mercredi 1 novembre 2023

Avenue Country, par Jacques Dufour

 


 

"Coyote" 

Cet album titré Coyote est-il coyotesque? Oui car chacun pourra y picorer un titre ou deux (comme moi), voire plus si vous êtes ouverts autant à l’americana qu’à la country pure. J’ai pourtant apprécié sur les trois ou quatre premiers titres de cet album un violon aérien qui soutient parfaitement le vocal plutôt folk de cette chanteuse. Ma préférence ira en faveur d’un rock qui détonne agréablement sur un ensemble plutôt paisible. 

 

Colter WALL

"Little Songs" 

Cet album vous transporte dans les montagnes du Saskatchewan d’où est originaire ce chanteur. Ces chansons paisibles sont à écouter de préférence au coin du feu ou au bivouac car elles ont une connotation "cowboys songs". Principalement acoustiques elles se démarquent du style purement folk et guitare acoustique car elles se rapprochent davantage de la country avec l’apport du fiddle, de l’harmonica ou de la pedal steel guitare. Il y en a même une qui est littéralement calquée sur un "blue yodel" à la Jimmie Rodgers. Pour une soirée tranquille après la rando. 

 

Jon BYRD

"All Your Mistakes" 

Ce ne sera pas le disque de l’année. Ce nouveau venu est doté d’un vocal quelque peu nasillard qui manque de relief. Il me rappelle Jimmie Dale Gilmore mais avec un répertoire country/folk moins convainquant. Ses reprises de Woman Sensuous Woman (Don Gibson) et Four Strong Winds (Ian Tyson) sont loin de valoir les versions originales. Le meilleur titre est plus instrumental (pedal steel guitare) que chanté: il s’agit du classique A Fool Such As I (Hank Snow).

 

Eileen ROSE & The HOLY WRECK

"Luna Turista" 

Eileen Rose est une chanteuse à la personnalité bien marquée qui ne s’attache pas à rester fidèle à un style de musique bien défini. Tour à tour chanteuse pop, rock ou americana elle peut aussi tâter avec réussite la country comme le prouve le cashien Trouble From Tomorrow, Why Am I Awake où la seule reprise puisée chez Jennings, Luckenbach Texas. Pour le reste les balades acoustiques de plus de six minutes ne sont pas ce qui me convient, ni les titres pop/rock. Si vous êtes réceptifs aux multiples aspects de l’americana, Eileen Rose devrait vous plaire. 

 

Merle HAGGARD

"Opryland Nashville 1982" 

Si Hank Williams peut être considéré comme le véritable créateur de la musique country tendance honky tonk et certainement le plus grand compositeur de classiques du genre, Merle Haggard est la référence suprême pour tout chanteur country quelle que soit la génération. Trente-huit n°1 répartis sur une période de vingt-et-un ans (1966 à 1987) et cent-quatre chansons classées au Billboard. Il a fallu en choisir vingt-quatre et forcément il y aura des manques. La plupart des classiques sont là: Oakie From Muskogee, Working Man Blues, Mama Tried, Today I Started Loving You Again... Cependant il aura fallu en écarter d’autres: Bottle Let Me Down, Sing Me Back Home... pour laisser la place à des chansons moins connues ou à des reprises de standards de Bob Wills ou Jimmie Rodgers. Merle reprend sur scène ses succès récents: Big City, My Favourite Memory, Leonard... Il n’avait pas encore enregistré Yesterday’s Wine ou Pancho & Lefty par exemple. Il eut encore une dizaine de n°1 après ce concert de 1982. Merle laisse la place à ses musiciens pour trois instrumentaux. Il interprète un duo avec Leona Williams, son épouse du moment. Plus curieux, il invite le jeune Vince Gill, vingt-cinq ans, à interpréter une de ses compositions, I’m Almost Ready, enregistrée en 1980 alors qu’il était le chanteur soliste du groupe Pure Prairie League. Vince ne commencera sa carrière solo que deux ans plus tard. Quoi qu’il en soit vingt-quatre titres de country authentique par le Hag, ça ne peut que faire du bien. 

