vendredi 17 juin 2011

Jubal Lee Young: Le rebelle nouveau est arrivé

Jubal Lee Young: Take It Home (Reconstruction Records / CD Baby)
http://www.juballeeyoung.com/


Voici un disque qui m'a laissé perplexe à la première écoute. Jubal Lee Young est, je le rappelle, le fils de Steve Young (et de Terrye Newkirk; ah! "My Oklahoma",) et s'était attaché jusqu'à présent à n'interpréter que ses compositions à l'exception de trois ou quatre titres (dont un de papa et un de maman).

J'attendais de lui qu'il continue à se démarquer de son père, auquel il est difficile de ne pas penser. Et voici que "Take It Home" débute par "To Satisfy You", certes une composition de Waylon Jennings, mais aussi la chanson titre d'un album de Steve Young. Deux titres passent (dont la superbe ballade "Angel With A Broken Heart") et arrivent deux reprises de Daddy (dont le célèbre "Renegade Picker" - pas un hasard, ce choix, vous comprendrez pourquoi plus loin). Manque d'inspiration sans doute.

Et puis c'est le grand coup de massue. "Don't You Dare Love Her", semble sortie du répertoire de Merle Haggard, Harlan Howard ou Buck Owens. Eh bien non! C'est une composition de JLY, la meilleure chanson country du 21ème siècle. Si vous ne me croyez pas, écoutez (si vous me croyez, vous aurez déjà écouté sans lire le reste de la chronique). Tout est là: un amour impossible, un amoureux perdant d'avance, un harmonica lancinant pour l'ambiance, une steel guitare larmoyante, et des voix, celle de Jubal et les harmonies féminines, au sommet de leur émotion. Larmes garanties dans les chaumières, mais qu'il est doux de pleurer ainsi.

À partir de là, on écoute le disque d'une autre façon et des morceaux comme "You Only Call Me" (une reprise) ou "Have You Met Me?" ne font que renforcer l'idée que l'on a affaire à un très grand disque country. En fait, la clé se trouve dans le dernier titre dont l'énoncé suffit à tout comprendre: "There Ain't No Outlaws Anymore". "There ain't no outlaws anymore / Breaking all the rules and kicking down the door / It's the same old song we've all heard before".

La chronique commence alors à prendre forme dans ma tête. Jubal Lee Young a décidé d'assumer son statut, d'accepter d'être le brillant successeur, non seulement de ses parents, mais aussi de tous ces outlaws dont l'héritage à été dilapidé, aseptisé, par la machine à laver nashvillienne. La lecture ultérieure des notes de pochette du disque (qui ne figurent pas sur la pochette mais sur le site web de l'artiste) ne fait que confirmer mon point de vue puisque c'est dans les grandes lignes ce qu'écrit Jubal Lee Young.

La musique country a besoin de ces rebelles, de ces renégats, de ces hors-la-loi dont il a décidé, faisant fi des inévitables références à son père, de devenir le porte-drapeau. Ce n'est qu'un (superbe) début, qui continuera le combat?

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