On était en juin 1983 et
Steve Satterwhite, ingénieur du son réputé, avait investi ses dernières
économies dans son rêve: un studio d'enregistrement équipé d'un Scully 8-pistes,
quelque part à East Village, Fourth Street.
Il lui fallait maintenant un
artiste à enregistrer. Il passa donc une annonce et, trois jours plus tard, un
type à la chevelure abondante, un carnet de notes garni de chansons à la main,
poussa la porte.
Son nom était Billy Marlowe.
Il avait 40 ans et sa vie n'avait pas été un conte de fées, loin de là. Elle
l'avait conduit de l'Oklahoma, où il était né, à San Francisco, à Louisville et
Baton Rouge, et même Bruxelles et Amsterdam, sans parler de la case prison où
la drogue, l'alcool et, surtout, l'insoumission l'avaient mené.
Steve Satterwhite fut
immédiatement convaincu par ce qu'il entendit et fit appel à quelques musiciens
talentueux du secteur qui semblaient tous connaître Billy. Le nom le plus
célèbre aujourd'hui était celui de Shawn Colvin et (voix) , mais il y avait aussi Stephen
Gaboury (claviers), Jeff Golub (guitare), Kenny Kosek (violon), Tony Garnier
(basse)… Bref, du beau monde.
Les arrangements,
l'enregistrement, tout cela prit plus d'un an. Dix titres furent finalement mis
en boîte, des cassettes et quelques 33 tours furent réalisés, sans véritable
plan de promotion ou de large diffusion. "Show Me The Steps" était
en fait une maquette élaborée, et tout resta en l'état.
L'époque (encore une
fois merci aux modes punk et disco qui ont tué la véritable création) n'était
vraiment pas favorable aux poètes songwriters. Billy Marlowe faisait partie des
meilleurs, et très peu de gens en prirent conscience. Un quart de siècle plus
tard, avec l'évolution de la production indépendante de musique, les choses
auraient vraisemblablement été bien différentes.
Billy retourna donc à
l'anonymat, composant et chantant ses chansons, continuant à se battre avec la
vie, qui lui donna cependant la joie de la paternité (une fille et un garçon),
jusqu'à ce jour d'août 1996 où il mourut, à 53 ans.
Steve Satterwhite n'a pas
oublié Billy Marlowe. Pas loin de 30 ans après le jour où tout commença, il donne enfin au
monde la chance d'entendre "Show Me The Steps". Il serait
dommage de s'en priver. De grands, textes, de belles mélodies, une voix qui
vous prend dès les premières notes. Le son est assez caractéristique de ce que
l'on entendait au début des années 80 et nous laisse le regret de de n'avoir pu
feuilleter que le premier chapitre d'un livre qui s'annonçait passionnant.
Voici ce qu'à déclaré sa sœur:
« Billy était un perpétuel optimiste, contre toute raison; il riait des ironies
de la vie et les appréciait, même quand elles ne lui étaient pas favorables.
Il aimait et respectait ses parents; il était infiniment tolérant vis-à-vis des
tours que lui jouait la vie; il aimait profondément ses enfants. Il a
vécu une vie difficile. Il était excessivement humble et excessivement
talentueux. Quelques heures avant sa mort, il a dit à son fils Marlowe, “j'ai
écrit quelques bonnes chansons. Je suis prêt à partir”. »
Billy Marlowe "Show Me The Steps" - NewTex Records NT6000
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