Happy TRAUM
(Strictly Country Records SCR-97)
Harry "Happy" Peter Traum (né dans le Bronx en 1938) découvre la scène folk de Greenwich Village au début des Sixties. Cette fascination pour ce monde de musique et de liberté ne le quittera plus! En 1962 il participe à l’élaboration du LP Broadside Ballads pour Folkways Records aux côtés de Phil Ochs, Bob Dylan et Gil Turner. Avec son groupe, les New World Singers, Happy chante une première version de Blowin’ in the Wind d’un certain… Blind Boy Grunt! Avec son frère Artie il grave un premier disque pour Capitol en 1969. Son talent de guitariste est vite reconnu et Happy s’installe durablement parmi les grands du folk, au même titre que Dave Van Ronk ou Tom Paxton. Il nous quitte en juillet 2024, après une vie passée "sur la route", jonchée de succès et d’épreuves, faisant rimer déboires avec victoires, en y mêlant sourires et bienveillance… Ce gentleman élégant retrouve John Prine et David Olney dans un monde "soi-disant" meilleur! On doit ce live en Hollande (2017) à Pieter Groenveld pour Strictly Country Records et la qualité de l’enregistrement mérite un grand coup de chapeau! Happy Traum propose une douzaine de titres savamment équilibrés, puisant chez Woody, Pete Seeger ou Dylan, sans négliger Charlie Poole, Norman Blake ou Brownie McGhee. La connivence s’est installée sur la scène. De Pawn Shop Blues à Freight Train l’oreille reçoit les chansons comme autant de cadeaux. Il n’est pas interdit de fredonner… intérieurement! Son "country blues" à la guitare évoque Mississipi John Hurt, et sa voix chaleureuse emmène l’assistance sur un petit nuage. Les applaudissements, retenus jusqu’à la dernière note, témoignent d’une émotion sous-jacente et d’une parfaite connaissance du répertoire. Avec Make me a Pallet on your Floor le récital touche à sa fin et la magie demeure… Tout a été parfait: le public et l’artiste soudés par la même émotion. Cet enregistrement doit servir de référence aux débutants comme aux plus chevronnés. Avec sa guitare acoustique sans slogan vindicatif, Happy Traum était un grand connaisseur de cette "petite" musique blanche et noire qui nous tient tant à cœur. Un seul regret? Celui d’avoir loupé ce concert d’Alsmeer en octobre 2017. A l’époque Danny Adams m’en avait dit le plus grand bien ! (Alain Fournier)
"Sur les routes du Folk"
RDM Edition septembre 2025
Depuis le succès remporté en 1974 avec Wagawika le petit Indien, le Monsieur-qui-chante s’appelle Jacky Galou. Il est connu comme Pierre Chêne, Anne Sylvestre ou Henri Dès, pour être un chanteur… pour enfants. Ce n’est pas faux, mais c’est méconnaître l’immense répertoire de ce troubadour attachant qui se balade guitare à la main en proposant ses refrains pour toutes les oreilles. Les thèmes abordés sont principalement les routes (françaises ou américaines), l’amitié, les enfants et… les "cowboys"! Appellation qui désigne le Far West, les Indiens, les westerns, les chercheurs d’or, les chants de marins, les chemins de fer (avec les Lonesome Gamblers), les bandits de l’Ouest ou encore les trappeurs du grand Nord Canadien. Le rêve américain de cet amoureux de la langue française est alimenté par des traductions au plus près des standards légendaires made in USA ou irlandais, de Ole Joe Clark à Arkansas Traveller, tout en revisitant les chansons de Woody Guthrie et les ballades ancestrales de la folk Music. Le tout traité avec la même envie de bien faire et de transmettre sa passion pour la musique à un public bienveillant. Sa voix est un atout considérable: elle donne à ses interprétations une chaleur particulière, et les instruments utilisés (guitare, banjo, fiddle ou pedal steel) nous entrainent dans l’univers du Bluegrass cher à Bill Monroe. Ce dernier album Sur les routes du Folk est le reflet de sa musique et de son regard - sans nostalgie - sur un parcours qui a été plus qu’honorable pour ne pas parler d’une carrière savamment programmée. Les 12 chansons racontent des histoires. Celles de La jument grise et du Chat sur le port, mais aussi d’Amsterdam et des Voyageurs de la Gatineau qui veulent bâtir un chantier. Un conseil : "Surveille un peu ta montre Cap’tain Galou", ce train ne prend pas de voyageur, pas même solitaire et un tant soit peu bluesy… Cette voie de garage n’est pas faite pour les vrais hoboes! Avec un sac à dos et une guitare "pour faire l’artiste" Jacky Galou songe, dans les moments de doute, à réduire la voilure. La route a été caillouteuse mais riche en émotions. Il songerait à faire le point en quelque sorte et à jeter l’ancre pour de bon. Nous n’y croyons pas trop, et comme le chante Gauvain Sers en duo avec Anne Sylvestre: "Y’a pas de retraite pour les artistes". Alors… à la prochaine, Cowboy du macadam et des cours de récréations ! (Alain Fournier)
The GPs
Le label Strictly Country Record de Pieter Groenveld nous gratifie régulièrement de cartes postales musicales venues du passé. Les Britanniques de Talking Elephant Records nous offrent aujourd'hui l'enregistrement public d'un supergroupe dont le nom n'est pas passé dans la postérité: The GPs. Et pourtant, les artistes qui le composent sont fameux: Richard Thompson, Ralph McTell, Dave Pegg et Dave Mattacks, associés en qualité de groupe à l'occasion d'une réunion de Fairport Convention (dont faisaient partie trois d'entre eux) en aôut 1981. Les quatre hommes jouèrent en tout une demi-douzaine de concerts cette année-là, avant de se retrouver brièvement en 1997. Un CD des concerts de ce week-end fut publié confidentiellement en 1991. En 2023 Nigel Schofield entreprit de remastériser une paire de titres, les fit entendre aux musiciens et Ralph et Peggy (Dave Pegg) émirent le souhait que le même traitement soit appliqué aux autres titres. Passons sur les détails. Un autre enregistrement de septembre 1981 fit surface avec des versions alternatives des titres déjà publiés et, surtout, six inédits. Le résultat est ce CD qui comprend quatorze extraits du concert de septembre 1981, cinq des concerts d'août 1981 et un dernier provenant de la réunion d'août 1997. Quand on voit les noms de Richard et Ralph, deux des meilleurs auteurs-compositeurs anglais des six dernières décennies, on imagine que le répertoire s'est articulé autour de leurs chansons. Que nenni! Deux compositions de Richard (You're Gonna Need Somebody et Saturday Rolling Around), deux de Ralph (Zimmerman Blues et Barnes Morris, un instrumental), et c'est tout. Pour le reste, c'est un festival d'adaptations et de reprises du répertoire folk, blues et conutry; Pretty Boy Floyd de Woody Guthrie, Going, Going Gone de Bob Dylan, Honky Tonk Blues et I'm So Lonesome I Could Cry de Hank Williams, Together Again de Buck Owens. Je citerai encore Take A Message To Mary, I Fall To Pieces, Steel Guitar Rag et Save The Last Dance For Me pour les morceaux folk et country. Le rhythm & blues et le rock 'n' roll sont aussi à l'honneur avec (Come Right Here) I'm The One You Need, Don't Do It, Hang Up My Rock 'N' Roll Shoes (ces deux titres inspirés par les versions du Band sur Rock Of Ages) et, pour terminer, Lawdy Miss Clawdy et Cut Across Sorty. Le tout procure une bonne heure de vrai bonheur à l'auditeur, et l'on sent que les quatre comparses (plus le violoniste Mike Piggott sur les titres de septembre 1981) se sont fait plaisir en sortant de leur zone de confort. Bien sûr, ne vous attendez pas à la perfection technique des enregistrements publics modernes, l'intérêt n'est pas là. À cet égard, je signale à qui cela intéresse, le disque en public de Ralph McTell et Dave Pegg, The Old Pals Act, qui vient de paraître. (Sam Pierre)
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