L'interview
Sam: Bonjour Mike. D'abord, qui es-tu? Tu te définis généralement comme un artiste underground. Qu'est-ce que cela signifie pour toi?
Mike: Underground siginifie ne pas être dans la tendance courante, cela veut dire que tu es en dehors du système, en marge. Je vis pour mon rock 'n' roll. Ma vie a eté celle d'un rock-poète et peintre underground, et rien de moins. Je vis ma vie comme un poème épique. Je ne me suis jamais trahi, je suis resté fidèle à ma vision originelle, je me bas pour survivre en marge, mais c'est la vie d'un vrai artiste, je suis à l'opposé d'une rock star riche et célèbre, je suis un artiste rock pauvre et inconnu. Je suis en dehors du système, j'ai été poussé là mais cela me rend plus fort et mieux placé pour observer le côté ridicule de notre système. Je n'ai pas fui, je n'ai pas abandonné, je continue à lutter. Je veux faire des chansons rock qui soient belles et puissantes. Je suis un rocker-songwriter poète-artiste qui fais de la musique seulement par passion de créer. Ma musique est la bande-son de ma vie et j'espère qu'elle peut inspirer les autres.
Sam: Tu es un chanteur-songwriter mais aussi un peintre de talent. Qu'est-ce qui est le plus important pour toi?
Mike: Les deux sont aussi importants pour moi, mais je suis d'abord un rocker.
Sam: Tu es New-Yorkais mais, vers 1990, tu as traversé l'océan pour vivre en France pendant quelques années. Pourquoi? Et pourquoi as-tu quitté la France?
Mike: Je voulais faire rocker la France comme Hendrix avait fait rocker le Royaume-Uni. J'ai en fait vécu à Paris pendant environ 2 ans et demi de 1991à 1993, c'est tout. J'ai fait quelques tournées en France après mon retour à New York, c'est peut-être pour cette raison que ça te paraît plus long. Quand je suis parti pour Paris, je pensais que c'était pour toujours, mais après une paire d'années, je manquais d'énergie et d'inspiration. Je venais aussi de subir une rupture difficile, alors j'ai rompu aussi avec Paris et je suis reparti pour New York City. C'est intéressant, quand j'ai quitté New York pour Paris en janvier1991, je venais aussi de terminer une relation avec une petite amie mais, en plus, je n'étais pas heureux que les USA s'engagent dans la guerre du Golfe. J'étais un expatrié à Paris comme Henry Miller avant moi, et fier de cela.
Sam: Tu as pris le pseudonyme de Rimbaud comme nom d'artiste. Pour quelle raison? Y a-t-il un rapport avec Thomas Miller qui est devenu Tom Verlaine?
Mike: J'avais juste 20ans, je pensais simplement que ça sonnait rock 'n' roll, c'esr tout, C'est très simple. J'aimais la façon dont le nom roulait sur la langue et j'aime toujours cela, c'est moi. Rien à voir avec Tom Verlaine, je ne le connaissais même pas à l'époque, il est d'une generation antérieure.
Sam: Tu as publié 3 albums sur des labels français: "Mutiny In The Subway" (1989), "Funeral" Lover" (1991), "Red Light" (1993). Ils ont eu un bon accueil en France. En a-t-il été de même dans ta terre natale?
Mike: Je suppose que les rares personnes qui les ont entendus les ont appréciés, mais je ne suis qu''un artiste underground ici, pas du tout connu. Je ne l'ai jamais été et ne le serai probablement jamais.
Sam: Elliott Murphy (qui est toujours une légende ici) a produit "Red Light". Comment l'as-tu rencontré? Le connaissais-tu avant, quand il vivait à New York?
Mike: Je l'avais seulement rencontré à l'occasion de quelques concerts à New York City et n'étais pas familier avec son travail à l'époque. Plus tard, nous avons fait quelques shows ensemble en France.
Sam: Après ton retour à NYC, tu n'as publié que 3 autres albums: "Graffiti Trees" (1997), "Beast Of Broadway" (2002) and "What Was I Thinking?" (2010). (il y a eu aussi un projet à part, "Dawn Town Project" avec CharlElie Couture). Étais-tu moins actif sur le front musical, ou était-ce une conséquence de la crise du disque?
Mike: Après “Graffiti Trees”, entre 1998 et 2002 j'ai enregistré pas mal de musique en collaboration avec mon ami Marc Billon, un compositeur de musique électronique de Paris. I quittais New York pour venir à Paris quelques fois par an, pendant une semaine ou deux, pour enregistrer dans son studio, j'apportais ma guitare et mes textes. Nous enregistrions dans un studio & New York aussi. Le projet était appelé “Adam Evening”. Nous avons enregiostrés environ 20 titres qui n'ont jamais été publiés. J'ai cherché une maison de disques, mais aucune n'a été intéressée, alors j'ai laissé tomber; c'est une honte, c'est différent de tout ce que j'ai fait. J'aimerais le publier un jour, mais j'ai peu de respect pour le business de la musique (qui n'a rien fait pour moi). Entre mon CD acoustique, “Beast of Broadway” qui a été écrit au Brésil et enregistré à New York en 2002, et “What Was I Thinking?” je me suis souvent produit dans les clubs de New York et j'ai écrit et enregistré pas mal de chansons. Je n'ai pas sorti de CD, parcque je n'étais pas sûr de la façon de le faire. Une grande partie de cette musique est devenue “What Was I Thinking?”.
