jeudi 16 juin 2011

Sweet Revenge, 16 juin 2011

Les artistes folk nord-américains parcourent l'Europe et, sans parler du Royaume-Uni où ils sont quasiment chez eux, ils ont une cohorte d'admirateurs aux Pays-Bas, en Scandinavie, en Allemagne. En revanche, malgré leur désir de jouer en France, ils en trouvent rarement l'opportunité. La faute à qui? Certainement pas au Cinéma Jean Vigo de Gennevilliers qui propose chaque mois une affiche de qualité devant, malheureusement, une salle trop peu remplie. Le dernier concert de la saison, le 18 juin, présentera la Britannique Jancis Harvey avec Heather Joyce, Anglo-Canadienne et Parisienne d'adoption. Deux jours plus tard, un autre organisateur, qui ne manque pas de bon goût, vous propose d'entendre le 20 juin, les Canadiennes de Madison Violet qui se produiront au Sentier des Halles. Deux rendez-vous à ne pas manquer, avant la Fête de la Musique, pour mieux aborder l'été.




Madison Violet est un duo féminin composé de Brenley MacEachern et Lisa MacIsaac, qui chantent, composent et jouent de la guitare. Elle sont originaires de Nouvelle Ecosse, au Canada, et No Fool For Trying (True North Records) est leur troisième album. Depuis leurs débuts, elles ont évolué d'un style plutôt pop à un Americana du meilleur tonneau. Les amateurs de belles mélodies et d'harmonies vocales aériennes trouveront ici plus que leur compte. Madison Violet est sans doute le meilleur duo féminin en provenance du Canada depuis les sœurs McGarrigle avec qui on trouve beaucoup de points communs, notamment la qualité du songwriting. Pas de confusion cependant, Brenley et Lisa sont bien de leur temps, et l'on sent que leur folk s'est nourri à la source du rock. Les textes sont souvent autobiographiques, teintés de tristesse quand il s'agit d'évoquer des disparus comme le frère de Brenley (« The Woodshop »), tragiquement assassiné, ou Denny Doherty, des Mamas and Papas (« Hallways Of Sage »). Les guitares me font souvent penser à Neil Young dans ses moments acoustiques, la production de Les Cooper (qui joue par ailleurs de différentes guitares ou de claviers) est au dessus de tout reproche. Pour moi, les meilleurs titres sont ceux où Lisa sort son violon, parfois rejoint par la mandoline de Les ou le banjo de Chris Coole.





Au Canada toujours, David Francey vient de publier son neuvième album Late Edition (Laker Music). Ce natif d'Ecosse, à la voix chaude et aux textes pleins d'une humanité aux accents poétiques s'est entouré ici de véritables pointures: Kieran Kane (mandoline, banjo, guitare), Fats Kaplin (violon, accordéon, guitare), Richard Bennett (guitare, bouzouki) et Lucas Kane (fils de Kieran (batterie). Le titre de l'album est dû au fait que la plupart des titres ont été écrits en réaction à l'actualité, qu'elle soit personnelle, locale ou internationale. Comme d'habitude, avec David, on savourera la qualité des textes, la proximité d'un artiste que l'on écoute comme un vieil ami qui aurait écrit les chansons rien que pour nous. Mais le plaisir est aussi dans la richesse de la mise en son de cet album enregistré dans les conditions du live dans un studio de Nashville. On goûte les interventions de chacun des invités, sans réserve aucune. Un grand cru.




Bruce Cockburn, un autre Canadien, a lui plus de quarante ans de carrière et une trentaine d'albums à son actif. Il est respecté de tous, même si sa célébrité n'est que toute relative chez nous. Cinq ans après son dernier album studio, l'infatigable défenseur des causes nobles (paix, justice, écologie, démocratie), chanteur engagé s'il en fût, n'a rien perdu de sa pugnacité comme en témoigne Small Source Of Comfort (True North Records) et continue à parcourir le monde armé de sa guitare. C'est ainsi que l'Afghanistan lui a inspiré deux titres, « The Comets Of Kandahar » et « Each One Lost », le second étant dédié à deux jeunes soldats canadiens tués au combat. Du vécu! Sur le plan musical, Bruce a souhaité avec ce disque s'éloigner des sons noisy et des guitares saturées qui caractérisaient ses derniers enregistrements. On a donc ici affaire à une collection des titres plus folk, plus acoustiques dont la production a été confiée à Colin Linden, par ailleurs multi instrumentiste. Ceux qui connaissent la qualité et le talent de ce Monsieur ont sans doute déjà acheté le disque, les yeux fermés. Et je suis sûr qu'ils savent aussi quel guitariste, adepte du fingerpicking, est Bruce Cockburn, qui n'est pas seulement un songwriter. Les instrumentaux, au nombre de cinq, délicieusement teintés de jazz (grâce en particulier au violon de Jenny Scheinman), conférent à ce bel album l'aspect de bande son d'une tranche de vie, celle d'un observateur du monde et de ses turpitudes qui prend le temps de s'arrêter pour le faire point, de notre vie aussi, d'une certaine façon.








Emma Hill fait figure de gamine et, à vingt-trois ans, pourrait être la petite-fille du troubadour canadien. Après deux albums solo (le deuxième paru il y a quelques mois seulement), c'est sous l'appellation Emma Hill & Her Gentlemen Callers que cette native de l'Alaska nous propose aujourd'hui Meet Me At The Moon (Shut Eye Records / CD Baby). Le disque se situe cependant dans la droite ligne du précédent (Clumsy Seduction), plein de ballades folk indie ou alt country, où la guitare et la voix d'Emma sont agréablement soulignées par la pedal steel ou le banjo de Bryan Daste. L'ensemble est frais, mélodieux, les textes sont inspirés et poétiques, révélant au passage la grande maturité de cette jeune femme. C'est un disque qui plaira aux amateurs de Kathleen Edwards, de Caitlin Cary (Whiskeytown) ou des Be Good Tanyas, un disque qui a tout pour séduire, et qui y parvient. Le véritable challenge, pour Emma, sera de surnager dans un genre où les demoiselles de talent ne manquent pas.








Je n'avais jamais entendu parler de Cahalen Morrison & Eli West avant que l'on ne me donne à écouter The Holy Coming Of The Storm (Lucky Dice Distribution) et c'est une des belles révélations de l'année. Les amateurs de string bands et d'old timey ne peuvent qu'adorer, et ne s'en privent pas! C'est un véritable festival de Clawhammer banjo, bouzouki, mandoline, sans oublier quelques guitares, que nous offrent les deux compères avec le renfort de quelques amis dont l'excellent Matt Flinner, dont la virtuosité à la mandoline est appréciée des spécialistes. Quatorze titres, originaux à l'exception de deux traditionnels, nous embarquent dans cette Amérique, au son de cette musique qui est comme "un langage naturel qui provient d'un endroit où force et tendresse se rencontrent". C'est beau et c'est bien fait. Un disque rafraîchissant et vivifiant.








Tim Grimm est un songwriter et comédien qui a déjà derrière lui une belle carrière et quelques albums à la frontière du folk et de la country music. Ce chantre de l'Amérique rurale a cette fois-ci choisi de rendre hommage à un de ses glorieux aînés, un de ses maîtres en songwriting avec un album au titre explicite: Thank You Tom Paxton (Vault Records / CD Baby). Le disque, co-produit avec le guitariste Jason Wilber (habituel partenaire de John Prine, autre influence majeure de Tim) revisite douze titres de l'auteur de « Ramblin' Boy » ou « The Marvelous Toy ». Si ces deux standards sont ici absents, d'autres classiques reçoivent un nouvel habillage dont l'inoubliable « Last Thing On My Mind » (dont je collectionne les versions), « Fare Thee Well, Cisco » ou « How Beautiful Upon The Mountain ». Un bel hommage, avec évidemment les limites du genre, c'est à dire un répertoire totalement non original. Cela posé, c'est fait avec goût, talent et sincérité. Et Papy Tom (73 ans) mérite bien ce coup de chapeau, de son vivant.








Il est toujours question d'Amérique rurale avec Mark Jungers et son cinquième album studio More Like A Good Dog Than A Bad Cat (American Rural Records / CD Baby). Je vous avais déjà présenté Whistle This, son album live paru en 2009 (Xroads #27). Son nouvel opus confirme tout le bien que je pense de lui et si l'influence de gens comme John Mellencamp (tendance campagnarde) peut toujours être évoquée, on pense aussi, au long des treize titres de cet album, à Tom Petty et aux Traveling Wilburys, à la fois pour le timbre de voix et l'ambiance joyeuse et décontractée de l'ensemble. Mark est un artiste naturel qui a choisi de le rester, optant ainsi pour une technique totalement analogique qui met parfaitement en valeur l'esprit qui a présidé à la réalisation de l'œuvre (entièrement due à Mark). À l'exception de « Heel To Toe » de Phil Stevens, Mark Jungers a composé l'ensemble des morceaux, partageant l'écriture de deux titres avec Adam Carroll et d'un avec Owen Temple, deux beaux noms du songwriting texan. Je n'oublierai pas de signaler la présence (en plus de celle de son groupe The Whistling Mules) de l'excellente Susan Gibson pour quelques parties vocales du meilleur aloi.













