mercredi 14 janvier 2009

Loudon Wainwright III: Recovery

Loudon Wainwright III fait partie de mon univers depuis 1972, année de la parution de son troisième album, sobrement intitulé "Album III". Je me rappelle l'avoir acheté, à Nancy, en même temps que le nouveau disque de Georges Brassens, que j'allais voir le surlendemain à Bobino. LWIII faisait partie de la cohorte des "nouveaux Dylan" (au même titre que John Prine, par exemple). C'était en effet l'époque ou Bob s'était égaré dans la country music ou la grande variété, décevant ceux qui voyaient en lui un nouveau prophète et éprouvaient le besoin de lui trouver un héritier. Loudon en fera d'ailleurs plus tard une chanson "Talking New Bob Dylan". Loudon n'était pas un prophète, il avait plus une approche journalistique du monde qui l'entourait, écrivant des chansons qui étaient autant de billets trempés dans le vitriol d'un humour plein d'auto-dérision.
Cette chronique m'a permis de pousser un cri car j'avais envie de rendre justice à Loudon dont la popularité n'a jamais été aussi forte que celle de ses enfants Rufus (surtout) et Martha (il y a aussi maintenant leur demi-soeur Lucy). Mais quel que soit le talent des enfants, je considère celui du père comme infiniment supérieur ainsi que le démontrent les 24 ou 25 albums parus à ce jour. On est bien entendu pas tenu d'être d'accord avec cette opinion.
Ce "Recovery" reprend des titres extraits des 4 premiers albums de Mr. Wainwright. C'est un excellent album, bénéficiant de la production top niveau de Joe Henry. Je préfère pourtant les originaux, conscient cependant qu'il est plus facile d'entrer dans l'univers particulier de l'artiste en commençant par la fin.
Pour l'anecdote, un titre de de LWIII ("The Swimming Song") a été adapté en Français par Jean-Michel Caradec sous le titre de "Dans ma peau". C'est l'occasion pour mois de saluer ce troubadour de talent, trop tôt disparu.
Je signalerai, pour terminer, que la réédition des 2 premiers albums de Loudon ("Loudon Wainwright III" et "Album II") a été chroniquée dans Crossroads #44 sous la plume de Hugues Orsetti.


Cette chronique est parue dans Xroads #12

LOUDON WAINWRIGHT III ***
Recovery
(Yep Roc Records)
Assez!

J'en ai assez! Vraiment! Assez que l'on ne parle de Loudon qu'incidemment en évoquant Martha ou Rufus! Assez que l'on s'extasie devant Jeff en oubliant Tim (accessoirement que l'on oublie que Leonard a écrit et chanté "Hallelujah"). Assez que l'on oublie ce que l'on doit à cette génération éclose à la fin des années 60. Loudon Wainwright, le troisième, doit en avoir assez aussi pusiqu'il ressort 13 titres issus de ses quatre premiers albums pour leur faire un lifting, chez Yep Roc Records. Besoin d'argent, question de droits à récupérer, d'un nouveau marché à conquérir? Peu importe, le résultat est là. Comme toujours, Joe Henry (qui avait déjà produit Strange Weirdos) est aux manettes avec sa fine équipe: Greg Leisz, David Piltch, Patrick Warren, Jay Bellerose. Je me garderai bien d'émettre un avis trop tranché sur cet album. Je n'en avais pas besoin. J'ai toujours mes 33 tours d'époque, soigneusement repiqués sur CDR quand même (ils ont depuis été réédités en CD) et je n'ai pas besoin d'autre chose. Je n'avais pas absolument envie d'entendre "The Drinking Song", "School Days", "Be Careful There's A Baby In The House" ou "The Man Who Couldn't Cry" par un Loudon dont la voix a perdu la couleur papier-émeri qui lui allait si bien. Mais pour ceux qui ont eu la chance de naître 20 ou 30 ans après moi, ce disque est presque un must. Les textes n'ont rien perdu de leur humour ni les mélodies de leur acidité. Et puis il est là pour rappeler qu'il y avait une vie avant Martha et Rufus. D'ailleurs LWIII avait écrit, il y a longtemps. "Little Martha" et "Rufus Is A Tit Man", tous deux absents de Recovery.

À écouter, parce que c'est un bon disque et à comparer aux versions originales que l'on aura envie d'entendre, forcément. À classer ensuite, en connaissance de cause.

Sam Pierre

3 commentaires:

  1. Voilà un coup de gueule bien justifié! mais il ne faut pas oublier la maman et la tante, Kate et Anna McGarrigle... j'adore leur premier album sur lequel justement elle reprenait The Swimming Song... qu'a également repris Vetiver l'année dernière sur Thing of The Past... bref je serais curieux d'entendre cette version française.

    RépondreSupprimer
  2. Je ne suis pas de la même génération, mais j'aime bien Loudon Wainwright et j'ignore tout de Martha. Par contre je préfère écouter Recovery plutôt que les originaux. Mes oreilles sont habituées aux résolutions sonores modernes. Quant à Jeff Buckley, il faut lever le malentendu: il s'est inspiré de la version de John Cale, celle de Leonard Cohen lui semblant un peu trop kitsch.

    RépondreSupprimer