mardi 5 octobre 2010

Matt Harlan - Tips & Compliments


Un bien beau disque, paru en 2009. Cette chronique a été publiée dans Xroads #29


MATT HARLAN ****
Tips & Compliments
Berkalin Records / My Texas Music
Les amis de mes amis ont du talent

Encore un nom qui n'évoquait rien pour moi il y a quelques semaines, jusqu'à ce que je cite celui de John Fullbright (cf. Xroads #26) à Nancy Stitham, A&R de Tom Pacheco (cf. Xroads #29). Elle me parla de ce songwriter texan de talent, ami de John et qui ouvrait quelques concerts pour Tom. Bonne pioche! Cet inconnu nous offre en effet un premier disque d'une grande maturité qui n'a rien de celui d'un débutant.

Comme Guy Clark ou John Prine avant lui, on sent dès les premières notes du premier titre, "Elizabethtown", que le gaillard a mûri son songwriting pendant des années avant de le livrer au public par CD interposé. Il a d'ailleurs, autour d'Houston, la réputation flatteuse d'un songwriter's songwriter, ce qui n'est pas rien. Et les noms que j'ai cités ne doivent rien au hasard car Matt se place d'entrée parmi les grands. Comme Guy et John, il défie les classifications, trop country pour être folk et réciproquement. Townes Van Zandt n'est pas loin non plus, pour la qualité littéraire des textes. Pour la voix, on ira plutôt chercher du côté de deux Chris, Smither et Knight, si l'on a besoin de références.

Cela écrit, si les choses sont ce qu'elles doivent être (ce qui est de plus en plus rare), Matt Harlan sera bientôt lui-même une référence car l'album tient la distance sans que jamais la qualité ne baisse. Pour ce "Tips & Compliments" (pourboires et compliments), Matt s'est attaché les services de Rich Brotherton qui produit et joue de quelques instruments à cordes (dont guitares et mandoline) mais aussi, entre autres, de Warren Hood (violon), Marty Muse (pedal steel) ou Riley Osbourn (claviers). Je pourrais consacrer à chaque titre un paragraphe, tellement les textes (fournis avec le disque) sont riches et variés (je peux fournir à ceux que ça intéresse ce que dit Matt de chaque titre à propos de l'inspiration ou de l'instrumentation). Le simple énoncé de "Waiting For Godot", suffit à attirer l'attention d'un francophone, mais ce titre frappe également par sa beauté portée par les notes d'une guitare acoustique et d'une mandoline. Inversement, "Over The Bridge", inspiré par une gaffe de Barbara Bush sur la situation des sinistrés de l'ouragan Katrina, se distingue par une orchestration riche où brille particulièrement le fiddle de Warren Hood. Pour "Walter", où Matt dit s'aventurer dans le territoire de Townes, Matt est passé au banjo et Rich à la slide guitar, avec un grand bonheur. Ailleurs ("Skinny Trees Of Mississippi"), c'est la basse électrique de Rankin Peters qui tient la vedette et là l'inspiration vient de Jaco Pastorius à l'époque où il accompagnait Joni Mitchell.

J'en reste là mais si j'ai un conseil à donner, c'est celui de vous procurer sans attendre ce disque, apru en 2009, qui fait partie de mes grandes bonnes surprises du moment.

À ranger sur la même étagère que les meilleurs songwriters texans, Guy et Townes.

Sam Pierre

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