vendredi 8 octobre 2010

Forest Sun: coup double

Deux disques parus en même temps, semblables et différents, complémentaires en fait. Forest Sun est un artiste aux multiples talents qui, sur le plan musical, refuse de s'enfermer dans un genre.

Avec Ingrid, son épouse et partenaire, il a conquis le public du Cinéma Jean Vigo, le 8 septembre dernier.

Cette double chronique est parue dans Xroads #32.

FOREST SUN
Harlequin Goodnight *****
So Nice ****
Painted Sun Records / CD Baby
Des mots peints

Ces deux disques sont parus déjà depuis un certain temps, en 2008 précisément. Deux ans que je les écoute, les retourne, sans savoir vraiment comment les aborder. La page blanche est en l’occurrence née d’une trop grande richesse du personnage et de son œuvre. Voici un Californien séduisant, au pseudo et au physique tout droit sortis d’une de ces séries TV à rallonge dont les vagues du Pacifique sont le principal décor. Tout pour déplaire a priori. Et l’on s’aperçoit que Forest Sun est son vrai prénom (son patronyme est Schumacher), qu’il ne se contente pas de chanter, qu’il est aussi peintre, sympathique et généreux, passionné de trekking et, pour couronner le tout, "access consciousness facilitator". Bref quelqu’un qu’il n’est pas facile de faire tenir dans une chronique, surtout quand il nous gratifie de deux disques en même temps, proches et différents pourtant.
"Pourquoi deux disques en même temps ? Les chansons le demandaient ! J’avais trop de titres pour un seul disque ; ils voulaient tous naître et refusaient d’attendre. Pendant que nous travaillions en studio, ces deux albums se sont forgé chacun une existence propre".
Autre difficulté : il est impossible de faire entrer Forest Sun dans une petite boîte, de lui mettre une étiquette. On l’a comparé à Van Morrison, à Jack Johnson, à Ben Harper, mais il est en fait inclassable, trop riche, trop talentueux. Ces deux disques le confirment. Vingt-deux titres en tout et pas un moment faible. Une voix et des mélodies qui accrochent vite, des guitares qui claquent, entre acoustique et électrique, lumineuses, et des textes ciselés comme avec la pointe d’un pinceau. La plupart des morceaux ont été enregistrés en une prise et, comme Forest Sun le dit lui-même, il a régné comme une forme de magie lors de la réalisation de "Harlequin Goodnight" et "So Nice".
Le premier est sans doute plus près des racines folk, avec des accents pop, des arrangements portés ça et là par un violoncelle ("Harlequin Goodnight") ou un dobro ("High And Low") ; les participations vocales de Zack Blizzard, Larkin Gayl ou Sean Hayes ajoutent encore à la beauté de l’ensemble.
Le second, plus rythmé, a un côté plus exotique (world ?) avec des accents reggae ou jazzy, une batterie, une trompette ou un orgue Hammond plus présents. Un titre comme "Trampoline", avec encore Larkin Gayl, est une pure merveille.
En résumé, ce sont deux disques dont on ne peut découvrir toutes les richesses (à supposer que cela soit possible) en qulques écoutes. Depuis, Forest Sun a publié "Just For Fun", un disque pour enfants conseillé aux parents (que je n’ai pas encore eu le plaisir de découvrir). La meilleure nouvelle, cependant, c’est que ce Californien de San Francisco, accompagné de sa compagne Ingrid Serban aux harmonies, viendra nous rendre visite prochainement. Il paraît que c’est sur scène qu’il est le meilleur. Alors rendez-vous début septembre à Calais (La Mauvaise Herbe, le 2) et à Gennevilliers (Cinéma Jean Vigo, le 8).

À ranger entre Elam Blackman et Sean Hayes. Et juste à côté des deux volumes de "Songs For Laura", produits par Forest Sun pour la recherche sur le cancer, avec la participation de nombreux artistes de grand talent.

Sam Pierre

1 commentaire: