mardi 17 avril 2012

Le Cri du Coyote #128


Il est paru. Passionnant, comme d'habitude. L'interview de Christian Séguret est un petit monument. J'ai appris beaucoup sur ce Monsieur, un grand musicien que je connaissais surtout de réputation.

Dans "Disqu'Airs", parmi d'autres, mes chroniques: Chip Taylor, Steve Parry, Randy Thompson, Otis Gibbs, Indio Saravanja, Charlie Parr, The Far West, JD Fox & Sunset Travelers, David Rodriguez, Darrell Scott, Rachel Harrington, BettySoo & Doug Fox (aka Across The borderline), Jenai Huff, Katy Boyd (solo et avec Marty Atkinson).

Il n'y a jamais eu autant de bonne musique... ni de bonne lecture, pour les deux mois à venir...

Abonnement: 27 Euros pour 1 an / 6 numéros (32 euros pour les bienfaiteurs) par chèque à l'ordre de "Le Cri du Coyote"

Le Cri du Coyote
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jeudi 12 avril 2012

Joe Phillips, le Chat Sauvage de Massena, NY

Joe Phillips ou la réalité de l'Art

Qu'ont en commun Randy Burns, Mark Brine, Tom Rapp (Pearls Before Swine), Ed Askew, Carolyne Mas, Tim Robinson, R.C. O'Leary, Shane Murphy, Bop Tweedie, Gary Hall, John Schindler, Paul Hubert, Jerry Short, Forrest Harlow, John Coster, Scott Severin, Bill Chinnock, Steve "Turbo" Thompson, Christian Parker? Le talent, bien sûr. Mais par dessus-tout, ils sont les amis de Joe Phillips et ont vu leurs oeuvres publiées ou distibuées par le label WildCat Recording Company. (photo ci-dessous: Tim Robinson, Joe Phillips, Mark Brine).


Nous sommes loin des majors et de leur souci de rentabilité, de leur gigantisme déclinant. WildCat Records est une petite structure et sa raison d'être, "the reality of art", résume parfaitement l'attitude de Joe vis-à-vis de la musique et du business, deux notions bien éloignées à ses yeux. Joe est une espèce d'extraterrestre, quelqu'un à qui la musique n'apportera jamais la fortune, mais plutôt des soucis et des moments de découragement. L'amour de l'art, voici ce qui l'anime depuis bien longtemps, depuis qu'il officiait comme ingénieur du son du légendaire label ESP Disk où il a connu Tom Rapp, Randy Burns et Ed Askew, qui sont restés, depuis plus de quarante ans, ses amis. L'amitié est le deuxième moteur de Joe Phillips. Tous les artistes qu'il produit ou distribue sont ses amis, et ce n'est pas Randy Burns (à droite sur la photo ci-dessous) qui va me démentir.


Carolyne Mas pourrait également témoigner. Elle eut son heure de gloire (en Europe surtout) dans les années 80, fut surnommée la Bruce Springsteen en jupons, avant de cumuler des coups du sort qui l'ont mise dans de grandes difficultés financières. Qui est là pour l'aider, rééditer certains de ses enregistrements? Joe Phillips! Mais Joe est un maniaque, quelqu'un qui ne se contente pas de transférer les vieilles matrices sur un nouveau support. Il retravaille, remet l'ouvrage sur le métier jusqu'à ce qu'il obtienne le son qu'il juge parfait, la chaleur du vinyle, comme par exemple pour "The Vinyl Collection" de Carolyne, déjà un collector avant même d'être disponible en format physique. Une petite visite chez WildCat Records s'impose (et il est fortement recommandé d'y faire ses emplettes - satisfaction garantie).

Mais Joe Phillips est aussi un artiste à part entière, un singer-songwriter qui a mis sa carrière entre parentèses pour mieux se conacrer à la musique des autres. On peu le voir ici, armé de son autoharpe, en 1993.


Joe Phillips (c'est un pseudo) a des ancêtres français qui ont traversé l'Atlantique il y a quelques siècles, a vécu au Québec et garde en conséquence un amour certain pour notre petit pays. Sans atteindre la gloire internationale, il s'était fait une jolie réputation de performer dans les années 80 et 90, produisant par ailleurs quelques albums aujourd'hui évidemment introuvables. Seul "Postcard From Nashville" était disponible en téléchargement jusqu'au début du printemps.


Un bien beau disque, comportant onze compositions de Joe ainsi que "Running After Love" de Melanie Safka. Le disque est sous-titré "1985-2009" et cela illustre bien la façon de travailler de Joe Phillips. Je ne connais pas la version originale du disque, mais cette édition de 2009 est une véritable réussite.

Mais les amis de Joe en veulent plus (j'en fais partie) et ne cessent de lui réclamer de nouvelles rééditions. Ils ont enfin été (partiellement) entendus et, en ce mois de mars 2012, est apparu "Northern Towns", initialement publié au début des années 90, et grandement enrichi de titres bonus.


Et là je dis - et même j'écris - et je pèse mes mots: "attention, chef d'oeuvre"! "Northern Towns" est très différent de "Postcard", dique enregistré avec un petit groupe. Ici, Joe est pratiquement seul: un tambourin sur un titre, une basse sur un autre, un duo vocal sur un troisième. Le reste est 100% Joe Phillips, du moins pour l'interprétation car, pour la circonstance, Joe fait largement appel à d'autres songwriters, célèbres ou non: Tom Russell (le morceau titre est une de ses compositions que Tom n'a publiée que sur une obscure compilation), Bob Dylan Leonard Cohen, Neil Diamond, Elton John & Bernie Taupin, Bob McDill, Cormac McCarthy (not the writer), Barbara Keith et même Billie Holliday.

Au long des 17 plages, on découvre un interprète sensible, qui nous délivre un folk teinté de soul, profondémént original, qui se démarque sans difficulté des interprètes originaux.Écoutez par exemple ce qu'il fait sur "John Brown" de Bob Dylan. Plus qu'étonnant, captivant!

Les compositions originales ne sont pas en reste: "It Ain't Over", "China Wheel", "The Old Fishin' Hole" (en duo avec Alexander Delorenzo), "Survival" le prouvent. Et la version live de "Milltown Saturday Night", son morceau fétiche est absolument superbe.

Un petit mot sur la qualité sonore du CD qui démontre l'excellence de Joe Phillips quand il coiffe sa casquette d'ingénieur du son et de producteur. Le disque est simplement parfait, le son est chaud, c'est simplement l'ami Joe qui chante et joue à côté de vous, rien que pour vous. Un pur plaisir. À offrir, à s'offrir!