mercredi 26 décembre 2012

Destin tragique (1) - Billy Marlowe



On était en juin 1983 et Steve Satterwhite, ingénieur du son réputé, avait investi ses dernières économies dans son rêve: un studio d'enregistrement équipé d'un Scully 8-pistes, quelque part à East Village, Fourth Street.

Il lui fallait maintenant un artiste à enregistrer. Il passa donc une annonce et, trois jours plus tard, un type à la chevelure abondante, un carnet de notes garni de chansons à la main, poussa la porte.

Son nom était Billy Marlowe. Il avait 40 ans et sa vie n'avait pas été un conte de fées, loin de là. Elle l'avait conduit de l'Oklahoma, où il était né, à San Francisco, à Louisville et Baton Rouge, et même Bruxelles et Amsterdam, sans parler de la case prison où la drogue, l'alcool et, surtout, l'insoumission l'avaient mené.



Steve Satterwhite fut immédiatement convaincu par ce qu'il entendit et fit appel à quelques musiciens talentueux du secteur qui semblaient tous connaître Billy. Le nom le plus célèbre aujourd'hui était celui de Shawn Colvin et (voix) , mais il y avait aussi Stephen Gaboury (claviers), Jeff Golub (guitare), Kenny Kosek (violon), Tony Garnier (basse)… Bref, du beau monde.

Les arrangements, l'enregistrement, tout cela prit plus d'un an. Dix titres furent finalement mis en boîte, des cassettes et quelques 33 tours furent réalisés, sans véritable plan de promotion ou de large diffusion. "Show Me The Steps" était en fait une maquette élaborée, et tout resta en l'état. 


L'époque (encore une fois merci aux modes punk et disco qui ont tué la véritable création) n'était vraiment pas favorable aux poètes songwriters. Billy Marlowe faisait partie des meilleurs, et très peu de gens en prirent conscience. Un quart de siècle plus tard, avec l'évolution de la production indépendante de musique, les choses auraient vraisemblablement été bien différentes.

Billy retourna donc à l'anonymat, composant et chantant ses chansons, continuant à se battre avec la vie, qui lui donna cependant la joie de la paternité (une fille et un garçon), jusqu'à ce jour d'août 1996 où il mourut, à 53 ans.

Steve Satterwhite n'a pas oublié Billy Marlowe. Pas loin de 30 ans après le jour où tout commença, il donne enfin au monde la chance d'entendre "Show Me The Steps". Il serait dommage de s'en priver. De grands, textes, de belles mélodies, une voix qui vous prend dès les premières notes. Le son est assez caractéristique de ce que l'on entendait au début des années 80 et nous laisse le regret de de n'avoir pu feuilleter que le premier chapitre d'un livre qui s'annonçait passionnant.
 

Voici ce qu'à déclaré sa sœur: « Billy était un perpétuel optimiste, contre toute raison; il riait des ironies de la vie et les appréciait, même quand elles ne lui étaient pas favorables.  Il aimait et respectait ses parents; il était infiniment tolérant vis-à-vis des tours que lui jouait la vie; il aimait profondément ses enfants.  Il a vécu une vie difficile. Il était excessivement humble et excessivement talentueux. Quelques heures avant sa mort, il a dit à son fils Marlowe, “j'ai écrit quelques bonnes chansons.  Je suis prêt à partir”. »

Billy Marlowe "Show Me The Steps" - NewTex Records NT6000




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire