lundi 16 juin 2025

Avenue Country, par Jacques Dufour

 

Addison Lea THOMPSON

"Vita" 

Oups, je pensais que Addison Lea était une fille. En fait il s’agit d’un chanteur au vocal bien mature et non dépourvu d’un certain charme. Pour définir le style musical de cet artiste, toute proportion gardée, je m’aventurerai à imaginer les Dire Straits faisant de la country. La guitare est bien fluide et la pedal steel guitare présente sur chaque titre bien que seuls deux morceaux puissent être qualifiés de country, dont le seul rapide au programme. Il règne une certaine uniformité qui relie tous ces titres aux tempos relativement calmes. Un peu plus d’énergie aurait rendu l’écoute beaucoup plus agréable. J’ai un faible pu la pochette. 

 

Ashleigh FLYNN & The RIVETERS

"Good Morning Sunshine" 

Portons-nous sur la côte oust, à Portland plus précisément, pour y découvrir un groupe, The Riveters, fondé en 2017 et qui a la particularité de ne présenter que des musiciennes. Ashleigh Flynn a débuté sa carrière dans le Kentucky par le bluegrass, évidemment, avant d’opter pour l’Oregon et la country. Ce premier album est inégal. Certaines chansons font office de remplissage. Le violon et l’harmonica bien que présents se font trop discrets. Les amateurs de douceurs se consoleront avec un unique slow. Trois country rapides sortent du lot des onze titres. Le bilan est mitigé et ces amazones auront du mal à briller au-delà de la bordure du Pacifique. 

 

Carolyn SHULMAN

"Heart On A Wire" 

Voici une singer-songwriter qui plaira à ceux qui apprécient la musique actuelle de Kacey Musgraves et Mary Chapin Carpenter. On navigue entre folk et americana dans une ambiance relativement intimiste. Mon titre favori, Little Sparrow, ne m’est pas guidé par mon appartenance à la LPO mais par le fait que cette chanson est bien country avec l’appui d’un violon et d’un banjo. L’illustration de pochette est magnifique mais hélas elle arrive à une époque où les disques ne sont plus offerts au regard dans les bacs des disquaires. Carolyn se produit dans son Colorado natal.


 

 

Dwight YOAKAM

"Brighter Days" 

Retour dans l’histoire avec une quadrette qui a redynamisé la country dans les années 80. Après une lignée de n°1 dans la country Ricky Skaggs est revenu à son style de base, le bluegrass. Ricky Van Shelton (dix n°1) a choisi de prendre une retraite anticipée depuis longtemps. Randy Travis, malgré les magouilles de l’intelligence artificielle, ne chantera plus jamais. Ben, il en reste un seul: Dwight Yoakam. En 2025 celui-ci reste fidèle à sa voix et à sa voie. A savoir qu’après plusieurs années de silence discographique il nous revient avec un vocal et un style inchangés. Cela à la différence de certaines de ses consœurs dont la production actuelle est du niveau d’un thé dansant pour quatrième âge. Je ne citerai pas de noms. La country de Dwight est tout sauf mélancolique: la ballade n’est pas son five o’clock tea, il n’y en a qu’une sur les quatorze titres. Les morceaux aux tempos relevés dominent. Comme on les aime rajouterai-je. Un seul emprunt, un peu étonnant: Keep On The Sunny Side, de la Carter Family, reprise en mode rapide. De la part de Dwight rien ne nous étonne. On se souvient de son Purple Rain. En résumé les fans de Yoakam seront loin d’être déçus. Ils vont même se régaler. J’espère qu’il ne nous faudra pas attendre dix ans pour avoir la suite. 


 

 

The MEXICAN STANDOFF

"Hola Texas" 

Voici quatre musiciennes originaires de Los Angeles et du Mexique. Hola Texas est leur premier album enregistré à San Antonio au Texas. Elles sont accompagnées par Flaco Jimenez à l’accordéon, ce qui est quand même une référence. L’album ne comporte que six titres sur l’exemplaire que je possède. En ouverture nous retrouvons une reprise guillerette tex-mex de El antalon Blue Jean que l’on connaissait au préalable par Flaco (1983). La même dynamique se poursuit avec Amor BonitoJimenez donne sa pleine mesure. Pourquoi changer? Rebelote avec In Heaven There Is No Beer. S’il n’y a pas de bière au paradis j’en connais qui ne seront pas pressés d’y aller. Et l’on se ressert une quatrième louche de tex-mex joyeux avec Perlita. Le cinquième titre, Tu Diras No Garet, est semblable aux quatre précédents. Enfin une fort jolie ballade, Sola, ponctue ce trop court mini-album. Il ne nous reste qu’à espérer une visite de ces talentueuses demoiselles de ce côté de l’Atlantique. Le tex-mex est un style musical étrangement absents de nos festivals. Voilà une bonne occasion d’y remédier 


 

 

Jason BOLAND & The STRAGGLERS

"The Last Kings Of Babylon" 

Commençons par le seul hiatus de cet album qui au demeurant est excellent: un morceau de style pub-rock s’est glissé d’une manière impromptue (pour l’auditeur) dans la programmation et qui nous transporte à une époque où les Inmates et Dr Feelgood sévissaient sur nos platines. La surprise passée nous pouvons apprécier l’excellence de cet album qui témoigne d’une country authentique avec abondance de fiddle et de mandoline. Le vocal de Boland est chaleureux et en phase avec un style de country beaucoup plus traditionnel que "red dirt". Les gars de l’Oklahoma ont fêté leurs vingt-cinq ans de belle manière avec cet album. 


 

 

LOVESEAT

"Our Way" 

J’ai beaucoup aimé la voix de la chanteuse, fraîche, enjôleuse, voire mutine, bien que l’album repose principalement sur des duos partagés avec son mari dont le vocal est nettement plus râpeux. On peut qualifier cet album de country-folk bien que le violon se fasse entendre parfois, de même que le banjo (sur un titre) et l’accordéon en ouverture sur le titre le plus country que Willie ou Waylon n’auraient pas renié. L’ambiance est relativement sereine et acoustique à l’exception du neuvième et dernier morceau où l’on se croirait plongé dans la salsa du démon! Ce couple est originaire de l’Illinois.


 

 

MISS TESS

"Cher Rêve" 

Je connaissais Miss Tess par un album paru en 2016. Il était fort varié en styles allant du country rock au blues en passant par le rock and roll et quand même un zeste de country. La revoici un peu moins de dix ans plus tard et avec une connotation encore plus fidèle à ses origines. En effet Miss Tess interprète une valse et une ballade en français et deux autres chansons témoignent du pur zydeco dont un rock and roll. Il y a aussi du swamp qui aurait bien plu à notre ami Bernard Boyat. À noter la ballade bien country des plus classiques, Nobody Wins, qui fût un succès par Brenda Lee en 1973. Très bon album bien équilibré en tempos et en genres musicaux variés et bien "roots".