dimanche 20 novembre 2022

Du Côté de chez Sam, par Sam Pierre

 

The WILLIAMS BROTHERS

"Memories To Burn" 

Il y a d'autres Williams Brothers dont le territoire est le gospel. David et Andrew Williams sont des jumeaux nés en 1959 qui marchaient plutôt sur les traces des Everly Brothers. Si j'emploie l'imparfait, c'est parce qu'ils ont enregistré trois albums chez Warner Bros entre 1987 et 1993 et que ce disque, Memories To Burn a été enregistré et mixé en 1995 par Andrew, directement sur une console 2 pistes, dans son studio pour n'être publié qu'en 2022 sur Regional Records. Derrière les superbes harmonies fraternelles et la guitare d'Andrew, on ne trouve que trois hommes, et non des moindres: Greg Leisz (steel guitar), Don Heffington (batterie) et Marvin Etzioni (basse). Ce dernier est également producteur et responsable de la couleur plus country que pour les précédents enregistrements du duo. Tout à été enregistré live, les cinq hommes ensemble dans la même pièce avec Sam Phillips et ses Sun Studios pour référence. En ce qui concerne les titre, il y a une seule composition des frangins (She's Got That Look In Your Eyes) et neuf reprises. Le titre d'ouverture (Tears Only Run One Way) a été composé par Robbie Fulks ainsi que She Took A Lot Of Pills (And Died). Marvin Etzioni a écrit quatre chansons dont le morceau-titre . On trouve aussi Death Of A Clown des Kinks (Dave Davies), Let The Mystery Be d'Iris DeMent et Piney Wood Hills de Buffy Sainte-Marie. Court (environ vingt-et-une minutes), cet album est une belle surprise et l'on se demande pourquoi il est resté enfoui pendant vingt-sept ans. 

 

Grey DeLISLE

"Borrowed" 

Encore un retour vers le passé avec ce disque de Grey DeLisle, lui aussi produit par Marvin Etzioni. On attendait des nouvelles musicales de la dame car, depuis Iron Flowers en 2005, elle s'était contentée d'activités de de doublage pour des films d'animation (elle a aussi fait des bébés au lieu de faire des disques, selon ses propos). Borrowed, comme son titre l'indique, est constitué de reprises, des titres d'origines variées auxquels Grey apporte sa touche personnelle et sensible. Elle s'attaque aussi bien à Pink Floyd (Another Bick In The Wall) qu'à T-Rex (Girl), aux vieilles chansons populaires (Tonight You Belong To Me ou Georgia On My Mind), au Gospel (Calvary de Marie Knight & Sister Rosetta Tharpe) et à la chanson de film (You Only Live Twice). Mais là où elle brille particulièrement c'est quand elle reprend sa propre co-composition Borrowed And Blue ou celle de Maria McKee avec Lone Justice (You Are The Light), deux chansons coécrites avec Marvin Etzioni dans lesquelles on mesure le mieux son talent vocal. Avec Grey, on retrouve sur cet album les partenaires de toujours, Marvin Etzioni et Murry Hammond (qui a composé Valentine) mais aussi, parmi d'autres, Tammy Rodgers, Greg Leisz, Jonah Tolchin ou Mickey Raphael qui, tous ensemble, nous offrent un cadeau aussi beau qu'inespéré. 

 

OLD CALIFORNIO

"Old Californio Country" 

Groupe de folk rockers country (!), Old Californio est présenté comme un des secrets les mieux gardés de la Californie du sud. Le leader et chanteur principal est Rich Dembrowski qui a écrit la quasi-totalité des compositions du groupe dans le passé et joue de la guitare, de la batterie, de la basse et de l'harmonica. À ses côtés, Woody Aplanalp chante également et manie guitares, banjo, claviers, lap steel et basse. Sur ce disque on croise aussi les partenaires habituels que sont Justin Smith et John Avila, ainsi que Paul Lacques (I See Hawks In L.A.), Kip Boardman et Jon Niemann (GospelBeach) ou encore Anthony Logerfo et Corey McCormick (Promise Of The Real). Trois compositions originales seulement sont au menu de l'album: Shorten Your List (Rich Dembrowki), I Say That Too (Woody Aplanalp) et I Won't Cry (John Avila). Les dix autres titres constituent un véritable who's who du songwriting. Sont ainsi repris les Beatles (Because), John Prine (Speed Of The Sound Of Loneliness et Knockin' On Your Screen Door), Merle Haggard (Lonesome Fugitive écrit par Liz et Casey Anderson), les Rolling Stones (Wild Horses), Guy Clark & Rodney Crowell (Stuff That Works), Neil Young (Lotta Love), Lowell George (Willin'), Jason Isbell (Maybe It's Time) auxquels s'ajoute le traditionnel The Cuckoo. Le tout est interprété sans fioriture inutile, sans artifice de studio, avec sincérité et passion. 

 

Jim PATTON & Sherry BROKUS

"Going The Distance" 

Si l'on attribuait un label rouge aux maisons de disques, celle de Brian Kalinec, Berkalin Records, serait parmi les premières à en bénéficier. La production n'est pas pléthorique mais toujours de qualité, essentiellement made in Texas. Jim Patton & Sherry Brokus maintiennent la tradition avec Going The Distance, leur cinquième album (auquel il faut ajouter une compilation et deux disques enregistrés plus tôt sous le nom de Edge City). La formule est simple, une guitare acoustique et deux voix, Jim lead et Sherry aux harmonies, onze compositions originales de Jim, dont trois co-composées avec un autre grand songwriter texan, Jeff Talmadge, et une autre avec le même Jeff et Steve Brooks. Toutes ont été enregistrées sous formes de maquettes, avec d'autres, pendant les confinements puis finalisées au Jumping Dog Studio de Ron Flynt avec une belle bande d'amis au premier rang desquels figure Bill Kirchen à la Telecaster sur trois titres: Words I Can't Unsay, Brand New Love et Austin Night. Il y a aussi les harmonies de BettySoo, le fiddle de Warren Hood et tous les autres instruments joués par Ron Flynt et Jim Brotherton avec juste en plus la guitare lead de Eric Hisaw sur Struggling et quelques percussions de John Bush. Les chansons abordent les difficultés des relations à long terme, quelles qu'elles soient, mais aussi les rêves et les conséquences, bonnes ou mauvaises, d'être un rêveur. Six ans après The Hard Part Of Flying, Jim & Sherry nous reviennent tels qu'on les aime, sans prétention, avec leur folk doucement teinté de rock plein de vibrations positives.

 

NITTY GRITTY DIRT BAND

"Dirt Does Dylan" 

Comme les Rolling Stones, Nitty Gritty Dirt Band compte encore deux membres d'origine, après plus d'un demi-siècle d'existence (depuis 1967), Jeff Hanna et Jimmie Fadden. Bob Carpenter n'est arrivé qu'en 1979 quand le groupe s'était offert une parenthèse sous le nom de Dirt Band. Jaime Hanna (fils de Jeff), Ross Holmes et Jim Photoglo (un vieil ami), complètent le line-up d'un ensemble qui n'avait pas produit de disque en studio depuis Speed Of Life en 2009. Après tant d'autres, les six hommes nous offrent avec le bien-nommé Dirt Does Dylan un album de reprises de qui vous savez. Jeff et Jimmie chantent la plupart des morceaux aidés par Bob et Jaime. Larkin Poe vient donner un coup de main (ou plutôt de voix) sur I Sall Be Released, comme le font Rosanne Cash, Steve Earle, Jason Isbell et The War And Treaty sur The Times They Are A-Changin'. De Tonight I'll Be Staying Here With You à Quinn The Eskimo, sont ainsi passés en revue dix titres du répertoire de Bob Dylan, avec compétence, révérence mais, surtout, avec la passion de quelques vétérans qui sont restés avant tout des fans. Cela a un effet indéniable sur le plaisir procuré (en plus de celui de retrouver NGDB tel qu'en lui-même) à l'auditeur qui, sans cela, aurait pu trouver l'exercice un peu vain. 

 

Caleb CAUDLE

"Forsythia" 

Caleb Caudle n'est pas un débutant puiqu'il a déjà une bonne dizaine d'albums à son actif en quinze ans, seul ou avec son groupe rock The Bayonets. Better Hurry Up, paru en 2019 avait attiré mon attention. Le disque avait été enregistré aux studios Cash à Hendersonville avec une belle équipe de musiciens et de vocalistes. Caleb récidive avec Forsythia et cette fois, c'est même John Carter Cash qui le produit. Dix titres sont au programme, tous composés par Caleb (The Gates est coécrit avec John Carter Cash et Whirlgigs avec Brennen Leigh). Le casting est impressionnant: Jerry Douglas (dobro, lap steel), Sam Bush (mandoline, fiddle), Dennis Crouch (basse), Fred Eltringham (batterie et percussions), Forrest Cashion (orgue), John Carter Cash (autoharpe), Carlene Carter , Elizabeth Cook et Sarah Peasall McGuffey (voix). On peut s'attendre à un grand et beau disque et, lorsqu'on l'écoute, c'est exactement cela et même encore mieux. La qualité des compositions est là, bien sûr, la voix claire de Caleb n'est pas en reste, mais le véritable plus est la paire Jerry Douglas / Sam Bush dont l'omniprésence illumine les dix chansons. Écoutez par exemple Forsythia, le morceau titre, et sa délicate mélodie soulignée par une voix féminine, ou encore Tears Of Savannah. Caleb Caudle va-t-il enfin sortir de l'ombre? Cet album aux thèmes très personnels, que le songwriter a enregistré en pensant qu'il pouvait être le dernier, a en tout cas toutes les qualités pour le lui permettre. C'est indéniablement son meilleur et mon favori.

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