mardi 22 octobre 2024

Avenue Country (suite et fin), par Jacques Dufour

 

Josh TURNER

"This Country Music Thing" 

Question: qu’est ce qui ressemble le plus à un album de Josh Turner? Réponse: un autre album de Josh Turner. Le natif de Caroline du Sud dont la remarquable voix de basse fait frissonner l’échine des dames met trop souvent ses effets vocaux au service de chansons bien moyennes. Une seule vraie ballade et un unique titre rapide sur onze, c’est peu. Ce dixième album n’est pas mauvais mais il n’apporte rien et je vous conseille plutôt de vous replonger dans ceux des années 2000 où il nous offrait Your Man, Firecracker ou Long Black Train.

 

Leah SPROUL

"Wild Heart Queen" 

Leah Sproul est ma dernière découverte. Elle est fort mignonne et dans une revue je l’ai vue poser en compagnie d’un matou coiffé d’un stetson. Il m’en faut peu pour que je m’intéresse à une jolie jeune femme! Par un plaisant hasard il se trouve que l’album de cette délicieuse diplômée de l’université du Missouri, section musique, est l’un des trois meilleurs qu’il m’ait été donné d’écouter cette année. Son registre vocal, à la fois souple et puissant, est tout aussi remarquable que la diversité de son répertoire. Elle ouvre sur une chanson new-country pour tromper son monde puis passe à une country rapide, I Don’t Dance, où le violon est à son aise. Suit une ballade bien classique où cette fois la pedal steel guitare prend la relève. La seule reprise est une version supersonique de I’ll Be Gone de Dwight Yoakam. Le slow Sticks And Stones semble sortir de chez Tamla Motown. Darlin’Who nous renvoie dans les années 50 avec ses chœurs à la Jordanaires. Doin’ Fine nous offre un peu d’exotisme avec son accordéon et l’album se referme sur le rapide Wild Heart Queen auréolé de fiddle et de pedal steel. Pas de répit. Que du bon. Un nouveau grand talent sur qui il va falloir désormais compter. 


 

 

Maggie ANTONE

"Rhinestoned" 

Nous recevons une abondance de premiers albums émanant principalement de jeunes chanteuses. Ce qui est de bon augure pour l’avenir de la musique country, tout du moins de l’autre côté de l’Atlantique. Maggie Antone est l’une d’entre elles. Elle est originaire de Richmond en Virginie. J’ignore son âge mais son vocal a quelque chose de juvénile qui n’est pas sans nous rappeler Kimmi Bitter ou une autre chanteuse mentionnée dans cette rubrique. Ses chansons et sa manière de les interpréter me rappelle Kacey Musgraves sur ses premiers albums. Cette première œuvre souffre de l’absence d’un ou deux titres au tempo relevé. Donc, ne pas écouter les dix titres d’une seule traite pour éviter de sombrer dans l’ennui. 

 

Pony BRADSHAW

"Thus Spoke The Fool" 

L’album de cet auteur compositeur est présenté comme un hymne envers les Appalaches. Si vous maîtrisez suffisamment l’anglais et si vous avez parcouru cette région du sud-est des Etats-Unis vous trouverez certainement un intérêt à écouter cet opus. L’accompagnement musical est assez riche avec du dobro, du fiddle, de la pedal steel guitare et de la mandoline. Les rythmes sont variés et le vocal de Pony Bradshaw me fait penser à Dylan, en plus juste. Une bonne découverte. Et si vous ne trouvez pas sublime les 5 minutes 40 du titre final Rebel on vous rembourse votre abonnement au CRI. 


 

 

SWEET MEGG

"Bluer Than Blue" 

Parmi toutes ces jeunes chanteuses de country émergentes il en est une qui est peut-être un peu plus originale que les autres, et même aussi un peu plus traditionnelle puisqu’elle se permet de reprendre quelques classiques et notamment du Bob Wills. Il s’agit de Sweet Megg. Originaire de la ville de New York elle a étudié le jazz à Paris et dans sa ville natale avant de s’établir à Nashville en 2021. Elle a publié deux albums de jazz puis a décidé d’associer la country music à son style de musique initial. Cela nous vaut quelques belles reprises de San Antonio Rose, Please Help Me I’m Falling, Leaving On Your Mind ou encore la ballade bien classique I Wonder Where You Are Tonight. Un seul titre peut être qualifié de jazz pur façon Ella Fitzgerald, Lonesome Hearted Blues. Il s’agit bien là d’un album de country où le violon et la pedal steel guitare sont bien présents mais ils côtoient la trompette et parfois le saxophone. Les musiciens sont remarquables et soutiennent admirablement le vocal puissant de la chanteuse. Assurément une artiste à suivre.

mercredi 16 octobre 2024

Avenue Country, par Jacques Dufour

 

Cyrena WAGES 

"Vanity Project" 

Encore un album qui s’est glissé dans la pile par erreur. Mon rédacteur en chef sait que j’ai un petit faible pour les chanteuses aussi il a tendance à orienter dans mon casier toutes les demoiselles qui lui paraissent évoluer dans la country à la vision de la pochette. Apparence parfois trompeuse. Certes le vocal de Cyrena est accrocheur mais son style musical ne m’a pas envoûté. Imaginez une dizaine de slows ou ballades que je qualifierais de pop/alternative. Aucun rapport donc avec l’objet de cette rubrique. 

