mercredi 10 juillet 2024

Disqu'Airs, par Éric Allart

 

SWEET JOE PYE

Rise Early 

Structuré autour de la chanteuse Annick Odom, le trio Old time Sweet Joe Pye tient son nom d’une fleur native de Virginie Occidentale, tout comme cette dernière. Après d’être rencontré aux Pays Bas à la Hague, le groupe s’est fait remarquer entre autres au festival Bluegrass de Rotterdam, et au festival Herbe Bleue en Anjou. Les trois titres de l’album ont été enregistrés en une journée avec un sens aigu de la personnalisation de l’idiome Old-Time. Le fiddle d’Annick offre des arrangements très subtils où on peut percevoir des échos de musiques savantes, en particulier du jazz et de la musique de chambre, qui enrichissent le contre-champ sans jamais basculer dans une forme trop bavarde ou se perdre dans l’expérimentation. A certains moments, cet Old-time semble même n’avoir pas totalement traversé l’Atlantique. Au centre du projet la voix d‘Annick exprime une grande sensibilité avec des touches de maniérisme, comme un instrument à part entière doté d’une forte personnalité. Elle s’exprime en anglais et en néerlandais. Henri Colombat assure la rythmique à la guitare et à la mandoline, Lucas Henri le banjo clawhammer, la guitare et la contrebasse. Les chansons prennent le temps de respirer, de poser leur tempo en douceur, des ballades originales qui racontent des faits divers, avec une expression où le sentiment et la proximité priment. 


 

 

Trois pépites sur Bandcamp.

Trois rééditions de raretés vont combler les amateurs de honkytonk les plus exigeants. Trois seconds couteaux qui enregistrèrent au début des années 70 alors que Nashville basculait massivement dans la pop pré-disco à la recherche de nouveaux segments de consommateurs. A des années lumières du sous ABBA du type Dave & Sugar, indifférents au mouvement Outlaw naissant, quelques individus continuent de signer ou de reprendre des titres enracinés dans les canons d’un classicisme forcené. Si le succès ne fut pas au rendez-vous, leur œuvre mérite largement le détour. La production se situe entre les œuvres contemporaines de Johnny Paycheck, Johnny Dollar, Faron Young ou Moe Bandy

 

Pat PATTERSON

Most Requested Country Songs

Pat Patterson, militaire de carrière basé en Allemagne, doté d’un physique assez ingrat, se révèle un grand vocaliste haut perché, dans la veine d’un Bobby Austin ou d’un Wynn Stewart. Le gars s’était offert en mars 1969 la crème des sidemen nashvilliens avec, excusez du peu, Lloyd Green à la pedal steel. Les orchestrations sont somptueuses et le niveau global n’a rien à envier aux meilleures têtes d’affiche. 

 


Roger WILHOIT

The 'Social World' Of Rodger Wilhoit

Rodger Wilhoit ne propose que des compositions personnelles, toutes susceptibles de par leur écriture et leur évidence narrative de devenir des hits pour 1974. Y abondent les thèmes attendus de la déglingue, de la trahison et de la vengeance. La production est un cran en dessous de celle de Pat Patterson, un peu plus rugueuse et locale, ce qui loin d’être un défaut, accentue l’impression d’honnêteté essentielle de l’œuvre. Le shuffle nappé de pedal steel et de fiddle est très addictif. L’album vinyl préfacé par Colin Escott en 2020 est épuisé, mais le téléchargement reste possible. 

 


Richard GIBBS

No Use To Grieve

Richard Gibbs est un gars qui s’est trompé d’époque. Le vocal semble sorti des années 50, avec cette fragilité et cet accent rustique qui ne pouvait plus fonctionner dans les années 70. Si l’ensemble est moins brillant que chez Rodger Wilhoit ou Pat Patterson, l’artiste reste attachant dans le sens où son hillbilly est livré sans artifice ni posture. 

 


 

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