 

Dale WATSON

"Starvation Box" 

Quelques mois après Hank Williams Jr., Dale Watson se met à son tour au blues le temps d’un album. Celui sort presque dans la foulée de son excellent album de reprises paru l’an dernier. Pour être exact il s’agit avant tout d’un album acoustique sur lequel les titres bluesy dominent. Country/blues, folk/blues au rythme à la Muddy Waters, c’est assez varié et coloré d’harmonica. Quelques chansons s’échappent de l’univers du blues comme I Ain’t Been Living Right qui rappelle un peu Gentle On My Mind ou Down Down Down qu’il avait me semble t-il déjà gravé. La country est aussi présente avec Two Peas In A Pod partagé en duo avec Celine Lee. Le douzième et dernier titre est un gospel un tantinet répétitif. Côté vocal pas de surprise, c’est bien du Dale Watson. Mais je préfère ce dernier lorsqu’il fait du honky tonk. 

 

The WEST COAST PINUPS

"Caution: Swinging Doors" 

A-t-on affaire à un groupe de country ou à un groupe de rock and roll? Pas une seule ballade sur un total de treize titres mais une succession de rythmes endiablés. Vous souvenez-vous de cette période où sévissaient ces formations cowpunk des années 70/80? Genre Rank & File ou Lone Justice. The West Coast Pinups n’auraient pas dépareillé. Le vocal est assurée par une chanteuse qui pourrait être la petite fille de Rose Maddox. Elle est entourée de cinq musiciens dont un excellent guitariste. Rockin’country (il y a quand même une pedal steel gui-tare), rockabilly ou rock and roll légèrement déjanté, il n’y a pas de place pour la tendresse chez les pinups de la côte ouest. Assurément ces gens-là ne viennent pas de Nashville. En fait l’album a été enregistré à Austin. Je pense qu’ils créeraient une sacrée ambiance s’ils se produisaient dans un festival français. Une excellente découverte. 

 

Pam JACKSON

"Dream A Little Bigger" 

Pam Jackson est dotée d’une voix agréable, puissante, au service d’une country à la fois contemporaine et conventionnelle. Cette Dublinoise qui n’en est pas à son coup d’essai a réalisé un album bien équilibré entre les ballades et les tempos relevés. Mis à part deux ou trois chansons un peu trop country/pop à mon goût le reste se laisse déguster agréablement. 

 

  Lukas NELSON + PROMISE OF THE REAL

"Sticks And Stones" 

On connait le vieil adage: bon sang ne saurait mentir. Il se vérifie avec Lukas Nelson qui est l’un des fils de Willie. En trio le père et ses deux garçons avaient sorti un album de reprises de classiques country il y a trois ou quatre ans. Lukas n’imite pas son père même si le timbre de voix familier se retrouve et on imagine facilement Willie interpréter lui-même toutes les chansons de son fils, même les rapides Ladder Of Love et Wrong House. Bon, peut-être pas le rock and roll Icarus, bien dansant au demeurant. Cet album sonne plus texan que Nashville malgré un duo avec Lainey Wilson, la chanteuse la plus en vue à l’heure actuelle à Music City. Il faut aussi souligner qu’il est plus country qu’americana et qu’il plaira à un large public.

 

T. Jae CHRISTIAN

"Old Violin" 

Cet album n’est pas nouveau. Il s’agit d’une réédition, l’original remontant à une bonne vingtaine d’années. Cela ne change pas vraiment grand-chose du fait que la country de ce vétéran est des plus classique, autrement dit quelle aurait aussi bien pu être enregistrée il y a trente ou cinquante ans. Si vous aimez les douceurs, c’est-à-dire les ballades à pleurer dans sa bière, et également les voix chaudes et harmonieuses, cet album est pour vous car il y en a onze. T Jae les interprète de sa belle voix de velours située entre Vern Gosdin et Gene Watson. Pour soirées romantiques.

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