Sam: 2010 a aussi vu la publication d'un coffret (une édition limitée à 1000 exemplaires – le mien est #0065), "An Underground Life in NYC" avec tous tes albums solo et quelques belles reproductions de tes peintures sur cartes postales? Était-ce important pour toi? Le coffret s'est-il bien vendu?
Mike: Pour les ventes, je ne sais pas, je n'en ai même pas vu de bilan récent, en fait, je n'en ai pas eu de retombées financières. "Bien vendre" n'est pas ma raison d'être. Je me concentre sur le fait de faire de la musique "importante", c'est tout. C'est le boulot du label de faire de la publivité et de vendre les CD, ce n'est pas le mien. Une grand compagnie peut même vendre des ordures si elle injecte assez d'argent, c'est pour ça qu'il y a tant de musique de merde un peu partout, il y a la force de l'argent derrière. Sans la publicité des majors, il est difficile d'être compétitif sur le marché. Ce n'est pas pour cela que je fais des disquess. Je suis heureux que quelqu'un soit intéressé par le coffret, bien sûr, mais ce n'était pas mon idée au départ.
Sam: Maintenant, un an plus tard, un nouvel album tité "Coney Island Wave" est publié uniquement en téléchargement. Je suppose qu'il y a des raisons financières à cela. Sera-il publié en disque "physique"?
Mike: Je n'ai pas l'intention de le sortir en CD, c'est plus simple pour l'artiste de le faire seulement en téléchargement aujourd'hui. Si une compagnie est prête à payer pour faire des CD, elle peut me contacter. Je veux simplement que ma voix soirt entendue, et mettre les MP3 en ligne est maintenant pour moi la meilleure façon de procéder.
Sam: Je sens que cet album est très important pour toi. Ai-je raison?
Mike: Oui, je sens très fortement que c'est un disque important et qu'il doit être écouté. C'est peut-être ce que les Stones ressentaient pour “Sticky Fingers” ou les Beatles pour “Sgt. Pepper's”. Je sais que que la musique a du pouvoir et peut générer des transformations.
Sam: Quand j'écoute ce nouvel album, j'entends un rocker qui écrit des folksongs. J'avais la même impression la première fois que j'ai écouté "Mutiny In The Subway" (même si, à lépoque, c'était en Avril 1990, je t'aurais sans doute qualifié de punk-rocker). Mais comment te vois-tu toi-même?
Mike: Je suis un punk rocker comme Joe Strummer pouvait l'être. Je suis politique et romantique, je crois à la révolution et à l'évolution et au rock 'n' roll.
Sam: Tu écris des chansons concises, avec des mélodies fortes et textes acérés. Tu chantes parfois comme un "jeune homme en colère" (allusion à "Angry Young Man" de Steve Earle). Tu refuses de te résigner. Mais, en dépit de la crise économique et sociale, la pire depuis des décennies, il y a de moins en moins de chanteurs protestataires ou traitant des thèmes d'actualité. Ou, du moins, on ne les entend pas. Comment expliques-tu ce fait?
Mike: Le contrôle corporatiste du business du disque, de la radio et de la télévision, ne veut pas que les gens entendent de la musique qui les fait réfléchir et entrer en action. Nous avons 2 guerres en cours, celle d'Afghanistan est la plus longue de l'histoire US et celle d'Irak est une erreur absolue. Il n'y a pourtant pas de musique protestatire du tout parmi ce qu'on entend couramment alors même que la plupart des Américains souhaitent la fin de ces guerres. Ce n'était pas la même chose pendant la guerre du Viet Nam dans les années 1960’s .
Sam: Dans quelques-unes de tes nouvelles chansons, tu parles de la situation en Amérique, du fossé toujours plus large entre les riches et les pauvres. As-tu envie d'en dire plus? (soit dit en passant, c'est la même chose en France)
Mike: C'est de pire en pire ici, les USA deviennent une république bananière avec les super riches et tous les autres qui luttent désepérément pour vivre au jour le jour, avec peu d'espoir de progresser. L'écart entre les riches et les pauvres est le plus large depuis la grande dépression des années 1930’s. À l'époque, Franklin Delano Roosevelt avait fait beaucoup pour aider l'économie avec des programmes créateurs d'emplois; de nos jours, le gouvernement ne fait à peu près rien et dans le déni quant à la gravité de la situation. Le gouvernment est corrompu par l'argnet des corporations, et les policticiens sont sous la coupe de ces corporations qui financent leurs campagnes. La majorité des mebre du Congrès est constituée de millionaires qui ne pourraient pas moins se soucier des familles de travailleurs et de leurs luttes. Les corporations (compagnies pétrolières, agences de communication, etc.) sont cosidérés comme des individus alors que les gens sont considérés comme des animaux nuisibles. Nous sommes devenus "The United Corporations of America".
Je me dresse pour la classe laborieuse et les pauvres. Il faut que nos voix soient entendues! Les rock stars multi-millionaires ne peuvent faire cela et ne le font pas.
… à suivre, peut-être…
PS: note for my English-only speaking friends, I'll post the original texts (in English) next week.
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Merci pour cette interview. Mike Rimbaud est un artiste que j'apprécie particulièrement.
RépondreSupprimerMerci François. Je ne suis donc pas seul!
RépondreSupprimerAutre interview dans le Deblocnot'
http://ledeblocnot.blogspot.fr/2012/04/mike-rimbaud-linterview-par-rockin-jl.html