vendredi 21 novembre 2025

Du Côté de Chez Sam, par Sam Pierre

 

Marisa YEAMAN

"Weather The Storm" 

Marisa Yeaman est australienne, a partagé la scène avec quelques-uns des plus grands (Tom Russell ou Chris Smither par exemple), a traversé les océans pour trouver une terre d'accueil aux Pays-Bas avant de trouver refuge dans un village français, près de Semur-en-Auxois, jolie petite ville de Bourgogne. Elle a publié trois albums, Pure Motive (2006), Roadmap Heart (2008) et Voices From The Underground (2012), démontrant qu'elle est une autrice-compositrice qui compte, entre folk et rock, blues et jazz. Elle est également plasticienne et a publié un premier livre en 2019. Si elle ne s'est jamais éloignée de la musique, il a fallu attendre treize ans pour son quatrième opus, Weather The Storm qui comble celles et ceux qui l'ont attendu pendant tout ce temps. Elle n'a pas oublié ses attaches musicales néerlandaises, et on ne peut que lui donner raison quand on sait que c'est l'excellent Bart-Jan "BJ" Baartmans (bien connu des fans de Iain Matthews et de Matthews Southern Comfort) qui a été chargé de la mise en son de l'album (en plus de la production, il joue toute une ribambelle d'instruments: guitares acoustiques, électriques et 12-cordes, mandoline, dobro, guitare baryton, bouzouki, piano, basse, sitar électrique, harmonica blues, plus quelques harmonies vocales). Les autres musiciens viennent aussi du pays des tulipes et de Van Gogh (que je ne cite pas par hasard car Marisa avait été chargée de composer une chanson pour le musée consacré au peintre à Amsterdam): Rob Gaboers aux claviers divers et à l'accordéon), Tim Baartmans (guitares basses), Sjoerd Van Bommel (batterie et percussions) et Marie-José Sonneveld Didderen (violoncelle). Marisa se charge du reste, armée de ses guitares acoustiques, elle chante (fort bien) les onze titres qu'elle a écrits et composés. Quelques notes de guitare acoustique, une voix qui scande one, two, et c'est parti pour Love Is The Gold, une ode à la vie et la nature de toute beauté. La voix est pleine de sensibilité (avec celle de BJ qui répond sur le refrain), les arrangements au rythme chaloupé sont pleins de finesse et mettent pleinement en valeur la composition. Le titre suivant, Mansion On The Hill (au texte très émouvant, à propos de la maladie d'une personne chère) met en valeur Rob Gaboers à l'orgue Hammond B3 et l'on sait dès lors qu'on a affaire à un disque parmi ceux qui vont compter en cet automne. The Distance est autobiographique et montre que le choix de Marisa de vivre désormais dans un autre fuseau horaire, pas loin de Paris, ne l'empêche pas de penser à ceux qu'elle a laissés aux antipodes, concluant ainsi: "So think of me when the sun fades, you know I'm not really that far away and the distance could never keep us apart" ("Pensez à moi quand le soleil se souche, vous savez que je ne suis pas vraiment si loin et que la distance ne pourrait jamais nous séparer"). On retrouve aussi le thème de l'éloignement dans Innocent Beauty, un peu plus loin. Je ne vais pas entrer dans le détail de tous les titres qui sont pour la plupart sur un tempo modéré, avec parfois une orchestration plus rock (It's A Long Road, Hold On To Me). Je citerai quand même le bien beau Vermeer's Cloud (auquel le violoncelle et la mandoline confèrent une dimension presque visuelle), preuve de l'attachement de Marisa au pays d'Europe qui l'a accueillie, Weather The Storm, un véritable plaidoyer pour une vie où la gentillesse et l'amour sont les meilleures armes pour affronter la tempête, ou encore The War Is Raw. Le disque se termine par un autre moment de grande beauté (avec harmonica et dobro en évidence), Born Innocent ("Nous sommes tous né innocents dans ce monde, nous sommes tous du même sang") qui ferme la boucle en renvoyant à Love Is The GoldMarisa chantait: "Le cœur humain est né innocent, pourquoi ne le voyons nos pas?". Achetez ce disque qui est pour moi l'un des tous meilleurs du moment. Et surtout, lisez le livret (à défaut, consultez les paroles sur Bandcamp) et vous comprendrez comme moi que Marisa, remarquable chanteuse folk, avec ce qu'il faut de blues dans sa voix, compose et écrit comme peu savent le faire et conclut ses notes de pochette par ce souhait: "May love learn to raise it's voice louder than hate" ("Puisse l'amour élever sa voix plus fort que la haine").


