"Palomino"
Cela va bientôt faire vingt ans (2003) que Miranda Lambert se classait troisième du concours Nashville Star derrière Buddy Jewell et John Arthur Martinez. Et vingt ans après, comme l‘aurait écrit Alexandre Dumas, la triplette enregistre toujours, ce qui est remarquable quand on sait que bon nombre des vainqueurs suivants ont sombré dans l’oubli. Miranda Lambert fait partie de ces (trop) peu nombreux artistes à se positionner légèrement en marge de la country-pop. Certes, toutes ses chansons ne conviendront pas à tout le monde, mais chacun y trouvera, en principe, matière à se sustenter. Et puis son vocal est des plus agréables. Seulement le vocal ne fait pas tout. Et sur cet ouvrage trop de chansons se situent au-delà du territoire de la country. On ne s’attendait quand même pas à du honky-tonk ou a du western swing (encore que) mais un fiddle ou une pedal steel guitare par ci par là auraient été les bienvenus. Un EP d’une demi-douzaine de titres aurait été suffisant à la place de cet album de quinze chansons qui pour la plupart ne sont guère attachantes.
"Rhythm Racket & Romance"
Le premier titre est une country rapide avec pedal steel et dobro. Hélas il ne sera suivi d’aucun autre dans le même style. Pour le reste imaginez un vocal entre Dylan et Chris Stapleton dans un registre folk/rock. L’accompagnement est assez riche avec une bonne guitare, acoustique ou électrique, du fiddle et sur le dernier titre plus traditionnel un banjo et une mandoline. Pour public averti donc.
"Reckless Dances"
Voici le premier album de cette jeune auteur-compositeur basée à Lyon. Un pied dans le folk et l’autre dans la country, elle nous offre douze compositions, parfois étranges, immergée dans son monde où l’on croise une sirène sans cœur, une barbe qui swingue, un saule, des lutins, une chouette et d’autres personnages. Ce qui démarque Karoline de la plupart des singer-songwriters au vocal relativement uniforme c’est sa manière de chanter tout à fait personnelle et originale, ce qui la rend immédiatement reconnaissable à la première écoute (si on la déjà vue en concert évidemment). Une autre originalité dans le monde des auteurs-compositeurs est le fait qu’elle laisse ses accompagnateurs briller par eux-mêmes au cours de solos de guitares acoustiques ou électriques ainsi que d’harmonica. Dans ce registre musical l’accompagnement est souvent sobre alors que Karoline introduit banjo, mandoline et fiddle dans sa musique. Allez la voir, elle se produit souvent dans et autour de Lyon.
Laura BENITEZ and The HEARTACHE
"California Centuries"
Voici une chanteuse qui n’a peut-être pas le velouté d’une Martina McBride ou d’une Lee Ann Womack mais qui a au moins le mérite de produire une musique authentique. Un son qui a déserté Nashville depuis longtemps. Il est plus proche des honky tonks d’Austin et se révèle comme héritier de la musique de Bakersfield popularisée par Buck Owens. Entre hillbilly, honky tonk et country traditionnelle voici Laura Benitez et son allure vintage. La pedal steel guitare brille sur tous les titres et le fiddle en option sur certains. Si vous séjournez dans la baie de San Francisco, surveillez les affiches de concerts…
"The Last Resort: Greeting From"
Cette excellente formation qui a enflammé le public de Gstaad en 2018 est encore à la recherche d’une hypothétique consécration à Nashville, tout comme Mo Piney d’ailleurs. Il faut dire que Midland pratique la country et non le pop/rock pseudo new-country. Deux albums viennent de sortir en quelques mois. Leaving The Highway est le plus récent. If I Lived Here est une chanson qui semble inspirée de par sa structure, l’allure montant crescendo, de la mythique formation Alabama dont le trio reprend un titre phare sur scène. C’est du reste ma chanson préférée sur cet album 12 titres avec Longneck Way To Go partagée avec John Pardi et qui est également une dynamique country song. Leurs deux essais en rock ne sont pas convainquant, étant davantage Deep Purple que country rock. Leurs ballades ont tendance à m’endormir mais il y en a peu et les autres chansons sont en mode relax à écouter avec un verre de tequila à la main.
"Ghost Stories"
Au visu de la photo de pochette j’ai pensé tout d’abord avoir affaire à la ré-édition d’enregistrements de l’époque de la Carter Family. Des bandes magnétiques datant des années 30 et retrouvées dans une grange des Appalaches. En fait les deux femmes figées sur la photo ne sont autres que deux charmantes sœurs bien contemporaines, Eleanor et Bonnie Whitmore. Bien qu’encore très jeunes elles ont des antécédents. Bonnie a déjà quatre albums solo à son actif de même que sa sœur aînée Eleanor qui a réalisé les siens avec son mari Chris sous le nom des Mastersons. Ce premier album sous la forme d’un duo est une réussite. Je qualifierai leur musique de country-folk avec cependant plusieurs chansons résolument country. Mais ce qui frappe avant tout l’auditeur c’est la qualité de leurs harmonies vocales. Elles rendent du reste hommage à un duo de légende en reprenant On The Wings Of A Nightingale que Paul McCartney avait composé pour les Everly Brothers. C’est parfois doux, parfois plus remuant, mais en aucun cas ennuyeux. J’espère que ce premier essai sera transformé.
"Sex, Drugs & Country Music"
Voici un album à ne pas laisser traîner n’importe où si des oreilles sensibles sont à proximité. La musique est excellente mais les textes sont à ranger dans la catégorie "olé, olé". Des exemples? Fucked A Country Boy, Pussy & Beer, Honky Tonk Whore… J’aurai la décence de ne pas traduire. Un album pareil est osé dans les deux sens du terme car son auteur sait pertinemment que les radios ne le passeront pas. En effet les stations country sont connues pour leur aspect plus que prude qui n’évolue guère du reste. Il y a quelques dizaines d’années était paru un album intitulé Country Porn. L’artiste était inconnu et on a pensé à l’époque qu’il pouvait s’agir d’un pseudonyme cachant une star de l’époque. Toujours est-il que c’est devenu une rareté que les collectionneurs recherchent (je peux vous en faire une copie à la demande…). Bref, quel est le public de Wheeler Walker, Jr.? Je l’ignore mais en concert on doit passer un bon moment car son style musical est bien country avec pedal steel guitare et harmonica. On évolue entre outlaw et country-rock et la ballade God Told Me To Fuck You (!!) m’a fait penser à Au Bonheur Des Dames dans leur version porno de Laura Nous On T’Aime.
"If You Were Listening"
Ces deux jeunes femmes aperçues saur la pochette harmonisent à la perfection. C’est léger, aérien et l’accompagnement musical est assez varié. Le résultat aurait pu être très intéressant si le répertoire avait été à la hauteur de leur potentiel. Mais l’ensemble manque de relief et on s’enlise dance une douce torpeur. On pédale dans la plaine et on aurait aimé un Tourmalet ou deux. Les chansons n’accrochent pas. Le troisième élément, le garçon, intervient sur deux titres. Il aurait mieux fait de continuer à leur tenir le micro. Rappelez-moi si elles se décident à faire du swing un jour. Ce trio nous arrive de Liverpool mais il n’aura pas la longévité d’un certain quatuor.