jeudi 24 mai 2012

Bee Gees – Idea (1968)

Paru dans Best of Crossroads "1960-1968 - 100 albums essentiels"


BEE GEES
Idea
Polydor (Europe) / ATCO (USA) août 1968

Début 1968, avant même la sortie de "Horizontal", les Bee Gees sont de retour en studio. Des premières sessions, résultent quelques titres dont deux constitueront leur prochain single: "Jumbo" et "The Singer Sang His Song". Robert Stigwood, leur manager n'était pas vraiment favorable à cette publication qui fut en fait un semi-échec (le premier titre, paru initialement en face A est vite passé en face B sans que cela change quoi que ce soit) malgré la qualité indéniable de "The Singer Sang His Song" ». 


L'enregistrement de "Idea" marqua encore des évolutions. Des problèmes d'ego commençaient à se faire jour et la conception même du groupe évoluait, les trois frères (et leur management) entendant de plus en plus en garder seuls la direction. Cela n'empêchait en rien la créativité comme le démontre cet album, riche et varié mais un peu inégal. Encore une fois, deux singles vont vampiriser l'ensemble: "I Started A Joke" et "I've Gotta Get A Message To You". Le premier mérite qu'on le considère comme autre chose que le tube qu'il a été et qui lui vaut de toujours passer régulièrement en radio. La mélodie de cette composition de (et chantée par) Robin a été inspirée par le bruit du moteur d'un avion (!); quant au texte, il vaut qu'on y prête plus d'attention tant il est un exemple parfait de ce que savent faire les frères Gibb, alliant la concision à un grand pouvoir de suggestion. Le second est pour moi le meilleur titre publié par les Bee Gees dans les années 60. Encore une fois, le texte, écrit du point de vue d'un condamné dans le couloir de la mort, dépasse de loin tout ce qu'on peut entendre sur les radios à l'époque, la mélodie est imparable, mais que dire des harmonies? Le souci du détail et l'inventivité sont tels que, au bout de dizaines d'écoutes, on découvre encore de nouvelles choses. La ligne mélodique de basse de Maurice (fortement inspiré par le jeu de Paul McCartney) est elle aussi particulièrement remarquable, même si elle est moins mixée moins en avant dans la version de l'album (à noter que le titre ne figurait pas sur la version originelle du 33 tours paru en France). 


Globalement, par rapport à son prédecesseur, l'album a un côté moins mélodramatique, l'orchestre de Bill Shepherd est plus en retrait. Pour la première fois, un titre est chanté par un membre extérieur à la fratrie, puisque c'est Vince Melouney qui interprète son propre "Such A Shame" (il confessera plus tard regretter de n'avoir pas laissé Barry, qui le souhaitait, le chanter à sa place). La ballade "In The Summer Of His Years", superbement interprétée par Robin, est dédiée à Brian Epstein, ex-manager des Beatles, par ailleurs ami et partenaire en affaires de Robert Stigwood. 

Quelques incursions vers le rock ont produit le sautillant "Kitty Can" (avec les harmonies de Maurice et Barry) et "Idea", influencé par Mick Jagger, où la guitare de Vince est en évidence et le chant de Barry partuculièrement inspiré. L'album se termine par "Swan Song", au titre prophétique. À la parution de l'album, le groupe était déjà parvenu à une autre étape de son évolution. Des concerts aux USA étaient annulés, Vince Melouney quittait le groupe, à l'amiable, et les Bee Gees, profitant du temps libre, étaient déjà en studio pour un projet ambitieux, un double album intitulé "Master Peace", qui fut finalement publié sous le titre "Odessa". Mais ça, c'est une autre histoire.

Sam Pierre

 Post scriptum:

La réédition en double CD de Rhino Records présente les mêmes caractéristiques que pour les albums précédents.


Le premier CD propose les versions mono et stéréo du LP original et le second des titres bonus au premier rang desquels le single "Jumbo" / "The Singer Sang His Song" et la version (mono) du 45 tours "I've Gotta Get A Message To You"


"Idea","Kitty Can" et "Let There Be Love" sont présents avec un mixage différent. Les vrais inédits sont plus anecdotiques. Parmi eux on note un instrumental, une espèce de sketch (un travail en progression, pas même une démo) et deux courts spots publicitaires pour Coca Cola. Rien de transcendant, certes, mais beaucoup de plaisir pour les amteurs des Bee Gees des premières années.

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