 

 

John GORKA

"Unentitled" 

Le 9 novembre 2006, lors d'un concert organisé par Hervé Oudet et Acoustic In pAris, ce dernier m'avait remis un disque de John Gorka que je ne connaissais pas encore. Dix-neuf ans plus tard, à deux jours près, John donnait son premier concert en France, à l'initiative du même Hervé. L'homme a quinze albums en solo à son actif, auxquels il faut ajouter celui qu'il a publié sous le nom de Red Horse avec Eliza Gilkyson et Lucy Kaplansky. Dix-neuf ans que j'écoute ce songwriter du New Jersey (qui vit dans le Minnesota), dix-neuf ans sans l'ombre d'une déception. Unentitled est son nouvel opus, riche de dix compositions originales dont une, (Particle & Wave) figure en deux versions et de Harris And The Mare, chansons du regretté Stan Rogers dont on ne louera jamais assez la qualité de l'œuvre, hélas trop vite interrompue. John nous invite, de sa voix chaude et légèrement éraillée, à parcourir ces chemins musicaux que lui seul connaît. Favorite Place, A Light Exists In The Spring, First Snow On The Mountain, Welcome Home, ces titres parlent d'eux-mêmes. Il y a aussi No Time To Cry, Give Us Back Our Water ou encore Hope Doesn't Fall dont les mélodies finement ciselées nous emplissent de bien-être. Si John Gorka est très convaincant seul avec sa voix et sa guitare acoustique, il sait aussi bien s'entourer. JT Bates (batterie et percussion), Dirk Freymuth (guiares électriques), Rob Genadek (production et programmation de la batterie), Don Richmond (Weissenborn et mandoline), Joel Sayles et Enrique Toussaint (basses), Jeff Victor (claviers divers) et Russ Rentler (mandoline) sont les partenaires pour cet album. Il y a aussi les voix d'Elisa Gikyson, Lucy Kaplansky, Kathleen & Rhonda Johnson, Alice Pecock et Don Richmond qui complètent le casting. John Gorka a séduit le public du Café du Village à Paris, le 11 novembre, et nombreux sont les spectateurs qui sont partis, Unentitled à la main et le sourire aux lèvres. 




 

 

Amy SPEACE

"The Blue Rock Session" 