Tokyo Rosenthal, ancien boxeur, a déjà eu les honneurs de ces colonnes avec Ghosts, son précédent album (Xroads #28). Son nouveau disque nous pose une question fondamentale: Who Was That Man? (Rocks & Socks Records / Hemifrån). Et qui est vraiment Tokyo Rosenthal? C'est en tout cas un artiste plein d'enthousiasme et de talent, un de ceux sur lesquels mise l'excellent Peter Holmstedt (avec son label Hemifrån). Le visuel du disque, inspiré d'une vielle série TV américaine intitulée The Lone Ranger donne une idée du contenu, porté par une instrumentation essentiellement acoustique où se distinguent le fiddle de Bobby Britt et la pedal steel de Allyn Love. La voix est toujours aussi chaude, les mélodies inspirées et le talent de raconteur d'histoires de l'ami Toke s'est encore affirmé. La section rythmique (Chris Stamey – qui co-produit – à la basse et Will Rigby à la batterie) assurent un tempo sans faille et l'unité d'ensemble qui faisait légèrement défaut aux opus précédents. Bref, c'est de la belle ouvrage, un album qui se fait rapidement une place dans les chaumières européennes. Toke Rosenthal sera d'ailleurs en tournée sur notre continent à partir de fin septembre et voudrait jouer en France (c'est même un besoin pour lui). Avis aux amateurs (et organisateurs).









Steve Spurgin est une légende. Sa carrière professionnelle approche le demi-siècle mais, avant de se mettre à la guitare folk dans les années 60, il avait découvert la musique par le piano classique et le cor anglais. Il a aussi joué de la batterie pendant une quinzaine d'années avec des groupes de rock ou de bluegrass électrique (avec Byron Berline notamment) avant de penser à une carrière solo. Ainsi naquirent Distant Faces en 1996, Tumbleweed Town en 2002 (avec, pour ne citer que les plus prestigieux des musiciens, Byron Berline, Chris Hillman et Herb Pedersen) et aujourd'hui Past Perfect (Blue Night Records), un disque enregistré avec des amis de grand talent, musiciens de bluegrass reconnus: Rob Ickes à la resonator et Adam Steffey à la mandoline sont deux noms qui suffiront à susciter l'intérêt des amateurs. Cela étant, si l'instrumentation est essentiellement bluegrass, on n'a pas ici affaire à une version intégriste du genre mais à un grand disque de singer-songwriter qui s'est paré des couleurs de l'herbe bleue. Des titres comme « Collar To The Wind » ou « The Light Of Reno » s'insinuent très vite en vous et la reprise de « Song For A Winter's Night » de Gordon Lightfoot finit de convaincre que Past Perfect est un grand disque, plein de talent et de chaleur humaine, un de ceux qu'on a envie de faire découvrir aux amis de passage. C'est d'ailleurs l'amitié qui a présidé à sa réalisation, et cela est plus que sensible à l'écoute.








Pour terminer, un disque qui appartient à la sous-rubrique download only et, là encore, il est dû à l'ami Joe Phillips qui cette fois nous propose l'album de Doc Merwin, It's Just Been Life (WildCat Recording). Andy "Doc" Merwin a 65 ans et il s'agit de son premier album solo, le couronnement – je l'espère – d'une carrière commencée à la fin des sixties. Doc a beaucoup joué pour les autres, a fait partie de quelques groupes, à traversé les hauts et les bas de l'existence d'un musicien rock et, pour la première fois, nous propose sa musique. Quatorze titres de sa plume, rien que sa voix et ses guitares (avec une apparition de Barry Marshall au saxophone): un festival de talent, une musique entre folk et blues toujours teintée d'une vitale énergie rock 'n' rollienne. Doc est l'un des guitaristes parmi les plus brillants et les plus inspirés entendus depuis longtemps et c'est quelqu'un qui a encore beaucoup de choses à dire. « J'ai donné à Joe Phillips, le producteur, presque assez de matériel pour deux albums, et j'ai écrit de nouvelles chansons depuis, c'est pourquoi j'éspère que vous serez sufisamment nombreux à acheter le disque pour inciter Joe à produire le second! ». Chiche?








C'est tout pour ce mois-ci, folkeux, et c'est déjà pas mal, comme dirait un ami!












jeudi 9 juin 2011

John Prine disque à disque - Sweet Revenge (1973)



1- Sweet revenge (John Prine)
2- Please don't bury me (John Prine)
3- Christmas in prison (John Prine)
4- Dear Abby (John Prine)
5- Blue umbrella (John Prine)
6- Often is a world I seldom use (John Prine)
7- Onomatopeia (John Prine)
8- Grandpa was a carpenter (John Prine)
9- The accident (Things could be worse) (John Prine)
10- Mexican home (John Prine)
11- A good time (John Prine)
12- Nine pound hammer (Merle Travis)


John Prine: Vocals, acoustic guitar
Reggie Young: Electric guitar,acoustic guitar
Steve Goodman: Electric guitar, acoustic guitar, harmony vocals
David Briggs: Piano, organ
Mike Leech: Bass
Kenny Malone: Drums
Cissy Houston: Background vocals
Deirdre Tuck: Background vocals
Judy Clay: Background vocals
John Christopher: Acoustic guitar
Dave Prine: Dobro, abnjo
Raun McKinnon: Harmony vocals
Grady Martin: Dobro, acoustic guitar
Jerry Shook: Harmonica
Steve Burgh: Electric guitar, acoustic guitar
Kenny Ascher: Electric piano
Hugh McDonald: Bass
Steve Mosley: Drums
Ralph McDonald: Percussion
Bill Slater: Percussion
Doyle Grisham: Steel guitar
Bobby Wood: Piano
Arif Mardin: Horn Arrangements


Produit par Arif Mardin

"Sweet Revenge" est le troisème volet de la trilogie magique de John Prine. Il marque la fin d'un cycle, comme on le constatera par la suite. C'est le disque le plus country de John pour cette première moitié des seventies. Il a d'ailleurs été, dans sa grande majorité (9 titres sur 12), enregistré à Nashville, avec des musiciens locaux.


"Sweet Revenge" confirme que John Prine fait partie des plus grands songwriters de son temps, les mélodies sont tout autant inspirées que les textes. L'humour, toujours teinté d'auto-dérision et de second degré tient encore dans ce disque une place importante comme le démontrent plusieurs titres: "Onomatopeia", "The Accident" ou le désoplilant "Dear Abby", enregistré en public.



Il y a aussi la reprise de "Nine Pound Hammer", de Merle Travis qui permet à Steve Goodman de montrer encore une fois son talent à la 6 cordes.


"Grandpa Was A Carpenter" est un portrait plein d'amour et de nostalgie. D'autres belles ballades: "Christmas In Prison", "A Good Time" et "Mexican Home" donnent la tonalité générale de cet album, qui balance toujours entre humour et tendresse, quand les deux ne sont pas réunis dans le même titre.


Je garde pour la fin deux morceaux. Il y a d'abord le morceau titre qui a donné son nom à ma nouvelle rubrique mensuelle sur Xroads (qui trouvera d'ailleurs un prolongement, prochainement, ici-même).


Et puis il y a "Blue Umbrella" qui rappellera à certains le titre de mon autre blog et qui, pour moi, reste une des plus belles chansons d'amour (ou de rupture) du vingtième siècle, à jamais dans mon top 10 personnel, avec ces mots superbes:


"Feelings are strange
Especially when they come true
And I had the feeling
That You would be leaving soon
...
Blue umbrella rest upon my shoulder
Hide the pain
While the rain
Makes up my mind
...
Just give me one good reason
And I promise I won't ask you anymore
Just give me one extra season
So I can figure out the other four"


... à suivre avec "Common Sense", bientôt...






jeudi 9 décembre 2010

A WildCat Christmas 2010





Il y a quelques jours, Joe Phillips m'a envoyé un lien sur facebook en me disant: "tu vas être le premier à entendre ceci". Ceci, c'est un disque de Noël édité par Joe sur son label WildCat. Venant de celui qui est un ami (et parfois producteur) de Mark Brine et Randy Burns, deux grands songwriters méconnus, de celui qui a publié un album live de Pearls Before Swine, qui a rédigé les notes du coffret de ce groupe légendaire, l'information ne pouvait être qu'intéressante.

Mark et Randy, mais aussi Tom Rapp (leader de PBS) sont présents sur ce qui aurait pu n'être qu'un rassemblement de has beens. On note aussi la participation de Carolyne Mas, connue dans les années 80 comme une Springsteen au féminin. John Michael Taylor (également acteur), Ed Askew (compagnon d'écurie de Tom Rapp dans les années 60 chez ESP Records) et Bill Chinnock (qui a chanté avant le Boss avec quelques-uns des musiciens du futur E Street Band) ont également une petite renommée qui, pour moi, se limite à leur nom. Les titres proposés, à trois exceptions près, ne font pas partie du répertoire traditionnel du genre.

Alors, j'écoute, avec intérêt. Dès le premier titre, "I wonder As I Wander", par Shane Murphy, c'est le choc. Le morceau est connu, mais je prends l'interprétation comme un coup de poing dans l'estomac. Puis c'est "Jesus", un titre live au ton humoristique par Tom Rapp. Au fur et à mesure que les morceaux défilent, je me rends compte que je n'ai pas affaire à un disque ordinaire. Ce n'est pas le Noël des contes de fée, celui de Disneyland, c'est le Noël des déshérités, des sans abri, des sans joie, mais pas des sans espoir. Car c'est bien un message de tolérance et d'espoir que les 17 plages (enregistrées entre 1973 et 2010, mais dégageant une étonnante impression d'unité)nous envoient. Je pourrais les citer toutes mais je me contenterai de faire un zoom sur quelques-unes.

"The Carol (No On Listens For)", titre déjà ancien de Mark Brine et "Old Fashion Christmas" de Randy Burns (extrait de son récent album "Hobos And Kings") démontrent qu'il est urgent de découvrir ces songwriters qui sont aussi des chanteurs sensibles et chaleureux.