 

Eliza THORN 

"Somebody New" 

Un bel exemple d’americana nous est offert par cette nouvelle venue, Eliza Thorn. Son vocal est particulier et sa musique l’est aussi. Une voix de Lolita qui nous rappelle Emilie Nenni ou Kimmie Bitter. On accroche… ou pas. Mais on y décèle une tonalité jazzy qui est notamment en évidence dans l’unique western swing, hélas bien trop court avec ses 2 minutes15, Nobody But You. J’en aurais bien repris un petit deuxième. Autre titre intéressant , I Tried, avec un côté slow et un côté swing, bien appuyé par le fiddle et la pedal steel guitare. Plusieurs chansons sont davantage du domaine de l’alternatif mais avec un piano et du violon. Deux titres sont bien country. À essayer et peut-être adopter. 

 

George DUCAS 

"Long Way From Home" 

Sur un plan commercial George Ducas a mieux réussi en tant que compositeur plutôt que comme interprète. En effet il n’a réussi à obtenir qu’un seul Top 10 en 1994. Par contre ses chansons ont été enregistrées par Sara Evans (un n°1), George Jones, Garth Brooks, les Dixie Chicks ou encore Trisha Yearwood. Ça démontre le talent du bonhomme. Les années ont passé. La country a bien changé depuis les années 90 mais le natif de Texas City est toujours actif. Il a recentré son style sur la country traditionnelle ce qui est loin de nous déplaire. Avec quatre purs honky tonk en ouverture on se dit qu’on tient là le meilleur album de country classique de l’année. Cependant la seconde moitié est nettement plus paisible et conventionnelle. On reste néanmoins bien au-dessus de la majeure partie de la production actuelle nashvilienne. 

 

George STRAIT

"Cowboys And Dreamers" 

George Strait, une valeur sure. C’est comme avec Alan Jackson, un album moyen de ces deux-là se situeront toujours au-dessus de la majorité de la production de Nashville. Aucune usurpation du terme "country". À l’âge de soixante-douze ans et quarante-deux ans après son premier n°1 obtenu en 1982, Strait aurait pu se retirer sur son "front porch", on ne lui en aurait pas voulu. Après trente-six numéros 1 dans sa carrière. Mais la musique c’est sa vie et il continue de battre des records d’affluences lors de ses concerts: 110.905 personnes en juin dernier dans un stade au Texas. Cette dernière œuvre pour moi n’est ni meilleure ni moins bonne que ce qu’il nous a toujours offert. On est loin de l’époque où il nous servait du western swing sur chaque album. Seulement trois titres rapides sur treize sont au programme dont la seule reprise, le Waymore’s Blues de Waylon Jennings qui prouve qu’il a encore de l’énergie. Et l’un de ces trois titres est l’excellent Honky Tonk Hall Of Fame partagé avec l’une des stars actuelles de Nashville, Chris Stapleton. À noter encore le honky tonk The Book et la ballade bien classique Wish I Could. Certes George Strait a fait mieux. Mais nous ne sommes plus en 1987 où il chantait All My Ex’s Live In Texas


 

 

Hannah JUANITA 

"Tennessee Songbird" 

Certaines critiques qualifient la country de Hannah Juanita de traditionnelle. N’exagérons pas. La musique de cette native du Tennessee mais certainement d'ascendance mexicaine, certes country avec ce qu’il faut de fiddle et de pedal steel guitare dans son accompagnement n’a rien de Loretta Lynn. En revanche son répertoire est bien varié, voire parfois original avec par exemple la chanson en ouverture qui est abordée sur un tempo "cashien". Un piano et un accordéon contribuent à rajouter une dose d’exotisme et d’originalité. Le vocal d’Hannah ressemble un tantinet à celui d’Eliza Thorn évoquée dans cette rubrique. Certains peuvent craindre. Pour ma part j’adopte.


 

 

Jesse DANIEL 

"Countin’ The Miles" 

Voici le quatrième album de ce Californien qui figure parmi les jeunes représentants de la country musique traditionnelle actuelle (il n’a que trente-deux ans). Certains parmi vous l’ont peut-être découvert à Equiblues en 2023. À l’encontre de ce qui est devenu la normalité sur les albums country à l’heure actuelle qui consiste à vous abreuver de ballades souvent insipides, Jesse Daniel nous propose une abondance de country-rock, rock and roll et country au tempo trépidant. Il nous réserve quand même une ballade de style bien classique, When Your Tomorrow’s In The Past, dont il partage le vocal avec une certaine Jodi Lyford (son épouse). Peu de honky tonk au sens traditionnel mais tous les ingrédients de la country sont bien là. On ne risque certainement pas de somnoler dans une soirée animée par Jesse Daniel