Jon WILCOX
"Andalusian Highway"
Mais qui est donc Jon Wilcox? Tout ce que l'on peut trouver le net se résume à la possibilité d'acheter ou d'écouter 1 ou plusieurs titres de cet album sorti en 2021 avec plein de sites dont AppleMusic, Amazon, Qobuz, Itsonlyrockandroll, Hbclub, Rabox et Spotify (qui, rappelons-le pour mémoire, préfère la vidéo d'un abruti antivax à tout ce que Neil Young et Joni Mitchell ont pu produire). Il n'y a rien sur Jon Wilcox, rien sur les musiciens qui l'accompagnent, qui a écrit quoi, où cela a été enregistré, pas une photo, pas une bio, rien du tout, ce qui, vous l'admettrez avec moi, est peu. C'est déconcertant et trop original à mon goût; c'est d'ailleurs la seule originalité du projet car, si Jon Wilcox chante honnêtement mais sans plus, ces chansons se suivent sans générer l'ombre d'un frisson. Quelques notes de mandoline sur Unfairweather Friend, une harmonie vocale sur Phantom Of The Grand Ole Opry qui sonne comme Emmylou Harris (mais comme on ne sait rien, on se contente d'imaginer), un simple arpège de guitare et une note de violon nostalgique sur Snowin’ On Raton, une valse d'influence celtique avec des tenues de notes de cornemuse et de tin whistle (Stones Of North Clare), une ballade avec une voix grave lorgnant du coté de Johnny Cash et un twang de guitare associé à la pedal-steel pour un arrangement très traditionnel de Homeless Heart et une ambiance mexicaine sur La Flor De Canon. Comme quoi, on peut être sobre sur le net et se prendre une bâche sur le blog du Cri du Coyote!
"Before The Storm"
L'inoubliable interprète de Luka et Tom's Dinner avait sorti en septembre 2020 un album enregistré live dans un club à New-York. Entourée d'un groupe, elle avait interprété ses plus grandes chansons ainsi que quelques reprises inédites mais curieusement, ce n'est pas cet album dont je parle aujourd'hui! Before The Storm est sorti plus récemment, fin 2021 mais a été enregistré en 1985. Elle reprend en live l'intégralité son 1er album ainsi que Gypsy et Tom's Diner tirés de Solitude Standing. Ici, elle est seule, elle chante en s'accompagnant à la guitare, sa voix est claire, vibrante et ses arpèges, aériens. La mélodie Knight Moves est toujours aussi entêtante et la tragédie de The Queen & The Soldier toujours aussi poignante. Je ne décrirai pas les qualités de cette artiste pour éviter d'écrire ce que les lecteurs connaissent déjà. Sa prestation live est vivante et ses chansons ponctuées de commentaires complices avec le public, comme celle qu'elle avait fait à l'Euterpe à Vaulx-en-Velin à cette même période et dont je garde un souvenir songeur! Elle sera à La Cigale le 17 février, à Lieusaint et Lille les 9 et 10 mars, à l'Olympia le 22 juin et enfin à Canet en Roussillon le 24 juin. Vous savez TOUT.
"Liberté"
La sortie de ce 15ème album des Doobie Brothers est synchro avec leur 49ème tournée Nord-Américaine, la première depuis 25 ans et, coup de théâtre, pile poil pour célébrer dignement l'année de leurs 50 ans d'existence, ne sont-ils donc pas performants au niveau marketing? Et côté musique, ça donne quoi? C'est comme avant, on retrouve leur son, leur groove, leur patte. Tom Johnston et Pat Simmons sont toujours fidèles au poste en assurant guitares, chant et compositions comme à l'origine du groupe au début des années 70. Beaucoup de musiciens sont passés dans le groupe, notamment, Jeff “Skunk” Baxter (Guitare) pour d'homériques échanges de guitares électriques et Michael McDonald (claviers), connu pour avoir écrit et chanté les tubes les moins intéressants, à mon sens, de leur carrière. Ils remettent le couvert avec 12 nouveautés écrites avec John McFee, un jeune multi-instrumentiste (guitare, pedal steel, dobro, fiddle, chœurs). Pour la tournée, ils ont repris leur ancien clavier Bill Payne et complété le groupe avec Marc Russo (saxophone), Ed Toth (batterie) et John Cowan (basse, chœurs), oui, vous avez bien lu, le bassiste de Newgrass Revival. Pendant leur tournée, le public voudra entendre les tubes les plus connus, Listen To The Music, Jesus Is Just Alright, China Grove, Black Water et leur hymne, Long Train Runnin’ mais ils auront sûrement à cœur de jouer leurs nouvelles compos comme Oh Mexico qui sonne comme du Doobie Brothers AOP, grosse machine rock américaine, avec ses tubes en chromes rutilants, ses rythmiques aussi efficaces que prévisibles et ses harmonies vocales. Ma seule interrogation à propos de cette nouveauté concerne la présence de l'accent aigu sur le nom de l'album!