"What Child Is This" (sur la mélodie de "Greensleeves") est un titre connu, mais l'interprétation de Doc Merwin est d'une force incroyable qui nous donne l'impression que nous l'entendons pour la première fois. Pour la petite histoire, Doc est un musicien et chanteur de 65 ans, un rebelle (comme il se qualifie lui-même) qui a beaucoup joué avec les autres et qui va publier en 2011 son premier album (sur WildCat Recording).

"On Christmas Morning", par Ed Askew (de son album "My Heart Starts Beating" paru en 2008), est le titre sans doute le plus étonnant de la compilation, tragique et bouleversant. Quelque part entre Tom Waits et Robert Wyatt, avec un piano, quelques percussions et un harmonium, Ed nous emmène dans un autre monde, sans que l'on s'en rende compte. Que celui qui peut rester insensible à l'émotion de ce titre sorte immédiatement de ce blog!

Et puis il y a Scott Severin, autre révélation, avec son "Xmas B & E", un rock enlevé.

Le disque se termine avec "Silent Night" par Bill Chinnock. Quelle banalité, me direz-vous. Eh bien, vous vous tromperez, car ce morceau justifierait à lui seul l'acquisition de l'ensemble, si le reste n'était pas de haut niveau. Bill était un chanteur extraordinaire, et les 5 minutes de sa présence suffisent à le démontrer. Bill Chinnock n'a pas pu terminer l'enregistrement de ce titre car, très malade, il est décédé alors qu'il voulait encore ajouter un second couplet, une chorale gospel. Joe Phillips dit qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre inachevé. Pour ma part, je n'entends que le chef d'oeuvre, sans me rendre compte de l'aspect inachevé. Un piano, un orgue, une voix, un saxophone... un monument!

L'album est disponible, en téléchargement seulement, sur le site de WildCat Recording (http://www.wildcatrecording.com/) pour la modique somme de 10,00$ (au bénéfice d'une association caritative).

Alors, faites un geste au profit de ceux pour qui Noël ne doit pas être un jour de désespoir ordinaire.

Et puis faites-vous plaisir car "A WildCat Christmas 2010" est le plus beau disque de Noël qu'il m'ait été donné d'entendre, le plus fort, semblable à aucun autre du genre.
A few days ago, Joe Phillips sent me a link on facebook, telling me: "you'll be the first to hear this". This was a holiday disc published by Joe on his own label WildCat. As it came form a friend (and sometimes producer) of Mark Brine and Randy Burns, two great underrated songwriters, the one who published a live album of Pearl Before Swine, whoe wrote the liner notes for the boxset of this legendary group, this couln't be be anything but interesting.
Mark and Randy, but Tom Rapp (PBS's leader) too are featured on what could have been only a gathering of has beens. One can note the presence of Carolyne Mas, known in the 80's as the female Bruce Springsteen. John Michael Taylor (who is also an actor), Ed Askew (who recorded as Tom Rapp for ESP Records in the 60's) and Bill Chinnock (whos sang before the Boss with some musicians who would become members of the E Street and) are in their way famous too, though I only know them by name. The featured tracks, with the exception of three (as far as I know them), are not common Christams hymns.
So I listen with a great attention. I receive the first track, ("I Wonder As I Wander" by Shane Murphy, as a great shock! I know the song but the rendition is like a punch in my stomach. Then it's "Jesus", a live humoristic song by Tom Rapp. As I listen along, I realize that it's not an ordinary disc. It's not Christmas of the fairy tales, of Disneyland, it's Christmas of the abandoned, of the homeless, of the joyless, but not of the hopeless. Because it's a message of tolerance and hope that is sent by the 17 tracks (recorded between 1973 and 2010 but giving a real feeling of coherence). I could name them all, bur I'd rather zoom on some of them.
"The Carol (No One Listens For)", an ancient composition of Mark Brine, and "Old Fashion Christmas" by Randy Burns (from his new album "Hobos And Kings") show us the urgence of discovering these songwriters who are also sensitive and warm singers.
"What Child Is This" (based on the melody of "Greensleeves") is a well known song, but the performance of Doc Merwin has an incredible strength so we feel like we hear it for the first time. Doc is a 65 year old singer and musician, a rebel (as he defines himself) who played and song with others until now and will release his first album in 2011 (on WildCat Recording).
"On Christmas Morning", by Ed Askew (from his album "My Heart Starts Beating" released in 2008), is the most amazing track of this compilation, tragic and moving. Somewhere between Tom Waits and Robert Wyatt, with a piano, a glockenspiel and a harmonium, Ed carries us in another world, imperceptibly. The one one is not touched by the emotion of the song must get out of this blog blog!
Then there is Scott Severin, another revelation, with his "Xmas B & E", an uptempo rocker.
The disc closes with "Silent Night" by Bill Chinnock. Very ordinary, would you tell me. What a mistake! This track alone would be a good reason the buy the album, if everything else was not top notched. Bill was an extraordinary singer, as prove the 5 minutes of his presence here. Bill Chinnock couldn't finish the recording of the track, because he was very sick and died before completing it: he would have added a second verse and a gospel choir. Joe Phillips says it's an unfinished masterpiece, but i only hear the materpiece, without noticing the unfinished side. A piano, an orgue, a voice, a saxophone... a monument!
The album is available, a "download only", on WildCat Recording's website (http://www.wildcatrecording.com/). The price is only 10.00$ (for a charity organization).
So buy it for those who must not live Christmas as an ordinary despair day.
Do it for your pleasure too, for "A WildCat Christmas 2010" is the most beautiful holiday disc I've ever heard, the strongest, like no other of the kind.

mardi 12 octobre 2010

John Prine disque à disque - Diamonds In The Rough (1972)



1- Everybody (John Prine)
2- The Torch Singer (John Prine)
3- Souvenirs (John Prine)
4- The Late John Garfield Blues (John Prine)
5- Sour Grapes (John Prine)
6- Billy The Bum (John Prine)
7- The Frying Pan (John Prine)
8- Yes I Guess They Oughta Name A Drink After You (John Prine)
9- Take The Star Out Of The Window (John Prine)
10- The Great Compromise (John Prine)
11- Clocks And Spoons (John Prine)
12- Rocky Mountain Time (John Prine)
13- Diamonds In The Rough (A.P. Carter)

John Prine: Acoustic Guitar, Vocals
David Bromberg: Electric Guitar, Mandolin, Dobro
Steve Burgh: Bass, Drums
Steve Goodman: Acoustic Guitar, Electric Guitar, Harmony Vocals, Fills, Hi-Hat
Dave Prine: Dobro, Banjo, Fiddle, Harmony Vocals
Lou Desio: Arrangements on "Clocks And Spoons"

Produced by Arif Mardin

Après un premier album qualifié par tous de coup de maître, John Prine était attendu au tournant. Avait-il tout dit dès le premier essai, comme cela se produit souvent? "Diamonds In The Rough" prouve sans équivoque que ce n'est pas le cas et que John est là pour longtemps.

Douze compositions de John, en plus de la chanson de la Carter Family qui donne son titre au disque (interprétée en l'occurence a cappella avec le frère Dave et l'ami Steve) sont au menu de l'album.

On trouve quelques classiques que John Prine interprète encore aujourd'hui comme "Souvenirs" (en duo guitare / voix avec Steve Goodman) ou "The Late John Garfield Blues", de superbes ballades comme "Clocks & Spoons" ou "The Great Compromise". Il y a aussi des titres qui démontrent le sens de l'humour rodé sur scéne par notre songwriter favori: "Yes I Guess They Oughta Name A drink After You", "The Frying Pan".

Par rapport au premier opus, l'instrumentation est plus resserrée et repose essentiellement sur les deux virtuoses des 6 cordes que sont David Bromberg et Steve Goodman. Le son est plus brut, la voix plus râpeuse.

Cet album porte bien son titre, et la plus belle pépite est pour moi "Souvenirs" que je ne peux écouter sans avoir une pensée émue pour Steve Goodman, parti trop tôt, vaincu par la leucémie à 38 ans.

"Memories they can't be boughten
They can't be won at carnivals for free
Well it took me years
To get those souvenirs
And I don't know how they slipped away from me"

vendredi 8 octobre 2010

Forest Sun: coup double

Deux disques parus en même temps, semblables et différents, complémentaires en fait. Forest Sun est un artiste aux multiples talents qui, sur le plan musical, refuse de s'enfermer dans un genre.

Avec Ingrid, son épouse et partenaire, il a conquis le public du Cinéma Jean Vigo, le 8 septembre dernier.

Cette double chronique est parue dans Xroads #32.