Amy Speace n'est pas nouvelle dans notre paysage même si elle n'a pas souvent l'honneur des gazettes. Je me rappelle cependant avoir chroniqué en 2016 le disque sans titre du trio Applewood Road qu'elle formait avec Emily Baker et Amber Rubarth, le qualifiant de pur délice (Le Cri du Coyote n°148). Actrice shakespearienne de formation, Amy, originaire de Baltimore, MD, et établie à Nashville, TN, est loin d'être une novice puisqu'elle a publié dix LP et deux EP de Space en 2002 à The American Dream en 2024. En juillet 2025, elle était en résidence pour une semaine d'écriture au Blue Rock Ranch & Studio à Wimberley, TX. Le lieu a inspiré Amy puisqu'à la fin de la semaine elle avait écrit six nouvelles chansons, guidée par le seul plaisir d'écrire, sans objectif de disque à publier. Bénéficiant aussi de quelques heures de studio avec un ingénieur du son, elle décida, armée de sa Gibson J-45 de 1956, d'enregistrer ses nouvelles compositions, y ajoutant quelques anciennes et, en trois heures, onze titres étaient en boîte, en une ou deux prises, à l'ancienne, dans une configuration proche de celle qui est la sienne sur scène ou elle est souvent seule avec sa guitare ou son piano. Cette session permet de constater qu'Amy est une véritable chanteuse folk, avec une voix qui n'est pas sans rappeler Joan Baez ou Judy Collins. Cela a d'ailleurs été un handicap pour elle à ses débuts alors que, paradoxalement, c'est Judy qui l'a signée sur son propre label après l'avoir entendue en 2005. The Blue Rock Session présente donc onze titres. Certaines chansons sont nouvelles: On A Monday In London, God Came To Me, In This Home, Dream Of The Hawk, Out Of The Blue, I Found A Halo (qu'Amy avait commencé à écrire en 2016 avec Robby Hecht), The Mother. Weight Of The World (coécrit avec Jud Caswell et Jon Vezner) avait été enregistré par Judy Collins sur son album Paradise mais Amy ne l'avait publié qu'en titre caché sur The Killer In Me. The Sea And The Shore (coécrit avec Robby Hecht) était paru sous forme de duo (superbe) avec John Fullbright sur How To Sleep In A Stormy Deep. Les deux derniers titres avaient été publiés sur Me And The Ghost Of Charlemagne en 2019. il s'agit de Both Feet On The Ground et Kindness, une composition de Ben Glover. Ce disque inattendu et spontané est un véritable moment de plaisir, j'aurais pu dire même un pur délice, si je n'avais déjà employé ce qualificatif pour Appleweed Road. Amy Speace écrit des chansons poétiques, avec des textes inspirants et des mélodies qui accrochent. Elle les chante aussi à merveille, en toute simplicité. Que demander de plus?


 

 

Tom RUSSELL

"Mount Olive" 

Cela faisait plus de six ans que Tom Russell était silencieux, depuis October In The Railroad Earth. Il revient avec un nouveau disque Mount Olive qui pourrait être un peu frustrant dans la mesure où il ne comporte que huit titres et dure moins de vingt-cinq minutes. Le côté positif est que l'on peut l'écouter deux fois de suite, voire plus, tellement la qualité est au rendez-vous. Le disque est co-produit par Tom Russell et Mark Hallman. Ce dernier joue de la guitare, de la basse, des claviers, de l'harmonica et chante les chœurs. Avec Bill Kirchen à la guitare, Jack Saunders à la basse et Rick Richards à la batterie, cela ressemble à une dream team à laquelle s'ajoutent Jacqui Sharkey (voix sur Into The Wild) et Josh Baca (accordéon sur Salt On The Rim et Where The Cows Turn Their Backs To The Wind. La voix de Tom n'a pas changé avec les années et son sens de la mélodie est toujours aussi imparable, sans artifice. Pour paraphraser, je dirai qu'il y a juste trois accords et la vérité, celle qui est née des années passées sur la route, celle qui fleure bon la poussière et le soleil du sud des États-Unis (même si Mount Olive est dans l'Illinois). Le premier titre, I Grew Up On Western Movies, aux accents autobiographiques et à la mélodie familière, donne le ton. 1946 Martin D-18, Where The Cows Turn Their Backs To The Wind et Kindred Spirits (The Choctaw Song) confirment que Tom peint aussi bien avec les mots qu'avec un pinceau et, en fermant les yeux, on voit se dérouler le film des chansons en même temps qu'on les entend. Le valsant Into The Wild et le tex-mex Salt On The Rim ont ma préférence, mais les deux titres que je n'ai pas cités, Landed On Your Feet Again (avec une belle partie d'harmonica de Mark Hallman) et Mount Olive (mi-parlé, mi-chanté) ne déparent nullement l'ensemble. Mount Olive est un disque à consommer sans modération, en espérant qu'il ne faudra pas attendre un lustre pour le suivant. 


