jeudi 21 juillet 2011

WildCat Recording. Jerry Short

Jerry Short: Lifeline


L'ami Joe Phillips ne manque jamais de nous surprendre et nous offre régulièrement des disques d'artistes dont la renommée n'était jamais parvenue à nos oreilles. "The reality of Art" est le slogan de son label, WildCat Recording et, quel que soit le genre proposé, on a l'assurance de la qualité.

Je ne sais pas qui est Jerry Short, d'où il vient (il est né dans le Kentucky et a grandi dans l'Indiana avant de se fixer dans le Maine), mais je sais que cette dernière découverte (le disque est disponible aujourd'hui - à commander ici: http://www.wildcatrecording.com/) va séduire bon nombre d'amateurs d'Americana.

Jerry est un adepte du picking,des guitares qui résonnent, claires et fières. Il est ici accompagné principalement de Rick Watson avec qui il produit le disque. Rick touche à (presque) tout: guitares, piano, mandoline, accordéon, violon... Il a par ailleurs dans le passé joué avec des artistes légendaires tels que Bill Morrissey, Cormac McCarthy (not the writer), Allison Krauss et... Joe Phillips. Inutile de préciser que l'on est ici dans le très haut niveau.

Mais ce n'est pas tout car Jerry est un excellent chanteur, à la voix pure, et un songwriter de premier plan qui aborde avec bonheur pas mal de genres musicaux (il a écrit ou co-écrit les dix titres de "Lifeline"). Ses influences vont de Bill Monroe à Paul Simon en passant par les Allman Brothers. La palette est étendue...

L'album commence par le morceau titre, un peu à part, une chanson écrite pour le mariage d'un ami, l'ambiance est très seventies, peace & love, l'amour pour ligne de vie, avec des harmonies qui rappellent Brewer & Shipley (si quelqu'un s'en souvient). Le piano est ici très présent. Ambiance très paisible également pour le deuxième titre, hommage à l'Indiana. Les titres plus "roots" arrivent ensuite. L'évocation d'un peintre, poète et vagabond, Everett Ruess, est suivie par "The Baseball Cap", véritable chanson d'amour-humour pour une casquette (avec du velcro derrière)! Inimaginable chez nous. Mandoline, dobro et violon sont entrés en action.

Et c'est le moment que choisit Jerry pour nous asséner un blues-rock électrique, "Get That Outa Here" qui lui permet de démontrer son talent d'harmoniciste et son éclectisme. Ce titre est tonifiant, comme l'est "Katie's Barn", à l'ambiance totalement différente, très rurale, avec crin-crin et accordéon. Deux ballades suivent, très belles, pour nous permettre de souffler, avant que le violon endiablé ne reprenne les commandes pour "Carter Joe", dédié au fils de Jerry (qui signale que la ressemblance de ce morceau avec "Hot Corn, Cold Corn" est totalement intentionnelle).

Pour terminer, "Nothing Ever Felt This Good To Me" nous plonge dans une ambiance cajun. Une guitare électrique (tendance Shadows) s'unit, bien sûr, à un accordéon. Un "parlez-vous Français" se fait entendre au détour d'un couplet. Bon temps roulez, Thunderbird et gumbo sont de sortie. Les voitures, l'amour, la nourriture: les choses essentielles de la vie, en somme...

Joe Phillips dit de cet album que c'est de la "real American music", celle qu'il aime (il dit aussi que le disque est too Short). J'ajouterai que c'est pour moi l'une des belles surprises du moment (mais chez WildCat, la véritable surprise serait d'entendre un album qui soit simplement moyen). C'est le genre de disque que je peux écouter en boucle, un après-midi entier, sans me lasser, qui vogue avec aisance d'un genre à l'autre en évitant avec talent tous les écueils.

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