FOREST SUN
Harlequin Goodnight *****
So Nice ****
Painted Sun Records / CD Baby
Des mots peints

Ces deux disques sont parus déjà depuis un certain temps, en 2008 précisément. Deux ans que je les écoute, les retourne, sans savoir vraiment comment les aborder. La page blanche est en l’occurrence née d’une trop grande richesse du personnage et de son œuvre. Voici un Californien séduisant, au pseudo et au physique tout droit sortis d’une de ces séries TV à rallonge dont les vagues du Pacifique sont le principal décor. Tout pour déplaire a priori. Et l’on s’aperçoit que Forest Sun est son vrai prénom (son patronyme est Schumacher), qu’il ne se contente pas de chanter, qu’il est aussi peintre, sympathique et généreux, passionné de trekking et, pour couronner le tout, "access consciousness facilitator". Bref quelqu’un qu’il n’est pas facile de faire tenir dans une chronique, surtout quand il nous gratifie de deux disques en même temps, proches et différents pourtant.
"Pourquoi deux disques en même temps ? Les chansons le demandaient ! J’avais trop de titres pour un seul disque ; ils voulaient tous naître et refusaient d’attendre. Pendant que nous travaillions en studio, ces deux albums se sont forgé chacun une existence propre".
Autre difficulté : il est impossible de faire entrer Forest Sun dans une petite boîte, de lui mettre une étiquette. On l’a comparé à Van Morrison, à Jack Johnson, à Ben Harper, mais il est en fait inclassable, trop riche, trop talentueux. Ces deux disques le confirment. Vingt-deux titres en tout et pas un moment faible. Une voix et des mélodies qui accrochent vite, des guitares qui claquent, entre acoustique et électrique, lumineuses, et des textes ciselés comme avec la pointe d’un pinceau. La plupart des morceaux ont été enregistrés en une prise et, comme Forest Sun le dit lui-même, il a régné comme une forme de magie lors de la réalisation de "Harlequin Goodnight" et "So Nice".
Le premier est sans doute plus près des racines folk, avec des accents pop, des arrangements portés ça et là par un violoncelle ("Harlequin Goodnight") ou un dobro ("High And Low") ; les participations vocales de Zack Blizzard, Larkin Gayl ou Sean Hayes ajoutent encore à la beauté de l’ensemble.
Le second, plus rythmé, a un côté plus exotique (world ?) avec des accents reggae ou jazzy, une batterie, une trompette ou un orgue Hammond plus présents. Un titre comme "Trampoline", avec encore Larkin Gayl, est une pure merveille.
En résumé, ce sont deux disques dont on ne peut découvrir toutes les richesses (à supposer que cela soit possible) en qulques écoutes. Depuis, Forest Sun a publié "Just For Fun", un disque pour enfants conseillé aux parents (que je n’ai pas encore eu le plaisir de découvrir). La meilleure nouvelle, cependant, c’est que ce Californien de San Francisco, accompagné de sa compagne Ingrid Serban aux harmonies, viendra nous rendre visite prochainement. Il paraît que c’est sur scène qu’il est le meilleur. Alors rendez-vous début septembre à Calais (La Mauvaise Herbe, le 2) et à Gennevilliers (Cinéma Jean Vigo, le 8).

À ranger entre Elam Blackman et Sean Hayes. Et juste à côté des deux volumes de "Songs For Laura", produits par Forest Sun pour la recherche sur le cancer, avec la participation de nombreux artistes de grand talent.

Sam Pierre

mardi 5 octobre 2010

Matt Harlan - Tips & Compliments


Un bien beau disque, paru en 2009. Cette chronique a été publiée dans Xroads #29


MATT HARLAN ****
Tips & Compliments
Berkalin Records / My Texas Music
Les amis de mes amis ont du talent

Encore un nom qui n'évoquait rien pour moi il y a quelques semaines, jusqu'à ce que je cite celui de John Fullbright (cf. Xroads #26) à Nancy Stitham, A&R de Tom Pacheco (cf. Xroads #29). Elle me parla de ce songwriter texan de talent, ami de John et qui ouvrait quelques concerts pour Tom. Bonne pioche! Cet inconnu nous offre en effet un premier disque d'une grande maturité qui n'a rien de celui d'un débutant.

Comme Guy Clark ou John Prine avant lui, on sent dès les premières notes du premier titre, "Elizabethtown", que le gaillard a mûri son songwriting pendant des années avant de le livrer au public par CD interposé. Il a d'ailleurs, autour d'Houston, la réputation flatteuse d'un songwriter's songwriter, ce qui n'est pas rien. Et les noms que j'ai cités ne doivent rien au hasard car Matt se place d'entrée parmi les grands. Comme Guy et John, il défie les classifications, trop country pour être folk et réciproquement. Townes Van Zandt n'est pas loin non plus, pour la qualité littéraire des textes. Pour la voix, on ira plutôt chercher du côté de deux Chris, Smither et Knight, si l'on a besoin de références.

Cela écrit, si les choses sont ce qu'elles doivent être (ce qui est de plus en plus rare), Matt Harlan sera bientôt lui-même une référence car l'album tient la distance sans que jamais la qualité ne baisse. Pour ce "Tips & Compliments" (pourboires et compliments), Matt s'est attaché les services de Rich Brotherton qui produit et joue de quelques instruments à cordes (dont guitares et mandoline) mais aussi, entre autres, de Warren Hood (violon), Marty Muse (pedal steel) ou Riley Osbourn (claviers). Je pourrais consacrer à chaque titre un paragraphe, tellement les textes (fournis avec le disque) sont riches et variés (je peux fournir à ceux que ça intéresse ce que dit Matt de chaque titre à propos de l'inspiration ou de l'instrumentation). Le simple énoncé de "Waiting For Godot", suffit à attirer l'attention d'un francophone, mais ce titre frappe également par sa beauté portée par les notes d'une guitare acoustique et d'une mandoline. Inversement, "Over The Bridge", inspiré par une gaffe de Barbara Bush sur la situation des sinistrés de l'ouragan Katrina, se distingue par une orchestration riche où brille particulièrement le fiddle de Warren Hood. Pour "Walter", où Matt dit s'aventurer dans le territoire de Townes, Matt est passé au banjo et Rich à la slide guitar, avec un grand bonheur. Ailleurs ("Skinny Trees Of Mississippi"), c'est la basse électrique de Rankin Peters qui tient la vedette et là l'inspiration vient de Jaco Pastorius à l'époque où il accompagnait Joni Mitchell.

J'en reste là mais si j'ai un conseil à donner, c'est celui de vous procurer sans attendre ce disque, apru en 2009, qui fait partie de mes grandes bonnes surprises du moment.

À ranger sur la même étagère que les meilleurs songwriters texans, Guy et Townes.

Sam Pierre

jeudi 30 septembre 2010

John Prine disque à disque - John Prine (1971)



John Prine
Atlantic Records – Novembre 1971
1- Illegal Smile (John Prine)
2- Spanish Pipedream (John Prine)
3- Hello In There (John Prine)
4- Sam Stone (John Prine)
5- Paradise (John Prine)
6- Pretty Good (John Prine)
7- Your Flag Decal Won't Get You Into Heaven Anymore (John Prine)
8- Far From Me (John Prine)
9- Angel From Montgomery (John Prine)
10- Quiet Man (John Prine)
11- Donald And Lydia (John Prine)
12- Six O'clock News (John Prine)
13- Flasback Blues (John Prine)

John Prine: Vocals & Acoustic Guitar
Reggie Young: Lead Guitar
Leo LeBlancPedal Steel Guitar
John Christopher: Rhythm Guitar
Bobby Emmons: Orga
Bobby Wood Pianos
Mike Leech: Bass
Gene Chrisman: Drums, Tambourine on "Flashback Blues"
Bishop Heywood: Percussion, Drums on "Flashback Blues"
Steve Goodman: Harmony Vocal on "Paradise", Acoustic Guitar on "Paradise" & "Flashback Blues"
Dave Prine: Fiddle on "Paradise"Neal Rosengarden: Bass on "Paradise"
Noel Gilbert: Fiddle on "Flashback Blues"
Produced by Arif Mardin
Si l'on se réfère à ce qu'ont écrit sur lui les critiques depuis 1971, si l'on totalise le nombre de ses pairs qui le citent comme influence et se réclament de lui, John Prine est une immense superstar. Malheureusement, le succès commercial (relatif) n'est arivé pour lui que 20 ans et onze albums plus tard avec The Missing Years. Mais revenons-en au commencement. Voici ce qu'écrivit Kris Kristofferson après avoir vu John en été de cette annèe-là: "John Prine nous a pris par surprise au moment de la décompression de fin de nuit après notre dernier show à Chicago. Steve Goodman nous demanda d'aller au club Old Town pour écouter un ami que, d'après lui, nous devions entendre, et comme Steve nous avais épatés toute la semaine avec ses propres chansons, nous avons accepté. Il était vraiment trop tard et nous devions nous lever très tôt; quand nous sommes arrivé à l'Old Town, il n'y avait plus que des rues désertes et des fenêtres obscures. Et le club fermait. Mais le propriétaire nous laissa entrer, poussa quelques chaises près d'une paire de tables et John revint chanter. Peu de choses sont aussi déprimantes que ces chaises empilées tête-bêche sur les tables d'une vieille taverne vide, et nous en étions à ce moment étrange, assis en attendant que ce gamin nous montre ce qu'il savait faire. Et lui, debout, tout seul, les yeux baissés vers sa guitare à se demander ce que diable nous faisions là, les uns et les autres. Il commença à chanter et, dès la fin du premier vers, nous savions que nous entendions quelque chose de différent. Ce devait être comme tomber par hasard sur Dylan la première fois qu'il a chanté à Greenwich Village… Un de ces rares, grands moments, où tout semble valoir la peine d'être vécu… Il chanta une douzaine de chansons, et dut en faire une douzaine de plus. Rien de comparable à ce que j'avais entendu avant: "Sam Stone", "Donald & Lydia". Celle sur les vielles personnes. Il n'a que vingt-quatre ans et il écrit comme s'il en avait deux-cent-vingt. Je ne sais pas d'où il vient mais j'ai une bonne idée de ce vers quoi il va…". Les choses allèrent vite ensuite. Invité par Kris à New York, John Prine n'eut pas besoin de plus de trois chansons pour convaincre Jerry Wexler de le signer chez Atlantic et d'enregister son premier album, à Memphis, sous la direction d'Arif Mardin et avec quelques requins du coin. Le plus grand problème dut être pour John de choisir douze titres parmi l'immense répertoire qu'il avait en réserve. Quand il commença à se produire dans les clubs de Chicago, il se croyait en effet obligé, par respect du public, de venir avec une nouvelle composition chaque soir. Quoiqu'il en soit, de "Illegal Smile" à "Flashback Blues", "John Prine" (c'est le titre de l'album), contient quelques-uns des classiques indémodables du songwriter. "Sam Stone", observation douloureuse sur la guerre du Vietnam; "Paradise", titre écrit pour son père (afin qu'il comprenne qu'il était un songwriter), où l'ami Steve Goodman et le grand frère Dave Prine vinne donner un coup de main; "Hello In There", émouvant hommage aux personne âgées ou "Donald And Lydia"; des titres où l'humour décapant, rôdé sur scène, de John se révèle: "Illegal Smile" ou "Your Flag Decal Won't Get You Into Heaven Anymore"; il y a encore "Quiet Man", "Angel From Montgomery" ou "Far From Me", un moment de grande beauté nostalgique, et puis le dramatique "Six O'Clock News". Bref, pas un moment faible pour ce coup d'essai. À l'époque où toute l'Amérique cherchait un nouveau Dylan, John Prine se révèlait d'emblée bien autre chose que cela. Marqué par le blues et le folk comme Bob, John avait une voix plus typiquement country, parfaitement adaptée à ses mélodies (mais difficilement exportable chez nous, par exemple). Et il apparaissait surtout comme un songwriter sachant manier les mots comme peu avant lui, traçant, avec une précision de l'écriture, une concision, un sens de la formule très personnel, des portraits de ses contemporains, tantôt tendres, tantôt acides, qui s'inscrivaient immédiatement au patrimoine de la chanson américaine. Mais ce n'était que le début…