 

 

Various Artists

"It's All Her Fault - A Tribute To Cindy Walker"

  Eddie Clendening est le producteur, Deke Dickerson l'ingénieur du son et Grey DeLisle la productrice exécutive de cet hommage à Cindy Walker dont tout le monde connaît les chansons sans toujours savoir qu'elle les a écrites ou coécrites. Le casting (pour le chant), est exclusivement féminin: Katie Shore, Summer Dean, Kimmi Bitter, Amythist Kiah, Mozzy Dee, Rosie Flores, Kelly Willis, Brennen Leigh & Grey DeLisle, Melissa Carper, Mandy Barnett, Gail Davies, Jolie Holland, Ginny Mac se partagent le privilège d'interpréter des titres qui évoqueront beaucoup pour les amateurs de western swing, de Bob Wills à Asleep At The Wheel, mais pas seulement. Au rang des interprètes des chansons de Cindy, on compte aussi les Byrds, Johnny Cash, Ray Charles, The Cherokee Maiden (nommées d'après le titre d'une chanson de Cindy), Kathy Chiavola, J.D. Crowe & The New South, The Flying Burrito Bros, Merle Haggard, Emmylou Harris, Terri Hendrix, Waylon Jennings, Johnnie & Jack, George Jones, Caleb Klauder, Jerry Lee Lewis, Don McLean, Manfred Mann, Kathy Moffatt, Michael Nesmith, Old 97's, Roy Orbison, The Osborne Brothers, Webb Pierce, Elvis Presley, Ray Price, John Prine & Mac Wiseman, Marty Robbins, Junior Sisk, Ricky Skaggs, Teddy Thompson, The Time Jumpers, The Wainwright Sisters, Dareel Webb et même les Français de Westbound. La liste est longue mais ce n'est qu'une sélection. Willie Nelson lui a consacré un album entier (You Don' Know Me: The Songs of Cindy Walker) paru en 2006, neuf jours avant le décès de Cindy. Je ne vais pas vous citer toutes les compositions de cette grande dame qui ont fait le succès de leurs interprètes, mais juste quelques-unes présentes sur cet album: You're From Texas, Don't Talk To Me About Men, It's All Your Fault, You Don't Know Me, I Don't Care, Take Me In Your Arms, Dream Baby (How Long Must I Dream), The Warm Red Wine, Don't Be Ashamed Of Your Age. Cela suffit à faire comprendre que It's All Her Fault n'est pas seulement un disque hommage de plus, c'est véritablement une page d'histoire de la musique américaine, texane en particulier, du vingtième siècle.


 

dimanche 9 novembre 2025

Disqu'Airs par Dominique Fosse

 

LARKIN POE

"Bloom" 

Blood Harmony, le précédent album de Larkin Poe, leur avait valu en 2024 le Grammy Award du meilleur album de blues contemporain, récompense qui a, par le passé, consacré des artistes comme Robert Cray, Stevie Ray Vaughan, Buddy Guy ou Keb' Mo'. J’avoue que j’ai un peu de mal avec Bloom, le nouvel album de Larkin Poe. C’est du blues rock caractérisé par un gros son avec de la distorsion sur la guitare de Rebecca Lovell et la lap steel de sa sœur Megan. C’est comme d’habitude Rebecca qui chante. Pas mal mais elle n’a pas la puissance pour vraiment envoyer ce genre de chansons et, souvent, elle force trop sa voix. Peu d’harmonies vocales dans Bloom alors que c’est un des points forts de ces artistes qui ont grandi à l’école du bluegrass (avec le groupe Lovell Sisters). Les quatre titres que je préfère sont ceux où Rebecca chante de façon naturelle, sans forcer: If God Is A Woman, Pearls (pourtant un des titres les plus rock de l’album), Little Bit (un blues avec un chant plaintif qui convient beaucoup mieux à Rebecca) et surtout la ballade lente Bloom Again chantée à deux voix sur un élégant arpège de guitare…


 

 

I’M WITH HER

"Wild and Clear and Blue" 

