mardi 3 février 2009

Chuck Brodsky - Two Sets

À ceux qui ont la nostalgie du Dylan des années 60, je recommande Chuck Brodsky. Il a une voix, un talent de raconteur d'histoires et une qualité de jeu de guitare acoustique qui le placent parmi les meilleurs héritiers de Woody et Bob, aux côtés de John Prine ou Sammy Walker.

C'est aussi un passionné de baseball, mais dans ce domaine, en bon Français qui se respecte, je ne le suivrai pas.
Pour en savoir plus sur Mr. Chuck, 2 adresses: http://www.chuckbrodsky.com/ et http://www.myspace.com/chuckbrodsky


Cette chronique a été publiée dans Xroads #13

CHUCK BRODSKY ****
Two Sets
Waterbug
Le peintre des mots

Chuck Brodsky est né en 1960 à Philadelphia, ce qui l'a empêché de concourir pour le titre de "nouveau Dylan", challenge très en vogue vers 1970. Ce détail chronologique mis à part, il aurait été le mieux placé, aux côtés de John Prine et Sammy Walker pour l'emporter. Il a tout: la voix, les textes, un jeu de guitare très musical, auxquels il ajoute une passion pour le baseball (qui le poussa même à publier The Baseball Ballads en 2002). Il n'a longtemps été qu'un nom pour moi, quelqu'un que je me promettais d'écouter jusquà ce que je me rende sur son MySpace et que je télécharge (c'est payant) sa première œuvre enregistrée: Live From Spam City, à l'origine une cassette auto-produite datant de 1991. Depuis, 7 albums studio sont parus, tous de grande qualité, avant ce Two Sets sur Waterbug, label de l'ami Andrew Calhoun. En 25 chansons de sa plume, seul avec sa guitare, sur 131 minutes, Chuck revisite son répertoire (2 titres nouveaux seulement) et nous démontre l'étendue de son talent d'entertainer à l'humour acéré (cf. la dizaine de passages parlés ici présents ou "Armitage Shanks", l'un des titres inédits). Bien sûr, cela semble un peu long pour un néophite, bien sûr il est préférable de comprendre l'Anglais pour apprécier vraiment l'ensemble, il n'empêche que l'on a affaire à l'un des secrets les mieux gardés de la scène folk américaine, l'un des songwriters qui sortent du lot, l'un de ceux que je rêve de voir à la Pomme d'Ève (ah bon, c'est fini les concerts?) dont la dimension est parfaitement adaptée. Les thèmes qui lui tiennent à cœur sont tous présents: la destruction des cultures par la mondialisation ("Trees Falling"), le baseball ("Dock Ellis' No No"), la politique ("He Came To Our Town"), les droits civiques ("Dangerous Times") et quelques portraits pleins d'humanité dignes du peintre des mots qu'est Chuck. Mais c'est un tableau plein d'humour que je citerai pour terminer: "On Christmas I Got Nothing", petit chef d'œuvre d'humour juif ("But on Christmas I got nothing, 'cause we were Jews").

À ranger entre Live de John Prine et In Concert de Sammy Walker, pas loin de Radio de Chuck Brodsky, sans doute le meilleur disque pour aborder l'artiste.

Sam Pierre