dimanche 19 septembre 2010

Forest Sun with Ingrid Serban "Twenty Toes in the Sand"

Ils sont venus le 8 septembre au Ciné Jean Vigo à Gennevilliers, à l'invitation de l'ami Jacques Deniel.

Après l'étonnant (un guitar picking dans la lignée de ses compatriotes Bert Jansck ou John Renbourn) Peter Jagger, ils nous ont offert un show très éclectique, avec un bonheur de jouer évidents.

Deux moments forts pour moi: "Trampoline" and "Gurus and Rockstars".

Et, puis, après le set, un mini-concert privé pour quelques privilégiés, 2 titres de Maître Bob en cadeau d'anniversaire (le mien): "She Belongs To Me" et "Tomorrow Is A Long Time".

Beauté et émotion...

De tout coeur, merci...

mardi 20 avril 2010

Donna Ulisse



Aujourd'hui paraît le nouvel CD de Donna Ulisse, Holy Waters, qu'elle appelle son "soul journey". L'inspiration y est très largement religieuse. L'album comporte 13 Titres dont 12 sont écrits ou co-écrits par Donna qui s'affirme plus que jamais comme l'un des grands talents du bluegrass moderne. Le treizième morceau est « Who Will Sing For Me » de Carter Stanley. Vous en saurez plus en lisant Xroads le mois prochain (#30).

En Attendant, vous pouvez vous reporter à la chronique de Walk This Mountain Down publiée dans Xroads #21. Et achetez ce disque si vous ne l'avez déjà fait; il est disponible à un prix très raisonnable chez Amazon France. (http://www.amazon.fr/Walk-This-Mountain-Donna-Ulisse/dp/B001MWNQC4/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=music&qid=1271744652&sr=1-1)



DONNA ULISSE *****
Walk This Mountain Down
Hadley Music Group / CD Baby
Le bonheur en musique

Donna Ulisse (pronounced "You-liss-ee") est née à Hampton, Virginie, dans une famille d'origine en partie italienne où tout le monde chantait. Elle-même fit ses débuts sur scène à l'âge de 3 ans! Elle chanta pour un groupe de western swing avant de rencontrer et d'épouser Rick Stanley. Précision importante: ce dernier est le cousin des Stanley Brothers et Ralph Stanley lui-même vint jouer en compagnie des Clinch Mountain Boys lors de la réception suivant le mariage du couple. Donna ne pouvait donc pas échapper au bluegrass. Sa voix, entendue notamment aux côtés de Jerry Reed, attira vite l'attention des "majors" et c'est chez Atlantic qu'elle publia en 1991 son premier album Trouble At The Door. Ce disque country, de qualité mais sans réelle originalité, resta sans suite et ce fut une longue traversée du désert qui permit à Donna Ulisse-Stanley de découvrir son talent pour l'écriture. "Ma nouvelle passion est le songwriting. J'ai découvert cette partie de moi lors de mon long voyage de retour après un contrat discographique avec une major. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort… Qui a dit cela? Après la fin de mon contrat de chanteuse, je me suis sentie perdue jusqu'à ce que je trouve un stylo et un papier". Retour à la case bluegrass en 2007 pour When I Look Back (dont Donna à écrit ou co-écrit les 14 titres). Une véritable réussite, suivie rapidement de ce Walk This Mountain Down qui confirme le(s) talent(s) de la Dame. 13 titres qui prouvent que l'on a affaire à l'une des meilleures plumes de Nashville et d'ailleurs. Donna a réuni un groupe de musiciens exceptionnels: Scott Vestal (banjo), Rob Ickes (dobro), Andy Leftwich (mandoline et violon), Keith Sewell (guitare et production), Byron House (basse) et quelques voix amies (Claire Lynch, Rick Stanley, Curtis Wright, Jerry Salley, Keith Sewell, Wendy Buckner). La recette est simple mais d'une efficacité totale, telle je me suis rendu sans condition avant la fin de la première écoute. Il est vrai que ce disque, non content d'être proche de la perfection sur tous les plans, est un véritable hymne à la joie de vivre. Le titre « Lovin' Every Minute » en est la meilleure illustration: "Every tear, every smile / Every memory, every mile has you in it / Your constant love kept me strong / Every step along the way, every hour of every day / Because of you I can say that I have spent it / Lovin' every minute". Chanson d'amour, d'un amour (qui dure depuis longtemps) pour quelqu'un qui partage la même passion pour la musique, la même passion pour la vie. Donna est heureuse et le dit, et ce bonheur de vivre la vie qu'elle avait rêvée (même si la réalité déforme quand même un peu les rêves) rejaillit sur chaque seconde de ce disque, un album qui fait que l'on se sent mieux, et meilleur, après l'avoir écouté. Donna vit chaque jour comme un cadeau, heureuse comme un enfant de cinq ans quand il déballe un cadeau. De superbes mélodies, une voix qui enchante, un groupe de musiciens au mieux de leur forme, c'est déjà beaucoup; mais il serait dommage de passer à côté des mots, parce qu'une telle qualité de plume, dans le bluegrass, c'est plutôt rare. Ce disque n'est pas loin, pour moi, d'être celui de l'année. Il sera assurément celui de l'été.

À ranger entre deux disques des Stanley Brothers. Carter serait fier que son nom soit perpétué de si belle manière.

Sam Pierre

mardi 15 septembre 2009

Tift à l'église...

Tift Merritt – Buckingham Solo


Voici une chronique que vous ne lirez pas dans Xroads. Il a été en effet décidé démocratiquement que pour le numéro 22 de votre magazine favori, ce serait celle de Jacques-Eric Legarde qui serait publiée. Après tout, il faut bien que les jeunes auteurs aient l'occasion de s'exprimer.

Vous pouvez néanmoins prendre connaissance de ce à quoi vous avez échappé...

TIFT MERRITT ***
Buckingham Solo
Vella Recordings / Fantasy Records
Encore un autre pays


Tift Merritt aime la scène. Elle a publié trois albums en studio (du moins en solo, car on peut aussi mentionner l'excellent EP country-punk enregistré avec Two Dollar Pistols) et, 4 ans après Home Is Loud, elle nous offre déjà son second album live. Tift Merritt aime l'Europe. Après Paris et la France où elle a trouvé l'inspiration pour Another Country, c'est l'Angleterre, (et plus précisément Buckingham, dans une ancienne église) qu'elle a choisie pour enregistrer ce nouvel opus où elle apparaît totalement seule, s'accompagnant tantôt au piano, tantôt à la guitare (avec aussi quelques notes d'harmonica). Buckingham Solo est d'abord un disque pour les fans qui a d'ailleurs été publié sur le label de Tift, Vella Recordings, quelques semaines avant d'être édité par Fantasy Records. C'est un disque qui offre les chansons dans toute leur nudité, leur vérité, conçu pour ceux qui aiment la musique épurée, sans fioriture. C'est au piano qu'elle débute le set avec "Another Country", avant de passer à la guitare pour "Something To Me" et "Broken". Le son est parfait et l'on a réellement l'impression d'assister à un de ces concerts intimistes qui font la joie des amateurs de musique acoustique. L'inconvénient de ce type d'enregistrement, surtout quand il n'est pas trafiqué ou overdubbé en studio, c'est que les défauts ressortent aussi parfaitement. La voix, qui évolue avec grâce sur un fil invisible perd parfois sa justesse et, sur un titre comme "Tender Branch", au tempo très lent, le piano et les cordes vocales semblent quelque peu désaccordés. Mais c'est cette fragilité, associée au fait que l'artiste ne triche pas, qui font que l'on aime Tift Merritt; quoi qu'il en soit, ces petites imperfections ne réussissent pas à gâcher le plaisir d'ensemble. Tift interprète six titres de Another Country, trois de Tambourine et seulement un de Bramble Rose, qui reste pour moi son plus bel album. Elle termine par une composition inédite, "Do Something Good", et une seule reprise, "I Live For You" signée de George Harrison. Pour ceux qui ont envie découvrir Tift Merritt, je conseillerai plutôt de commencer par Bramble Rose ou Another Country. Mais pour les autres, Buckingham Solo constitue un excellent complément à une discographie qui commence à s'étoffer.

