dimanche 31 juillet 2022

L'Avis d'Alain, par Alain Kempf

 

L'Avis d'Alain

 

Tim O’BRIEN, Bill FRISELL & Dale BRUNING 

"Life Lessons " 

Les lecteurs du Cri connaissent Tim O’Brien, membre fondateur du groupe de bluegrass Hot Rize, chanteur, mandoliniste, violoniste, guitariste, auteur et compositeur actif depuis une cinquantaine d’années. Star du bluegrass, il excelle aussi en musique irlandaise, old-time, etc. Bill Frisell est également, une sommité, l’un des guitaristes de jazz contemporains les plus notoire-ment connus, qui a pour particularité d’associer le jazz au folk et à la country-music. En revanche, je n’avais jamais entendu parler de Dale Bruning, le troisième membre du trio signant cet album. Au début des années 1970, il était le professeur de guitare à la fois de Tim et de Bill, à Denver, et son influence a été déterminante sur la carrière de ses deux célèbres élèves. Life Lessons est le fruit de la réunion, un demi-siècle plus tard, des trois musiciens. Cet album revêt donc un caractère “historique” mais la réussite musicale est-elle au rendez-vous? Sachant que le projet est l’initiative de Nick Forster, bassiste de Hot Rize et remarquable producteur, on ne risquait guère d’être déçu et, en effet, le voyage musical est superbe. Dale Bruning joue de la guitare acoustique archtop, Bill Frisell essentiellement de la guitare électrique et Tim O’Brien intervient avec sa palette d’instruments à cordes (guitare, mandoline, mandocello, etc.) et chante sur plusieurs titres. Ils sont parfois accompagnés à la basse par Nick Forster. Il y a plusieurs standards de jazz : l’arrangement de Bags Groove, joué en en duo par Dave et Bill, est excellent; All Things You Are et Sweet Lorraine sont chantés par Tim, très à l’aise dans ce registre de crooner. Dale Bruning interprète en solo Gone With The Wind et à l’écouter on ne se douterait pas qu’il était âgé de 86 ans au moment de l’enregistrement! Red Rocking Chair, puisé dans le répertoire old-time est ici adapté de façon très originale, entre folk et blues. Autre emprunt au répertoire folk: Spanish Is The Loving Tongue, popularisé par Bob Dylan. D’autres titres sont soit des originaux, soit des raretés (je ne dispose pas des noms des auteurs). Paris Nights est une très jolie valse latine. Sur Langosta Bay, swing langoureux, des cuivres et une contrebasse sont invités avec bonheur. Tim O’Brien clôt l’album en chantant I Pluck A Red Rose, ballade celtique qui prend des couleurs jazzy. Tous les 11 morceaux de l’album sont sur des rythmes assez lents et les musiciens ne font pas étalage de virtuosité spectaculaire, mais privilégient le beau son et la sensibilité dans l’interprétation. Life Lessons doit s’écouter attentivement, au calme, pour en apprécier les grandes qualités. 

 

Eliza GILKYSON

"Songs From the River Wind" 

Cette chanteuse (et songwriter) du Nouveau-Mexique, née en 1950, a sorti son premier disque en 1969, suivi par de nombreux autres. Celui-ci évoque le vieil Ouest, les vastes paysages, les cowboys et cowgirls. La voix est étonnamment jeune, la manière de chanter et l’orchestration sont dans une veine americana intemporelle de très bon goût. C’est donc fort plaisant à écouter, grâce aux talents d’écriture et d’interprétation d’Eliza mais aussi aux excellents arrangements du producteur et multi-instrumentiste Don Richmond (cf. Wind River And You). Le disque démarre par une ballade acoustique enrobée d’accordéon, de mandoline et de slide guitar. Elle suivie par chanson endiablée sur un rythme de square-dance, où le dobro et le fiddle sont à l’honneur. Puis on enchaîne avec une très jolie ballade avec un accompagnement dépouillé de guitare électrique. Au fil des plages, on aura de l’autoharp, de la steel-guitar, du trois-temps, du banjo, pas le temps de s’ennuyer! 

 

The SPACE AGE TRAVELLERS 

"Satellite Shuffle"  

Les amateurs de belle guitare électrique devraient apprécier ce disque instrumental, création de BJ Baartmans qui revendique des influences très variées qu’on retrouve dans ses compositions : les Shadows, Brian Setzer, Bill Frisell… On a donc des morceaux de différents styles où BJ déploie un grand talent et des sons de guitare réjouissants. Il est accompagné par une section rythmique impeccable formée de Gerco Aerts (basse) et Sjoerd Van Bommel (batterie). Satellite Shuffle est un blues planant, Sandology fait tourner un riff sophistiqué et groovy, Charlie’s Pickup lorgne vers le western-swing, Miles Inbetween nous fait penser au jazz de Bill Frisell, The Saturn 3 propose du ska psychédélique: on peut embarquer sans crainte dans ce satellite néerlandais !

 

Susan CATTANEO 

"All is Quiet" 

La chanson-titre de l’album fait l’objet d’une vidéo qui donnera une bonne idée de l’œuvre. “Tout est calme”; certes, jamais de rythmes débridés, pas de débordements vocaux, mais l’émotion pointe dans les neuf titres splendides. La voix de Susan Cattaneo, claire avec un vibrato parfaitement maîtrisé, me fait penser aux grandes chanteuses folk comme Judy Collins. On sent une artiste expérimentée, même si sa carrière discographique est assez récente : bostonienne, elle est professeur de songwriting au prestigieux Berklee College, respect! L’accompagnement instrumental est fourni par deux fabuleux guitaristes, Kevin Barry et Duke Levine: pas des stars non plus, mais des CV bourrés de grosses références en studio et sur scène. Nulle esbroufe, mais un tissu de guitares électriques et acoustiques de toute beauté. Difficile d’isoler une chanson en particulier dans cet ensemble très homogène, mais mon coup de cœur va à Blackbirds, petit bijou de délicatesse folk. Une très belle réussite. 

 

Grant HAUA 

"Ora Blues at the Chapel" 

On a pu voir ce bluesman maori en France cet été, dans les festivals blues de Cognac et Cahors. Les 13 titres de l’album issus du répertoire déjà enregistré précédemment de Grant Haua, mais joués en live devant un public restreint: on a ainsi l’énergie d’un concert, mais avec une qualité de son comparable à celle du studio. Les morceaux sont très énergiques, avec une orientation blues-rock et on se régale grâce aux qualités vocales et guitaristiques de l’artiste, très bien accompagné par ailleurs (basse, batterie, piano). Sur Voodoo Doll, on voit que l’esprit de la Nouvelle-Orléans souffle sur la Nouvelle-Zélande. Cerise sur le kiwi : la chanteuse de soul (elle aussi maorie) Delanie Ututaonga est présente sur quelques titres et met le feu. Difficile de rester assis en écoutant Beetlejuice

 

Neko CASE 

"Wild Creatures" 

Il s’agit d’une compilation de 21 titres retraçant les 25 ans carrière de la chanteuse-songwriter américaine, classée entre indie-rock et alt-country. S’y ajoute une nouveauté: Oh, Shadowless. La plupart de morceaux sont du rock électrique, mais on trouve aussi un titre acoustique un peu old-time, le tout étant fort bien chanté et joué. Cet album est disponible exclusivement en version numérique sur les différentes plateformes.

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