"In My Blood"
Le Texan à la longue barbe doit en être à son cinquième ou sixième album. Mais celui-ci est peut-être le moins country. Il se situe dans un courant alternatif qui utilise quand même la pedal steel guitare mais qui repose essentiellement sur la guitare électrique dont on entend de belles envolées sur de nombreux titres. Les chansons sont trop longues pour une diffusion radio et pour garder l’attention éveillée, d’autant que ce sont majoritairement des rythmes lents et relativement uniformes. C’est toujours le souci quand on a affaire à un auteur-compositeur. Lennon et McCartney étaient les champions de la diversité. Ils resteront uniques.
"Level Headed Even Smile"
Il est des albums qui vous laissent perplexe. Vous avez une dizaine de lignes à écrire et vous manquez d’imagination pour parler d’un chanteur au vocal certes agréable mais qui privilégie les tempos paisibles et modérés. On reste en plaine avec la pedal steel guitare et on ne franchit pas de cols. Seule une petite colline se présente avec Lawn Chair qui pousse les jambes à frétiller modérément. Pas de quoi lui décerner le titre d’album du trimestre.
"Country Parables"
Un petit fils de Conway Twitty? Car le véritable patronyme du chanteur aux quarante n°1 est Jenkins. Mais apparemment non car l’ex-rocker est originaire du Mississippi et a grandi en Arkansas alors que ce Grayson arrive du Kentucky. Voici un album tout simple enregistré sans fioriture mais pas sans intérêt. Une country paisible qui rappelle parfois Don Williams. J’ai surtout apprécié Grand Slam avec son accordéon et Old Trails avec un violon que l’on ne retrouve que sur un seul autre titre. De l’americana paisible teinté country.
"Lost And Found Highway"
Un faux duo. En effet seule une voix féminine se fait entendre, Joselyn donc. Don ne participe que de très loin pour de discrètes harmonies vocales. Il ne s’agit pas de country. Les anglo-saxons emploient le qualificatif de "easy listening" pour ce genre de musique paisible qui peut vaguement laisser penser aux Mamas & Papas, voire à Abba. La reprise de Seminole Wind est intéressante par le fait qu’elle s’écarte radicalement de la copie, mais musicale-ment et vocalement elle n’a pas la profondeur de l’original de John Anderson.
"That’s Love"
Voici un album qui plaira à plus d’un lecteur du Cri par sa diversité de styles et qui va le balader au gré des sons qui composent ce que l’on appelle désormais l’americana. Du latino en ouverture au bluesy qui met le piano en valeur en passant par le cajun, Mose Wilson emprunte davantage à la soul qu’à la country. Le violon pourtant est souvent présent et l’on croit reconnaître au détour d’une chanson l’influence des Everly Brothers ou de Don Williams. Le dobro assure la vedette sur sa reprise du Amos Moses de Jerry Reed, swampy à souhait. Une immersion dans le Sud profond entre le Tennessee et les bayous de Louisiane.
"Rhinestone Requiem"
Sunny Sweeney est devenue au fil des ans et des albums une figure emblématique de la country classique et par là même, de la scène texane. Son premier album, Heartbreaker Hall Of Fame, paru en 2006 (près de vingt ans déjà), dévoilait toutes ses promesses avec notamment une reprise du 16th Avenue de la grande Lacy J. Dalton. Trop country pour Nashville, ses albums successifs abordaient parfois la country moderne mais Sunny ne s’est jamais éloignée de la tradition pour autant. En témoigne ce septième album qui démarre au rythme du honky tonk pour enchaîner sur du rock and roll avec Diamonds And Divorce Decrees. Country-rock et honky tonk se succèdent ensuite sans temps mort jusqu’au slow final, bien classique et seul titre lent de cet album que je n’hésite pas à considérer comme l’album country de l’année à déguster sans modération. Évidemment le violon et la pedal steel guitare vous accompagnent tout au long des dix chansons. La country traditionnelle n’a plus sa raison d’être dans le Tennessee mais si le monde tournait enfin rond ce ne seraient pas les nymphettes de Nashville qui se disputeraient l’award de chanteuse country de l’année.
"Neon Cowgirl"
Tami Neilson, on la remarque d’abord par l’outrance de sa coiffure version pin-up des an-nées 50 caricaturée et à épingler dans la cabine d’un chauffeur routier. On ne fait pas plus rock and roll ou vintage pour employer un terme à la mode. Mais n’en espérez pas pour au-tant un ersatz de Wanda Jackson et par là même un pur album de rockabilly. Il n’y en a pas. Tout juste un rock and roll (Heartbreak City, USA) qui est du reste le seul titre à bénéficier d’une pedal steel guitare. En revanche il y a plusieurs titres de rock lourd qui ont du mal à passer. Je préfère très nettement les deux ballades "orbisonesques" dont l’une (Foolish Heart) est un hommage à la période crooner du rocker aux lunettes noires, façon It’s Over et sur laquelle le vocal puissant de la Néo-Zélandaise d’adoption fait merveille. Un bon album americana si vous enlevez quatre titres qui font mal aux oreilles.
"Enemy Of My Enemy"
Catherine Britt est une chanteuse Australienne de country qui a sorti plusieurs albums solo avant d’en enregistrer deux avec un autre artiste des antipodes, Lachlen Bryan. Et ces deux albums de duos sont parus sous l’étiquette The Pleasures. Si l’ouvrage précédent pouvait être considéré comme country ce n’est plus le cas avec ce dernier opus qui verse carrément dans le pop-rock indigeste pour mes oreilles. Deux ballades peuvent être écoutées avec mansuétude mais le reste de l’album vous rappellera peut-être l’époque de ces groupes de pub-rock qui jouaient dans les arrières-salles de pubs dans les seventies.
"Snipe Hunter"
Tyler Childers a commencé sa carrière par la country moderne et a décroché quelques accessits à Nashville, ce qui lui a permis d’enregistrer une demi-douzaine d’albums depuis son premier, paru alors qu’il n’avait que dix-neuf ans. Il a aujourd’hui trente-quatre ans et s’est éloigné de la country au profit d’une musique quelque peu déjantée empruntant autant au rock (le titre en ouverture aurait très bien convenu aux Rolling Stones) qu’au punk ou au courant alternatif/americana. Déjà son vocal atypique et au bord de la fêlure surprend un peu. Childers est un artiste anti conformiste à ranger du côté de Chris Stapleton, voir de Lyle Lovett, et qui devra trouver son public. Au-delà de la country bien sûr.
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