À ranger à côté de Home Is Loud, enregistré avec un groupe, pour comparer.

Sam Pierre

lundi 31 août 2009

Straight to the heart

Gretchen et Tom (et réciproquement)


Il y a plusieurs mois déjà, j'annonçais la parution de l'album de Gretchen Peters (avec Tom Russell) "One To The Heart, One To The Head". Ce disque prometteur ne m'a pas déçu, loin de là. Six mois après, il figure défiitivement tout en haut de la liste des albums préférés de 2009.



Voici ce que j'écrivais à son sujet (Xroads #17):


GRETCHEN PETERS with TOM RUSSELL *****
One To The Heart, One To The Head
Scarlet Letter Records / Frontera Records
Ode à l'Ouest


Ce disque n'aurait pas vu le jour si, en 2004, après la parution de "Halcyon", Tom Russell n'avait adressé à Gretchen Peters une véritable lettre de fan, l'invitant à chanter sur son prochain album, ce qui lui permit de toucher un plus vaste public. Tom eut ensuite l'idée d'enregistrer un album dédié à l'Ouest Américain auquel les deux artistes sont attachés. Gretchen le dit ainsi: "J'ai grandi dans le Colorado, où la terre et le ciel vous rappellent constamment l'immensité de la nature et du temps. Je sais que l’Ouest fait partie de moi-même et lorsque j’ai commencé avec Tom Russell à choisir les chansons de cet album, la voix de l’Ouest a de nouveau résonné en moi. Les thèmes tels que la liberté, la mort, le renouveau, la notion primordiale de grandeur et d'intemporalité de l'Ouest sont les éléments que j’ai souhaité graver sur cet album. Je suis reconnaissante à Tom d’avoir été la source d’inspiration de ce disque et d’avoir veillé à la réalisation de cette vision". Quant à Tom, il parle de ce side-project "western", co-produit avec Gretchen, en ces termes: "Je suis un invité sur ce disque. Gretchen est la chanteuse de Dieu ("God's chanteuse")". On ne peut plus clairement poser les choses. Nous avons affaire à un disque de Gretchen Peters. Mais que les fans de Tom se rassurent, depuis les illustrations du livret jusqu'à la tonalite générale du disque en passant, bien sûr, par sa participation, vocale uniquement si l'on excepte quelques percussions, sa présence est bien palpable. Comme l'est celle de Barry Walsh, le claviériste extraordinaire et attitré de Gretchen qui signe l'instrumental d'ouverture "North Platte" avant d'enchaîner, toujours au piano sur le morceau de Mary McCaslin "Prairie In The Sky" où la voix de Gretchen, céleste, fait déjà des merveilles. Puis arrive l'accordéon, ici tenu par Joel Guzman pour un "Billy 4" de Bob Dylan, extrait de "Pat Garrett & Billy The Kid", premier duo de cet album. C'est ensuite la voix de Gretchen qui nous emmène toujours plus haut avec "Blue Mountains Of Mexico", signé Ian Tyson "Cowboys Born Out Of Their Time" de Tom Dundee (avec cette fois Barry Walsh à l'accordéon), et la seule composition (nouvelle) de Tom, "Guadalupe". Tom revient pour 4 duos, "Sweet And Shiny Eyes", "Wolves" de Stephanie Davis, un sublime "Snowin On Raton" de Townes Van Zandt, sans qui l'Ouest (et le Sud) musical ne serait pas ce qu'il est, et le traditionnel "Old Paint". C'est alors que Gretchen entame un bouquet final de toute beauté où sa voix, toujours en retenue et en nuances, fait des prodiges avec "My Last Go Round" de Rosalie Sorrels, "If I Had A Gun" (signé par Diana Jones et trois de ses copines) dont est extrait le titre de l'album "One To The Heart, One To The Head", et "Prairie Melancholy", entrecoupés par la reprise de "North Platte". Pour Tom, "Ce disque est un chef d'œuvre du western, il ne comporte pas une mauvaise chanson", et encore: "J'ai écouté la voix de Gretchen. Irréelle. Il n'y avait pas d'autre raison de faire ce disque que l'amour de l'Ouest et le désir de faire prendre conscience aux amateurs de musique western du pouvoir de Gretchen". L'objectif est plus que largement atteint. Plus qu'un disque de "cowboys", cet album est la bande-son d'un western imaginaire dont les images sont celles que Gretchen et Tom ont si bien su nous suggérer, celles de la grandeur et de l'immensité de l'Ouest américain, qui défilent à l'infini dans nos cœurs et dans nos têtes.


À ranger, dans quelques années, pas loin des œuvres du genre de Ian Tyson, Tom Russell ou Michael Martin Murphy.

Sam Pierre


Je n'ai donc pas changé d'avis au sujet de cette œuvre de grande beauté. Mais comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, celle qui concerne la prochaine parution de "Blood And Candle Smoke", nouvel album de Tom Russell, ne peut que réjouir ceux qui aiment Gretchen.



Gretchen est présente ainsi que ses deux fidèles acolytes, Barry Walsh et David Henry. On note également la présence des membres de Calexico Joey Burns, John Convertino et Jacob Valenzuela.


Douze titres (dont une autre version de "Guadalupe"), tous de la plume de Tom, sont au menu:

1- East Of Woodstock, West Of Viet Nam

2- Santa Ana Wind

3- Nina Simone

4- Criminology

5- Crosses Of San Carlos

6- Finding You

7- Mississippi River Runnin' Backwards

8- The Most Dangerous Woman In America

9- Don't Look Down

10- Guadalupe

11- American Rivers

12- Darkness Visible


Vous pourrez lire une présentation de chacun des titres ("Series of Dreams") en rendant visite au blog de Tom Russell, "Notes from The Borderland" http://www.russelltom.blogspot.com/







dimanche 24 mai 2009

Elvis Costello goes bluegrass

"Secret, Profane & Sugarcane"


Voici un disque que je n'ai pas chroniqué pour Xroads. L'excellent Tony Grieco l'a fait, et bien fait (cf. Xroads #19 en vente dans tous les bons kiosques). Cet album sortira début juin des 2 côtés de l'Atlantique.
Elvis Costello alias Declan Patrick Aloysius MacManus, tout le monde le connaît depuis 1977, époque où, porté par la vague punk, il faisait une entrée fracassante dans le milieu de la musique rock. Personne n'a oublié des titres comme "Alison" ou "Watching The Detectives", ni l'album "My Aim Is True".
Depuis, Elvis 2 a démontré qu'il était d'une espèce à part, un touche à tout de génie qui réussit dans tout ce qu'il tente (avec, quand même, des hauts et des bas): rock, musique de chambre, country, jazz...
Pour son nouveau disque, il a choisi une approche "tout acoustique" (avec juste quelques notes de guitare électrique dues à T Bone Burnett, qui produit aussi l'album).
Plus étonnant, notre "Imposter" favori s'est entouré de la fine fleur du bluegrass. Jugez-en vous-même: Jerry Douglas (dobro), Stuart Duncan (violon et banjo), Mike Compton (mandoline), Jeff Taylor (accordéon) et Dennis Crouch (contrebasse). Et, au cas où cela ne suffirait pas, Jim Lauderdale (un des talents les plus immenses et les plus mésestimés de la country music) assure les harmonies. Dans le rôle de la cerise sur ce beau gâteau, on trouve Emmylou Harris pour une apparition vocale sur "The Crooked Line".
Le disque est composé de morceau d'origines différentes. Quatre d'entre eux, en particulier, ont été écrits pour un opéra inachevé sur la vie de Hans Christian Andersen ("How Deep Is the Red?", "She Was No Good", "She Handed Me a Mirror" et "Red Cotton". Deux ont été écrits pour Johnny Cash dont "Hidden Shame" qui figue sur l'album "Boom Chicka Boom". On touve aussi "Down Along The Wines And Spirits" écrit à l'origine pour Loretta Lynn (qui co-écrit ici "I Felt The Chill"). T Bone Burnett, le "Coward Bother" et l'un des partenaires favoris d'Elvis co-signe lui "Sulphur To Sugarcane" et "The Crooked Line". L'album se conclut sur un titre popularisé par Bing Crosby: "Changing Partners".
Je n'aurais peut-être mis que 4 étoiles à ce disque si je l'avais chroniqué. Elvis n'atteint pas, en termes d'écriture, les somments qu'il a pu côtoyer pour "Spike" ou "King of America". L'aspect un peu patchwork de l'album est également sensible à l'écoute. Et puis Elvis ne cherche pas à faire beau en matière vocale (mais c'est aussi pour cela qu'on l'aime), conservant ce côté teigneux qui est sa marque de fabrique. Mais un telle somme de talents ne peut pas produire un mauvais album, et cet album est excellent.
Comme le dit si bien Tony: à ranger au rayon "bonne surprise" ou même "surprise" tout court.

Pour plus d'informations et quelques sons, rendez-vous ici: http://www.elviscostello.com/

PS: pour ceux qui en douteraient, il s'agit bien d'un album d'Elvis Costello, pas d'un album de bluegrass de plus. Le style reste reconnaissable, les harmonies ne sont pas celles du bluegrass. Un titre comme "The Crooked Line" a une saveur cajun avec le crin-crin et l'accordéon mais, dans l'ensemble, tous ces titres pourraient se parer d'une autre instrumentation, plus électrique. Cela écrit, au bout de 3 écoutes, on a du mal à imaginer un autre casting que ce super-groupe de circonstance.

mercredi 6 mai 2009

The Survivor

Charlie Louvin est un survivant. Il aura 82 ans en juillet, plus de 60 ans de métier, depuis ses débuts avec son frère Ira, en 1946.


