la douceur du timbre de Maddie Dalton dans Mississipi River Long. Ça fait trente ans qu’on sait que les femmes sont l’avenir du bluegrass. Sister Sadie en est la preuve par cinq. 
 

 
 
 
 

mercredi 10 juillet 2024

Disqu'Airs, par Éric Allart

 

SWEET JOE PYE

Rise Early 

Structuré autour de la chanteuse Annick Odom, le trio Old time Sweet Joe Pye tient son nom d’une fleur native de Virginie Occidentale, tout comme cette dernière. Après d’être rencontré aux Pays Bas à la Hague, le groupe s’est fait remarquer entre autres au festival Bluegrass de Rotterdam, et au festival Herbe Bleue en Anjou. Les trois titres de l’album ont été enregistrés en une journée avec un sens aigu de la personnalisation de l’idiome Old-Time. Le fiddle d’Annick offre des arrangements très subtils où on peut percevoir des échos de musiques savantes, en particulier du jazz et de la musique de chambre, qui enrichissent le contre-champ sans jamais basculer dans une forme trop bavarde ou se perdre dans l’expérimentation. A certains moments, cet Old-time semble même n’avoir pas totalement traversé l’Atlantique. Au centre du projet la voix d‘Annick exprime une grande sensibilité avec des touches de maniérisme, comme un instrument à part entière doté d’une forte personnalité. Elle s’exprime en anglais et en néerlandais. Henri Colombat assure la rythmique à la guitare et à la mandoline, Lucas Henri le banjo clawhammer, la guitare et la contrebasse. Les chansons prennent le temps de respirer, de poser leur tempo en douceur, des ballades originales qui racontent des faits divers, avec une expression où le sentiment et la proximité priment. 


 

 

Trois pépites sur Bandcamp.

Trois rééditions de raretés vont combler les amateurs de honkytonk les plus exigeants. Trois seconds couteaux qui enregistrèrent au début des années 70 alors que Nashville basculait massivement dans la pop pré-disco à la recherche de nouveaux segments de consommateurs. A des années lumières du sous ABBA du type Dave & Sugar, indifférents au mouvement Outlaw naissant, quelques individus continuent de signer ou de reprendre des titres enracinés dans les canons d’un classicisme forcené. Si le succès ne fut pas au rendez-vous, leur œuvre mérite largement le détour. La production se situe entre les œuvres contemporaines de Johnny Paycheck, Johnny Dollar, Faron Young ou Moe Bandy

 

Pat PATTERSON

Most Requested Country Songs

Pat Patterson, militaire de carrière basé en Allemagne, doté d’un physique assez ingrat, se révèle un grand vocaliste haut perché, dans la veine d’un Bobby Austin ou d’un Wynn Stewart. Le gars s’était offert en mars 1969 la crème des sidemen nashvilliens avec, excusez du peu, Lloyd Green à la pedal steel. Les orchestrations sont somptueuses et le niveau global n’a rien à envier aux meilleures têtes d’affiche. 

 


Roger WILHOIT

The 'Social World' Of Rodger Wilhoit

Rodger Wilhoit ne propose que des compositions personnelles, toutes susceptibles de par leur écriture et leur évidence narrative de devenir des hits pour 1974. Y abondent les thèmes attendus de la déglingue, de la trahison et de la vengeance. La production est un cran en dessous de celle de Pat Patterson, un peu plus rugueuse et locale, ce qui loin d’être un défaut, accentue l’impression d’honnêteté essentielle de l’œuvre. Le shuffle nappé de pedal steel et de fiddle est très addictif. L’album vinyl préfacé par Colin Escott en 2020 est épuisé, mais le téléchargement reste possible. 

 


Richard GIBBS

No Use To Grieve

Richard Gibbs est un gars qui s’est trompé d’époque. Le vocal semble sorti des années 50, avec cette fragilité et cet accent rustique qui ne pouvait plus fonctionner dans les années 70. Si l’ensemble est moins brillant que chez Rodger Wilhoit ou Pat Patterson, l’artiste reste attachant dans le sens où son hillbilly est livré sans artifice ni posture.