mercredi 13 juillet 2022

L'art selon Romain (Decoret)

 

Marcus KING 

"Young Blood" (American Recordings) 

Né en 1996 à Greenville, North Carolina, Marcus King représente le lien entre le Southern rock des Allman Brothers et le metal. Il aurait pu n’être qu’un enfant prodige mais, sur les conseils de son père et de son grand père eux mêmes guitaristes, il prit des leçons auprès de Steve Watson du Greenville Fine Art Center avant de recevoir des conseils de B.B. King et de Warren Haynes. Son premier album -Soul Insight- sortit en 2015 sur le label de Haynes et lança sa carrière. Son jeu de guitare progressant de manière quantique, Dan Auerbach produisit en 2019 son second album solo, Eldorado. Pas sans quelques cahots: interviewant Warren Haynes en 2020, il me fut conseillé de ne pas prononcer le nom de Marcus King. D’ailleurs son premier album solo avec Haynes a presque disparu du sonar sur les banques de données. Le nouveau disque solo de Marcus King est résolument un trait d’union entre le 70’s rock sudiste et le son du 21ème siècle. Metal-funk avec Lie Lie Lie, hard-rock sudiste sur Blood On The Tracks, blues dans Hard Working Man et Blues Worse Than I Ever Had avec juste les vocaux et une piste de slide électrique. Marcus King après le festival Cognac Blues Passion, jouera à Paris fin novembre. (Romain Decoret)

 

Tami NEILSON 

"Kingmaker" (Outside Music) 

Tami Neilson est une diva country comme il y en a peu. Née à Toronto dans une famille musicale elle a appris le métier en tournant avec ses frères dans le circuit country, des auditoriums de Branson, Missouri, à Nashville et en Caroline, Virginie et Kentucky. Pour échapper au COVID, Tami s’installa en Nouvelle Zélande et sortit le disque Sassafrass! où elle abordait le style de Screaming Jay Hawkins. Aujourd’hui, c’est à Auckland qu’elle a enregistré son nouvel album, beaucoup plus country et garage. Sa voix est exceptionnellement pure et claire sur Kingmaker ou Baby You’re a Gun, mais tout aussi capable de sonner dirty dans Careless Woman. Elle fait partie d’une sororité (pas sonorité) à l’atmosphère raréfiée qui comprendrait Dolly Parton et toutes ces filles qui font dire aux hommes "elles sont toutes de mèche!". Cela dit, Dolly Parton ne pourrait pas enregistrer King Of Country Music, qui réunit des percussions maoris et une guitare avec space-écho sur la voix de Tami Neilson. Elle écrit ses propres chansons et dirige les séances. C’est incroyable ce qu’elle peut faire avec des arrangements simplifiés: un riff de basse, une guitare en phasing, quelques power-chords et sa voix. Et dans l’intro de Beyond The Stars, on reconnait distinctement Trigger, la guitare electro-acoustique de Willie Nelson, avant même qu’il ne chante le couplet qui lui est attribué. (Romain Decoret)

 

GA-20 

"Crackdown" (Colemine/ Karma Chief Records/ Modulor) 

Pour son 3ème disque, le trio de Matt Stubbs, Pat Faherty et Tim Carman prend une orientation haute énergie plutôt que blues comme sur leur album précédent, l’excellent Try It You Might Like It sur lequel ils couvraient le répertoire de l’explosif Hound Dog Taylor. "Nous faisons les disques que nous aimerions écouter" disent ils. Ils le font avec le materiel vintage requis: le GA-20, d’où ils ont tiré leur nom, est un Gibson , un petit ampli combo funky de 1959 utilisé par Bo Diddley, Earl Hooker ou les Trashmen. Garage donc, avec les deux versions de Fair Weather Friend. On reconnaitra dans Easy On The Eyes le riff de James Burton dans Suzy Q de Dale Hawkins. Ensuite on reste en Louisiane avec Dry Run et le méconnu Just Because écrit par Lloyd Price et repris par Larry Williams en 58 et (gasp!) John Lennon sur son album Rock’n’Roll de 75. Mais oubliez ces références qui n’ont plus grand chose à voir avec GA-20 pour qui l’important est de monter le volume à 12 (sur un combo de 20 watt!), d’enclencher le phasing en laissant cruncher le feedback naturel et de revisiter ces titres qu’is ont (re) découverts. (Romain Decoret

 

Matty T. WALL 

"Live Down Underground" (Froszak Promo Records) 

La scène australienne a toujours été différente du reste du monde, que ce soit avec les Easybeats émigrés à Londres ou avec leurs neveux d’AC/DC. Dans le domaine du blues-rock, Dave "The Plumber" Hole a longtemps représenté le meilleur dans ce domaine. Avec l’arrivée de Matty T. Wall, le jeu est changé. Avec sa virtuosité il n’essaye pas d’imiter le son caractéristique du trio blues-rock, il le redéfinit en compagnie du batteur Ric (pas de k) Whittle et du bassiste Leigh Miller. Versé aussi bien dans le jazz de Sophia’s Strut, le slide avec Slideride et la suramplification de Scorcher ou Broken Heart Tattoo, Matty Wall est addictivement électrique. Apprécié par Walter Trout et Eric Gales, il en est déjà à son troisième album n°1 consécutif dans les charts australiennes. Cet enregistrement live a été capté au Lyric Underground de Perth, sur la côte Ouest du continent australien. (Romain Decoret

 

David GASTINE 

"From Either Side" (Label Ouest) 

L’idée est naturelle et aurait du être déjà réalisée tant elle est évidente: la fusion entre le gypsy-jazz et la country-music. Les deux côtés comme le décrit le titre du disque. Côté Django, c’est David Gastine qui a joué sur la scène du Carnegie Hall avec Stochelo Rosenberg et Al DiMeola, accompagné ici par son partenaire Samy Daussat. Côté country-blues, c’est Vincent Bucher, un grand harmoniciste français. Le répertoire est centré sur Johnny Cash avec I Walk The Line, Folsom Prison Blues et le traditionnel (Ghost) Riders In The Sky. Pour remonter à Django Reinhardt, il y a la fusion originale du great American songbook avec le gypsy-jazz de I’ll See You In My Dreams. Il est d’ailleurs dommage que personne au Label Ouest n’ait pensé à cette autre fusion qui est celle de Django avec les premiers guitaristes de western-swing comme Herman Arnspiger des Texas Playboys de Bob Wills. dans les années 30. Il y a là une belle œuvre qui attend. David Gastine va tourner cet été, ne le manquez pas. (Romain Decoret)

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