Les Louvin Brothers se sont produits ensemble jusqu'à leur rupture en 1963, avant qu'Ira ne trouve la mort dans un accdent de voiture le 20 juin 1965, à 41 ans. Ira était parti avec sa mandoline et sa merveilleuse voix de ténor. L'influence des deux frères et de leurs harmonies vocales sur les générations suivantes est toujours réelle.


Charlie est resté seul et poursuit depuis une carière solo, démontrant même un regain d'activité ces dernières années.


Il a ainsi publié en 2008 deux albums qui ont été chroniqués dans Xroads: "Steps To Heaven" (#13) et "Charlie Louvin Sings Murder Ballads And Disaster songs" (#15).


Voici ces deux chroniques:







CHARLIE LOUVIN ***
Steps To Heaven
Tompkins Square

En attendant…

Charles Elzer Loudermilk (cousin de John D. Loudermilk, auteur de l'immortel "Tobacco Road"), plus connu sous le nom de Charlie Louvin, est né le 27 juillet 1927. Ses débuts dsiscographiques, aux côtés de son frère Ira datent de 1946. L'influence des Louvin Brothers sur les générations suivantes (à commencer par Gram & Emmylou) n'est plus à démontrer. Et pourtant, Charlie ne décroche pas. Un an après Charlie Louvin enregistré en compagnie d'une bande de (plus ou moins) jeunes (Jeff Tweedy, Elvis Costello, Will Oldham…), il revient avec ce Steps To Heaven qui en est l'exact opposé. Peu de monde autour de lui, sous la férule du producteur Mark Nevers: le piano de Derrick Lee, la basse et la guitare de Chris Scruggs (fils de Gail Davies et Gary Scruggs et petit-fils d'Earl Scruggs) et les voix gospel des (trois) sœurs McCrary. C'est un disque austère, sans fioriture, mais loin d'être triste. À leurs débuts, les Louvins ont mis plusieurs années avant d'avoir le droit d'enregistrer autre chose que du gospel mais, aujourd'hui, Charlie y revient de son plein gré avec 8 titres traditionnels et 2 reprises du duo fraternel: "There's A Higher Power" et "Just Rehearsing". La voix de notre homme est l'élément central du disque, tantôt lasse, tantôt forte et pleine de confiance, elle véhicule essentiellement un message d'espoir (celui de reformer, là-haut, l'impossible duo?), d'acceptation et non de peur de la mort, évitant le piège du prêchi-prêcha trop souvent inhérent à ce type d'enregistrement. Tout n'est pas parfait, certes, le chœur gospel est parfois un peu envahissant mais des titres comme "How Beautiful Heaven Must Be" ou "If We Never Meet Again This Side of Heaven" donnent le frisson. En attendant…




À ranger tout près coffret Close Harmony, intégrale des Louvin Brothers publiée chez Bear Family Records, en attendant Charlie Louvin Sings Murder Ballads & Disaster Songs prévu pour le 9 décembre prochain. Car Charlie nest pas pressé de les franchir, ces Steps To Heaven!



Sam Pierre








CHARLIE LOUVIN ***
Sings Murder Ballads And Disaster Songs
Tompkins Square


L'heure du crime




Charlie Louvin nous avait laissés il y a peu (cf. Xroads #13) avec son Steps To Heaven. Comme promis, il est de retour avec ses Murder Ballads And Disaster Songs. Là encore, il puise largement dans le répertoire traditionnel avec les plus que rabâchés "Darling Corey", "Wreck Of The Old 97" ou "Mary Of The Wild Moor". Il y a aussi "Dark As A Dungeon" de Merle Travis, "Wreck On The Highway" de Dorsey Dixon, "Is This My Destiny" d'Helen Carter ou "My Texas Girl" de la Carter Family. Bref, rien d'original, mais si la tonalité générale de Steps To Heaven était largement teintée d'optimisme, on est ici à l'opposé, thématique oblige. Sur le plan vocal, les chœurs des sœurs McCrary laissent place à quelques harmonies essentiellement mâles. Orchestralement, le contraste est également net avec l'apparition des fiddles de Andrew Bird et Billy Contreras et, ça et là, d'une steel guitar (Chris Scruggs) ou d'un pipe organ (Matt Allen) qui viennent jouer un contre-chant du meilleur effet. Dans l'esprit et dans le dépouillement, on n'est pas loin de Will The Circle Be Unbroken du Nitty Gritty Dirt Band. La voix de Charlie Louvin est parfaitement à l'aise dans ce répertoire – il est vrai qu'il a connu son lot de tragédies – notamment quand elle s'élève seule (et là, on doit saluer la production impeccable de Mark Nevers) mettant particulièrement bien en relief le côté sombre du répertoire. Rien d'original, disais-je plus haut? Au fil des écoutes, cette impression de déjà entendu laisse cependant place à autre chose, on entend les confidences d'un vieil ami dont la voix chaude nous fait penser à celle de nos aïeux quand, enfants, nous étions suspendus à leurs lèvres fatiguées qui savaient si bien nous conter des histoires d'un autre temps. Des titres comme "Down With The Old Canoe" et "The Little Grave In Georgia" en sont la meilleure illustration, et trop vite on arriveà la fin de l'album, qui nous laisse le sentiment d'une douce mélancolie. See you soon, Charlie...




À ranger à côté de Steps To Heaven!




Sam Pierre


Et si vous pouvez, procurez vous l'intégrale des Louvin Brothers (coffret 8 CD): Close Harmony. Plaisir garanti!










mardi 3 février 2009

Chuck Brodsky - Two Sets

À ceux qui ont la nostalgie du Dylan des années 60, je recommande Chuck Brodsky. Il a une voix, un talent de raconteur d'histoires et une qualité de jeu de guitare acoustique qui le placent parmi les meilleurs héritiers de Woody et Bob, aux côtés de John Prine ou Sammy Walker.

C'est aussi un passionné de baseball, mais dans ce domaine, en bon Français qui se respecte, je ne le suivrai pas.
Pour en savoir plus sur Mr. Chuck, 2 adresses: http://www.chuckbrodsky.com/ et http://www.myspace.com/chuckbrodsky


Cette chronique a été publiée dans Xroads #13

CHUCK BRODSKY ****
Two Sets
Waterbug
Le peintre des mots

Chuck Brodsky est né en 1960 à Philadelphia, ce qui l'a empêché de concourir pour le titre de "nouveau Dylan", challenge très en vogue vers 1970. Ce détail chronologique mis à part, il aurait été le mieux placé, aux côtés de John Prine et Sammy Walker pour l'emporter. Il a tout: la voix, les textes, un jeu de guitare très musical, auxquels il ajoute une passion pour le baseball (qui le poussa même à publier The Baseball Ballads en 2002). Il n'a longtemps été qu'un nom pour moi, quelqu'un que je me promettais d'écouter jusquà ce que je me rende sur son MySpace et que je télécharge (c'est payant) sa première œuvre enregistrée: Live From Spam City, à l'origine une cassette auto-produite datant de 1991. Depuis, 7 albums studio sont parus, tous de grande qualité, avant ce Two Sets sur Waterbug, label de l'ami Andrew Calhoun. En 25 chansons de sa plume, seul avec sa guitare, sur 131 minutes, Chuck revisite son répertoire (2 titres nouveaux seulement) et nous démontre l'étendue de son talent d'entertainer à l'humour acéré (cf. la dizaine de passages parlés ici présents ou "Armitage Shanks", l'un des titres inédits). Bien sûr, cela semble un peu long pour un néophite, bien sûr il est préférable de comprendre l'Anglais pour apprécier vraiment l'ensemble, il n'empêche que l'on a affaire à l'un des secrets les mieux gardés de la scène folk américaine, l'un des songwriters qui sortent du lot, l'un de ceux que je rêve de voir à la Pomme d'Ève (ah bon, c'est fini les concerts?) dont la dimension est parfaitement adaptée. Les thèmes qui lui tiennent à cœur sont tous présents: la destruction des cultures par la mondialisation ("Trees Falling"), le baseball ("Dock Ellis' No No"), la politique ("He Came To Our Town"), les droits civiques ("Dangerous Times") et quelques portraits pleins d'humanité dignes du peintre des mots qu'est Chuck. Mais c'est un tableau plein d'humour que je citerai pour terminer: "On Christmas I Got Nothing", petit chef d'œuvre d'humour juif ("But on Christmas I got nothing, 'cause we were Jews").

À ranger entre Live de John Prine et In Concert de Sammy Walker, pas loin de Radio de Chuck Brodsky, sans doute le meilleur disque pour aborder l'artiste.

Sam Pierre

lundi 26 janvier 2009

Pour le coeur et pour la tête

Bientôt entre vos oreilles, le nouveau disque de Gretchen Peters (www.myspace.com/gretchenpeters) s'annonce des plus passionnants. Pensez donc, il s'agit d'un album de Gretchen Peters with Tom Russell: "One To The Heart, One To The Head". Tom Russell lui-même le dit: "je ne suis que l'invité sur le disque de Gretchen".




Je ne connais pas encore ce disque qui va paraître dans les prochains jours mais, lorsque deux des plus grands songwriters (et singers) s'unissent (surtout quand rien ne les y oblige), on ne peut qu'être optimiste quant au résultat... Gretchen le dit: "Tom and me are both very excited about this project". Et moi, j'attends avec ilmpatience.

