Old friends… ou It's like you never left
Il y a un peu plus de cinq
ans, j'avais écrit pour Xroads (#16) une chronique de l'album que Dave Mason
venait de publier
DAVE MASON ****
26 Letters – 12 Notes
Out The Box Records (http://www.dave-mason.com)
12 cartes postales
La
période est décidément propice au retour des anciens. Sans doute une
conséquence de la crise qui nous pousser à chercher refuge dans les valeurs
sûres. Et Dave Mason en est une, pour sûr! Plus de 40 ans après l'immortel "Feelin'
Alight", composé pour Traffic, plus de 20 ans après son dernier album
studio en solo "Some Assembly
Required", plus de 10 ans après une participation à l'aventure
Fleetwood Mac avec Time, il nous revient meilleur que jamais. Car Dave
est comme un vin millésimé, se bonifiant avec le temps, loin des lumières d'une
gloire qu'il n'a jamais vraiment recherchée. Son régime, pendant toutes ces
années, c'était plutôt un rythme d'une centaine de concerts par an, avec le
Dave Mason Band, dont il reste quelques témoignages discographiques distribués
confidentiellement. "26 Letters –
12 Notes" est la preuve éclatante du talent de notre homme, qu'il s'agisse
du songwriter, du chanteur ou, surtout, du guitariste. Des titres comme "Let
Me Go" et "How Do I Get To Heaven" (signé par le regretté Jim
Capaldi, batteur de Traffic) évoque les meilleurs moments guitaristiques de son
ami Clapton; "Passing Thru The Flame" met le chanteur en valeur;
"That's Love" avec son côté funky (familer chez Dave), le rock and
rollesque "Ain't Your Legs Tired Baby" et l'intrumental "El Toro"
nous démontrent que Dave est à l'aise dans des ambiances très différentes. Cest
d'ailleurs le parti pris de l'album: marier les climats, varier les rythmes, sans
un instant de faiblesse, plutôt que de chercher une unité de ton qui ne ferait
que niveler l'ensemble au détriment de sa qualité intrinsèque. Parmi les
participants, on note la présence de Sheila E (Escovedo) ex-choriste de Prince,
les fidèles Mike Finnigan et Johnne Sambataro ainsi que Jaime Hanna et Jonathan
McEuen, fils de 2 membres du Nitty Gritty dirt Band. Ces "26 Letters" – 12 Notes
constituent un bien bel album de cartes postales envoyées par un vieil ami
perdu de vue depuis trop longtemps.
À ranger
près de "Dave Mason Is Alive",
"It's Like you Never Left"
et "Old Crest On A new Wave",
aux titres prémonitoires.
Dave revient aujourd'hui avec
un nouveau disque intitulé "Future's Past", un peu particulier dans
la mesure où il est essentiellement constitué de titres déjà publiés et
retravaillés. Comme l'écrivait un confrère avisé, citant les vétérans du rock:
"autrefois, on allait sur la route pour promouvoir un disque, désormais on
enregistre un disque pour faire la promotion d'une nouvelle tournée". C'est ce
qui a guidé Dave Mason, sur la route avec son Traffic Jam Tour, débuté en
janvier et qui durera pratiquement toute l'année.
C'est ainsi qu'ont été
revisités "Dear Mr. Fantasy" et "You Can All Join In", deux
titres de Traffic, deux anciens titres de Dave, "World's In Changes"
et le superbe "As Sad And Deep As You", ainsi que trois morceaux de
"26 Letters – 12 Notes" (Good 2 You", "El Toro" et
"How Did I Get To Heaven"). S'y ajoutent une reprise de Robert Johnson
(Come On In My Kitchen") et, pour terminer, la seule vraie composition
originale: "That's Freedom".
On pourrait craindre que tout
cela ne sente le réchauffé, mais l'énergie déployée par Dave avec ses musiciens
et ses invités (parmi lesquels Joe Bonamassa sur "Dear Mr. Fantasy")
devient vite communicative. Par ailleurs, la nouvelle version
de la ballade "Sad And Deep As You" (ma chanson préférée de Dave)
justifie à elle seule l'acquisition de "Future's Past".
John Mayall nous avait laissés
en 2009 avec un album, "Tough", qui démontrait que, malgré son âge
respectable, il fallait encore compter avec lui.
Pour ses 80 ans (qu'il a
fêtés le 29 novembre dernier), le parrain du British blues nous offre (enfin, disons plutôt qu'il le vend) "A Special Life" qu'il a enregistré en moins de 5 jours, peut avant son anniversaire.
Les musiciens sont les mêmes que sur "Tough", et même s'ils ne
s'appellent plus les Bluesbreakers, l'esprit est le même. Rocky Athas est à la
guitare, Greg Rzab à la basse et Jay Davenport à la batterie. John se charge
des claviers et de l'harmonica (il tient même la guitare lead sur deux titres).
Un seul invité, C.J. Chenier, vient se joindre au quatuor pour chanter sur deux titres, jouant de l'accordéon sur
l'un des deux: "Why Did You Go Last Night, autrefois interprété par son
père Clifton Chenier.
À trois compositions
originales de Mayall s'ajoute une ancienne, "Heartache", que John avait déjà
publiée sur "John Mayall Plays John Mayall", son premier album, en
1965, et une œuvre de Greg Rzab ("Like A Fool").
Les autres titres de l'album sont des reprises de maîtres du blues:
Albert King ("Floodin' In California"), Jimmy Rogers ("That's
All Right"), Eddie Taylor ("Big Town Playboy"), Jimmy McCracklin
("I Just Got To Know") et l'ancien partenaire Sonny
Landreth ("Speak Of The Devil").
Le répertoire est solide, le
groupe est uni et, comme d'habitude avec John, tout est précis et concis, sans
une note qui paraisse superflue. Le Maître lui-même semble au mieux de sa forme
et nous propose un grand bon moment de musique, hors du temps.
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