Wild and Clear and Blue est le second album du trio I’m With Her, sept ans après See You Around. Le groupe est composé de trois chanteuses multi-instrumentistes qui se sont fait connaître par le bluegrass. Aoife O’Donovan était la chanteuse de Crooked Still. Sara Watkins s’est révélée très jeune comme violoniste et chanteuse du trio d’adolescents surdoués Nickel Creek. De son côté, Sarah Jarosz a sorti sept albums solo en 15 ans dont le premier à 18 ans avec Jerry Douglas, Stuart Duncan et Chris Thile. Leur musique peut être qualifiée de folk moderne (un album dont une chanson s’intitule Rhododendron ne peut être que folk), dominée par les superbes voix des trois chanteuses. Sarah et Aoife ont des timbres très purs, des voix qui se ressemblent et leurs passages en duo (Ancient Light, Different Rocks Different Hills) ont la même magie que si elles étaient sœurs. Les trois voix se confondent dans l’aigu (Standing on the Fault Line) mais dans les mediums, Sarah a une très légère cassure qui la rend identifiable. Elle a aussi une prodigieuse agilité vocale (Year After Year). Les trois jeunes femmes ont écrit ensemble les dix chansons de Wild and Clear and Blue. Il y a de très jolis motifs de fiddle (Sara Watkins) pour enluminer Ancient Light, Wild and Clear and Blue et Mother Eagle. Le banjo clawhammer de Sarah Jarosz rythme Different Rocks Different Hills et sa mandoline est en évidence dans Find My Way Home. Un très joli album. 


 

 

Molly TUTTLE

"So Long Little Miss Sunshine" 

Cri du 💚   

À la sortie de So Long Little Miss Sunshine, de nombreux amateurs de bluegrass se sont sentis trahis par Molly Tuttle. Avec Billy Strings, elle était devenue en une demi-douzaine d’années la nouvelle star du genre avec de multiples récompenses IBMA (guitariste, chanteuse, chanson, album de l’année) et même deux Grammy Awards pour chacun de ses derniers albums, Crooked Tree (cf. juillet 2022) et City of Gold (septembre 2023). Sentiment d’abandon accentué parce que la parution de So Long Little Miss Sunshine a aussi correspondu à la dissolution de son groupe Golden Highway, un des plus talentueux (et le plus sexy) de ces dernières années. Ce serait oublier un peu vite que, si la formation de Molly s’est faite par le bluegrass, elle avait sorti avant Crooked Tree et City of Gold deux disques qui n’avaient rien de bluegrass (When You’re Ready et l’album de reprises But I’d Rather Be With You) et un EP (Rise) qui ne l’était que très partiellement. Quant au split de Golden Highway, il était sans doute inévitable avec le succès des albums solo de Brownyn Keith-Hynes et Shelby Means et la sortie prochaine de celui de Kyle Tuttle. A part I Love It, reprise du duo suédois Icona Pop (ne vous inquiétez pas, moi non plus je ne connaissais pas – j’ai écouté l’original, c’est très différent de ce que Molly en a fait), la jeune artiste californienne a écrit toutes les chansons, la plupart avec Ketch Secor (Old Crow Medicine Show), les autres avec Kevin Griffin (chanteur de Better Than Ezra, je ne connais pas non plus). A côté de chansons sentimentales, il y a cinq titres très intéressants par leur texte. Everything Burns et Summer of Love (avec une double évocation des Beatles dans le refrain et le pont) traite de l’état du monde actuel et de son évolution. Rosalee est une murder ballad (plus rock que ballade en fait) avec un point de vue décalé (pour une fois, ce n’est pas un féminicide). Deux textes sont beaucoup plus personnels, Story of My So-Called Life et Old Me (New Wig) dont le refrain a donné son titre à l’album. C’est une chanson de rupture de Molly avec elle-même qui pourrait aussi évoquer l’évolution de sa musique (mais je suis persuadé qu’elle reviendra au bluegrass à l’avenir). Musicalement, l’album est complètement dominé par la guitare acoustique de Molly. Elle joue toutes les intros et tous les solos, sur fond de batterie, basse et claviers (beaucoup de B3). Le fiddle et la mandoline de Ketch Secor sont relégués au second plan, voire à peine audibles. Seul son harmonica surnage dans Old Me (New Wig). La moitié des titres est assez rock avec une bonne touche pop donnée par la reverb sur la voix de Molly. Les parties de guitare sont excellentes dans The Highway Knows, That’s Gonna Leave A Mark et Old Me (New Wig). Dans Rosalee, Molly utilise sa technique clawhammer adapté à la guitare qui a en partie fait sa réputation et dans Everything Burns elle recycle magnifiquement des plans de hard rock. Le monde du bluegrass pleure peut-être Molly Tuttle mais celui de la musique rit toujours.