mercredi 10 août 2011

Le scandale Boone Creek

Boone Creek
(Rounder Records 0081 - © 1977)


En 1977, Ricky Skaggs était encore tout jeune, à peine 23 ans. Il avait pourtant déjà une belle carrière derrière lui, jugez en: il avait fait partie des Clinch Mountain Boys de Ralph Stanley,des Country Gentlemen et du New South de J.D. Crowe, sans oublier le duo précoce qu'il formait avec le regretté Keith Whitley. Il avait également publié en 1975 un album solo, "That's It!", essentiellement instrumental puisque seul trois titres étaient chantés. Un par Ricky, un par daddy Hobert et un par mummy Dorothy.

Je connaissais Ricky par ses participations aux albums d'Emmylou Harris et son appartenance à son Hot Band, lorsqu'un jour de septembre 1979 je découvris, dans un magasin depuis longtemps défunt de Châlons sur Marne (ville également disparue puisqu'elle a depuis été rebaptisée Châlons en Champagne) un disque (paru deux ans plus tôt) dont l'illustration est reproduite ci-dessus. Un nom inconnu (rappelez vous, c'était une vingtaine d'années avant la véritable explosion d'internet), quatre visages, c'était tout.

Heureusement, il y avait beaucoup de lecture au verso. Le temps magique des 33 tours en vinyle nous offrait cette possibilité: lire les disques avant de les acheter et de les écouter. Les visages avaient des noms: Ricky Skaggs, Wes Golding, Jerry Douglas et Terry Baucom. Inutile de préciser que "Boone Creek" ne resta pas en rayon une minute de plus!

Ainsi donc, Ricky Skaggs n'était pas qu'un sideman, un mandoliniste et violoniste hors pair (qui démontra par la suite son habilité à bien d'autres instruments) et un vocaliste ténor dans la lignée des plus grands, à commencer par Maître Bill. Il était aussi un chef de bande qui partageait ici le leadership vocal avec Wes Golding.

C'était pour moi, néophite en bluegrass, une véritable révélation, comme l'était celle de l'immense talent, jamais démenti depuis, de l'as du Dobro, Jerry "Flux" Douglas.

Douze titres plus tard, partagés entre traditionnels, compositions originales (de Wes Golding) et reprises (Bill Monroe, Lester Flatt, Harry McAulife, Ruby Rakes), j'étais convaincu d'avoir découvert un très grand groupe de bluegrass moderne. Je le pense toujours.

En 1978, Boone Creek publia chez Sugar Hill un second album, "One Way Track", également excellent. Et puis Ricky partit chez Emmylou à plein temps, la belle aventure prit donc fin.

Mais, car il y a un "mais", je dois dénoncer ici un véritable scandale. Si le "sophomore album" a été réédité en CD en 1991 par Sugar Hill, enrichi de trois titres bonus live (dont "Paradise" de John Prine), Rounder Records n'a jamais daigné en faire autant pour le trésor qui dort dans ses tiroirs.

Bien sûr, la technologie a permis à l'heureux possesseur du précieux vinyle que je suis de le "ripper" sur un CD-ROM,mais je pense à tous ceux qui n'ont pas la même chance.

Alors, Monsieur Rounder, puisque je sais que tu me lis assidûment, fais un effort. J'en ferai un aussi, et je me fendrai avec plaisir de 20$!

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