L'album est une forme d'hommage à l'Ouest Américain mais ce n'est pas pour autant un album de Western ou de Cowboys. Il y a des reprises: Bob Dylan ("Billy 4"), Townes Van Zandt ("Snowin On Raton"), Ian Tyson ("Blue Mountains Of Mexico")... Une seule composition personnelle ("Guadalupe" de Tom chanté par Gretchen)... À suivre dans un prochain numéro (#17?) de Xroads.

En attendant, je vous invite à vous immerger dans la (belle et passionnante) discographie de Gretchen Peters, malheureusement trop peu connue par ici. Elle avait déjà chanté sur 2 des derniers albums de Tom Russell. Je vous l'avais également sommairement présentée dans le spécial Xroads "Génération folkeuses".

THE SECRET OF LIFE (1996)


GRETCHEN PETERS (2000)


HALCYON (2004)


TRIO - Live 2004 (2005)


BURNT TOAST & OFFERINGS (2007)


NORTHERN LIGHTS (2008)





Enjoy !!!

mercredi 14 janvier 2009

Loudon Wainwright III: Recovery

Loudon Wainwright III fait partie de mon univers depuis 1972, année de la parution de son troisième album, sobrement intitulé "Album III". Je me rappelle l'avoir acheté, à Nancy, en même temps que le nouveau disque de Georges Brassens, que j'allais voir le surlendemain à Bobino. LWIII faisait partie de la cohorte des "nouveaux Dylan" (au même titre que John Prine, par exemple). C'était en effet l'époque ou Bob s'était égaré dans la country music ou la grande variété, décevant ceux qui voyaient en lui un nouveau prophète et éprouvaient le besoin de lui trouver un héritier. Loudon en fera d'ailleurs plus tard une chanson "Talking New Bob Dylan". Loudon n'était pas un prophète, il avait plus une approche journalistique du monde qui l'entourait, écrivant des chansons qui étaient autant de billets trempés dans le vitriol d'un humour plein d'auto-dérision.
Cette chronique m'a permis de pousser un cri car j'avais envie de rendre justice à Loudon dont la popularité n'a jamais été aussi forte que celle de ses enfants Rufus (surtout) et Martha (il y a aussi maintenant leur demi-soeur Lucy). Mais quel que soit le talent des enfants, je considère celui du père comme infiniment supérieur ainsi que le démontrent les 24 ou 25 albums parus à ce jour. On est bien entendu pas tenu d'être d'accord avec cette opinion.
Ce "Recovery" reprend des titres extraits des 4 premiers albums de Mr. Wainwright. C'est un excellent album, bénéficiant de la production top niveau de Joe Henry. Je préfère pourtant les originaux, conscient cependant qu'il est plus facile d'entrer dans l'univers particulier de l'artiste en commençant par la fin.
Pour l'anecdote, un titre de de LWIII ("The Swimming Song") a été adapté en Français par Jean-Michel Caradec sous le titre de "Dans ma peau". C'est l'occasion pour mois de saluer ce troubadour de talent, trop tôt disparu.
Je signalerai, pour terminer, que la réédition des 2 premiers albums de Loudon ("Loudon Wainwright III" et "Album II") a été chroniquée dans Crossroads #44 sous la plume de Hugues Orsetti.


Cette chronique est parue dans Xroads #12

LOUDON WAINWRIGHT III ***
Recovery
(Yep Roc Records)
Assez!

J'en ai assez! Vraiment! Assez que l'on ne parle de Loudon qu'incidemment en évoquant Martha ou Rufus! Assez que l'on s'extasie devant Jeff en oubliant Tim (accessoirement que l'on oublie que Leonard a écrit et chanté "Hallelujah"). Assez que l'on oublie ce que l'on doit à cette génération éclose à la fin des années 60. Loudon Wainwright, le troisième, doit en avoir assez aussi pusiqu'il ressort 13 titres issus de ses quatre premiers albums pour leur faire un lifting, chez Yep Roc Records. Besoin d'argent, question de droits à récupérer, d'un nouveau marché à conquérir? Peu importe, le résultat est là. Comme toujours, Joe Henry (qui avait déjà produit Strange Weirdos) est aux manettes avec sa fine équipe: Greg Leisz, David Piltch, Patrick Warren, Jay Bellerose. Je me garderai bien d'émettre un avis trop tranché sur cet album. Je n'en avais pas besoin. J'ai toujours mes 33 tours d'époque, soigneusement repiqués sur CDR quand même (ils ont depuis été réédités en CD) et je n'ai pas besoin d'autre chose. Je n'avais pas absolument envie d'entendre "The Drinking Song", "School Days", "Be Careful There's A Baby In The House" ou "The Man Who Couldn't Cry" par un Loudon dont la voix a perdu la couleur papier-émeri qui lui allait si bien. Mais pour ceux qui ont eu la chance de naître 20 ou 30 ans après moi, ce disque est presque un must. Les textes n'ont rien perdu de leur humour ni les mélodies de leur acidité. Et puis il est là pour rappeler qu'il y avait une vie avant Martha et Rufus. D'ailleurs LWIII avait écrit, il y a longtemps. "Little Martha" et "Rufus Is A Tit Man", tous deux absents de Recovery.

À écouter, parce que c'est un bon disque et à comparer aux versions originales que l'on aura envie d'entendre, forcément. À classer ensuite, en connaissance de cause.

Sam Pierre

dimanche 11 janvier 2009

Friends from myspace: Josh Langston

Peu de temps après le début de ce blog, j'ai sacrifié à la mode (imitant par là-même, une nouvelle fois, mon maître JEL) et j'ai ouvert mon "myspace": http://www.myspace.com/sampierre23


Rien de révolutionnaire, pas (encore) de jukebox, simplement une liste d'amis, soigneusement choisis que vous pourrez découvrir, si vous le souhaitez, en cliquant sur le lien idoine.


Soigneusement choisis parce que je les ai sollicités et qu'ils ont répondu favorablement à mon invitation. Aucune chance de rencontrer chez moi quelqu'un qui ne soit pas en lien avec la musique que je m'efforce de défendre, tant bien que mal.


J'ai aussi été sollicité par un certain nombre de myspacers, mais je n'ai donné suite qu'à 3 demandes. David Bradley, un Anglais émigré à Nashville, au parcours atypique, dont je parlerai sans doute plus tard. Bethany Dick, une violoniste, mais aussi singer-songwriter, qui met de la dynamite dans son bluegrass (et vous offre en téléchargement gratuit son dernier EP que l'on peut obtenir en payant chez CD Baby).


Et puis, il y a Josh Langston que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam avant qu'il ne me sollicite.


Joshua Langston m'a intéressé, à différents titres. D'abord parce qu'il fait partie de cette scène du Texas dont la richesse m'étonne un peu plus chaque jour. Ensuite parce qu'il fait partie des gens qui croient en ce qu'ils font et se battent pour exister: il donne des concerts chaque fois qu'il le peut, parce que la scène est vraiment sa raison de vivre; et il passe beaucoup de temps sur myspace, pour faire du marketing et présenter sa musique au plus grand nombre (http://www.myspace.com/joshlangston).


Josh a publié 2 albums dont la renommée n'a pas dépassé les frontières du Texas. Le premier est paru en janvier 2004 et s'intitule "Walkin' Away"




C'est un disque essentiellement acoustique qui comprend 12 compostions de Josh ainsi qu'un morceau caché signé Charlie Daniels.

L'ariste se révèle un auteur-compositeur de talent et un chanteur passionné, dans un registre pas très éloigné de celui d'un Steve Earle tendance "Angry Young Man", d'un Ryan Bingham ou d'un Robert Earl Keen, Jr.

Autour de lui, quelques musiciens de talent: Jeremy Watkins (harmonies et violon), John Peyton (Harmonica), Chad Maudlin (basse et guitare lead), Zeke Martinez (batterie) et surtout Milo Deering (steel guitare, Dobro, mandoline, violon) qui illumine l'album de ses interventions. Milo s'est également fait remarquer (par moi, n tout cas) en compagnie d'un autre Texan, Houston Marchman, sur l'album "Key To The Highway", paru en 2006 (cf. à cet égard la chronique de "Naked" par Jacques-Eric Legarde sur Xroads #9.

En mai 2005, parut "Ashes From Embers" par Josh Langston and the Joint Chiefs




Les Joint Chiefs, ce sont Mike Luna (lead guitare), Dave Boyd (basse) et Raymond Earwood (batterie). Le casting (la photo aussi) indique clairement un changement de style. On est cette fois plus proche de ZZ Top que de "Walkin' Away", même si l'accent est davantage mis sur le songwritingque sur la virtuosité du guitariste. 10 titres dont 7 compositions de Josh et une de Dave Boyd & Mike Luna, et un titre caché - et acoustique - "Oh My Sweet Carolina" de Ryan Adams. Il est certain que l'ensemble me plait moins que celui de l'album précédent. Néanmoins, c'est un disque qui s'écoute avec plaisir parce que la qualité des compositions est toujours là. Et l'on sent que Josh Langston, à la voix souvent rageuse, met son coeur et son âme dans chacune des ses interventions.

Ensuite? Josh Langston prépare un nouvel album, qui reviendra à une conception plus acoustique. Le début de l'enregistrement est prévu pour février mais le nerf de la guerre, l'argent, manque: "We are still about $10,000 (U.S.) short and any help we can get with that would be fantastic and much appreciated".

Si vous souhaitez, comme moi, faire partie de l'aventure, il vous suffit de vous rendre sur ici et de cliquer sur le bouton "Donate".