"From Dreams to Dust"
Sorti en septembre 2021, cet album a été enregistré à l'automne 2020 dans une église située à Harlem, ce qui n'est pas idiot pour un combo New-Yorkais. Les thèmes abordés sont variés et sombres, entre solitude, désillusions, catastrophe écologique et chaos ordinaire. Rien de fun a priori mais la musique est plus lumineuse! Les 2 frangins, Ian (guitare et voix) et James (multi-instrumentiste) s'appuient sur la section rythmique assurée par le bassiste Jesske Hume et le batteur Will Lawrence. Dans un style situé entre jug-band et folk-rock indépendant, on entend une myriade d'influences englobant un Bowie des débuts pour le vocal ou Bob Dylan période Highway 61 pour l'instrumentation. Le résultat est proche de ce que beaucoup de jeunes créateurs produisent aujourd'hui, ceux là même dont les fondations se sont construites directement à partir de la discothèque des parents. To-Do List possède cet aplomb de jeune morveux et en véhicule une audace juvénile qui fait plaisir à entendre quand Land Of Yesterdays et Valium véhiculent un spleen communicatif. A écouter quand le bruit et la fureur du monde vous donnent envie de faire un break.
"Zia"
Constitué autour du leader Johnny Delaware et son guitariste Clay Houle, le groupe comprend Eric Mixon(basse) et Ian Klin (claviers) et propose un rock mélodique dans la lignée de Tom Petty. Après un 1er album en 2018, Zia a été inspiré par un voyage dans le désert d'Albuquerque. Que ce soit Driftwood ou Heading Somewhere, les twin vocals et les parties de guitares donnent une couleur proche du R.E.M. (de l'époque Reveal plus que Green) tout en gardant sa personnalité. L'intensité de la lead de Johnny Delaware se rapproche de Bono par moment et, si Fear To Fail est ponctué d'arpèges délicats, Always Taken Care Of donne à entendre une mélodie magnifique tandis qu'une slide guitare éthérée ferraille avec une disto bien sentie. L'arrangement de Plant The Seed est fastueux mais la mélodie reste accessible et Way Up qui est dans la lignée du She Will Be Loved de Maroon 5 prouve à quel point les influences des Byrds, Jayhawks et autre Wilco ont été absorbées, digérées et assimilées. D'après leur doc, She Is Looking For An Answer est dans la mouvance des Traveling Wilburys, ce qui n'est pas faux et je termine sur Violet Light dont le clip a été tourné sur un gratte-ciel. Si c'est un clin d'œil à un groupe de Liverpool, c'est bien cool.
"Resilience"
Une guitare acoustique, une voix fière et vibrante, un backing band parfait avec une lead guitare exceptionnelle de bon goût et des chœurs en soutien, rien ne manque à la réussite de ce troisième album de Josie Bello. Cette chanteuse new-yorkaise d'origine italienne joue de la guitare mais également de l'accordéon dont les notes apportent sur plusieurs titres une couleur festive ou nostalgique mais jamais pesante. Resilience aborde la capacité à supporter le machisme ordinaire, I Am Empty rappelle la solitude du confinement, Love That's Real parle de ce qui compte sur un joyeux two-step. Killing Time raconte le thème délicat des couples qui se retrouvent désorientés une fois que les enfants ont quitté la maison : killing time is killing me est un aveu cruel. Coffee Shop Open Mic est le quotidien des musiciens qui doivent convaincre en 5 minutes un public qui ne se soucie pas des heures de répétition et Too Many Changes apporte une conclusion empreinte d'une certaine sagesse. Bref, des histoires ordinaires racontées comme des instantanés sur une musique sincère, authentique et, osons le dire, parfois bouleversante.
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